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L'Irlande doit être l'un des rares pays où une fête d'ampleur nationale est née entre les pages d'un roman.
Chaque année en effet, le 16 juin, le pays célèbre le Bloomsday en l'honneur de Leopold Bloom, héros du mythique Ulysse de James Joyce.
16 juin 1904: c’est cette date dans la vie de Leopold Bloom que raconte Ulysse de James Joyce. Un roman vertigineux qui a rendu cette journée inoubliable.
Le 16 juin est devenu au fil du temps une fête fameuse au cours de laquelle les passionnés de Joyce, les amoureux de littérature et l’Irlande tout entière célèbrent Ulysse. Le Bloomsday est désormais la fête irlandaise la plus célèbre après la St Patrick. Ce jour-là, il est de coutume de partir sur les traces de Leopold Bloom à travers Dublin, de manger les mêmes choses que lui (ah, les rognons au petit-déjeuner !), de chanter ses chansons préférées... si possible en portant une tenue 1900. Et puis bien sûr, c’est le jour idéal pour se plonger dans Ulysse.
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Un rayon de lumière trouve son chemin à travers les branches hautes – or scintillant, éclat mouvant, grâce.
Voilà l'effet que produit la lecture de La voix de la rivière, un livre qui vous éclabousse de lumière et de beauté.
L'histoire pourtant est tragique mais elle est racontée depuis la vie, la vie têtue, invincible et toujours réinventée. Melanie Rae Thon est une écrivaine rare et trop méconnue. Elle écrit comme chantent les oiseaux, depuis la frontière entre les mondes. La pureté de sa langue, le lyrisme qui y pulse, la limpidité de la construction font de ce roman un instant suspendu.
Comme dans Iona Moon, Melanie Rae Thon raconte des vies âpres et poignantes, marquées de deuils, d'arrachements, de violence sociale. Et pourtant "ceux qui espèrent survivent", et même les destinées les plus tragiques ont leurs épiphanies d'amour et de perfection. Dans ce coin perdu des États-Unis, il y a des enfants sans-abri, des corps meurtris par la guerre, des âmes écrasées de souvenirs douloureux. Il y a aussi deux cousins, Kai et Tulanie, nés à neuf jours l'un de l'autre et qui s'aimaient déjà dans le ventre de leurs mères. Autour de ces deux garçons, 17 ans seulement mais ayant déjà éprouvé de l'expérience humaine tant de joies et de peines, le récit se tisse. Il alterne plans serrés et séquences vastes comme des mondes: "plus rien n'est séparé à présent, plus rien en dehors du mystère – pierre, nuage, arbre, rivière".
Le roman s'ouvre dans le froid glacial d'un matin de février. Kai est sorti avec son chien. Emporté à la poursuite d'un écureuil, le chien passe la rivière gelée mais la glace cède sous son poids et la rivière l'engloutit. Le garçon accourt, tombe à son tour dans l'eau glacée, se laisse arracher par le courant. Pourra-t-on enlever Kai à l'emprise de l'eau et du froid? La communauté se mobilise pour sauver le garçon, chacun avec son histoire, ses failles, ses convictions. Chacun avec son chant, au gré des heures de la journée et des chapires du roman.
"Tant que l'eau parle, il faut que j'écoute", disait la grand-mère de Kai. La voix de la rivière est la pulsation de cette épopée collective. En elle fusionnent les paroles et les silences des hommes, les cris des animaux, le reflet du ciel, l'entrelacs des racines. Melanie Rae Thon n'a pas son pareil pour dérouler la toile du vivant. Son roman-monde tient sur un petit bout de terre et en une seule journée mais réussit à capter la vie dans ses infinis miroitements. "Combien de temps dure un jour dans une vie d'enfant?" À n'en pas douter: une éternité.
Éditions de l'Olivier, traduit de l'anglais (États-Unis) par Mathilde Bach, 22.50 euros
Les premières lignes de ce gros roman rapportent une scène curieuse : celle d’une escarmouche entre une corneille et une buse dans un ciel dégagé, un contact bref mais à la violence sauvage, animale et fulgurante…
Le dernier héritier d’une ancienne et illustre lignée aristocratique décide de revendre ses hôtels particuliers en ville et de réintégrer le manoir historique de sa famille. L’imposante propriété est juchée à flanc de montagne, perdue en pleine forêt et bâtie en surplomb d’un petit village de quelques âmes oubliées du monde. Certes, celui que les habitants du coin surnomment ironiquement le « Duc » ne bénéficie plus vraiment du prestige qui était dans le passé conféré par son rang, mais il a des biens et, richesse ultime, du temps qu’il use calmement à éplucher des vieilles archives, tandis que la gestion de ses vastes parcelles est confiée à un bûcheron du cru. Pourtant, lorsque ce dernier avertit le Duc que Fastréda, un fermier puissant et craintivement respecté par la communauté, vole sans vergogne le bois de son domaine, l’oisif aristocrate se sent souffleté. Ce qui aurait pu se régler sans trop d’encombre se transforme alors en duel terrible entre deux maîtres qui veulent faire valoir leur loi. Un pugilat qui, pour le « Duc », se mutera en quête de ses origines profondes.
Voici un roman épique sur la fureur du pouvoir, la férocité des hommes, l’intransigeance de la montagne titanesque, l’envahissement de la forêt sauvage et le gouffre de l’oubli.
Matteo Melchiorre, archiviste médiéviste et spécialiste de l’histoire des montagnes et des forêts, fait montre, par une écriture élégante et léchée, d’un épatant sens de l’intrigue. Il brouille les pistes par rapport au lieu et au temps de la narration – le lecteur se laisse toutefois guider dans ce passé du présent, qui se déroule ailleurs, là où la nature arbitre d’une main de fer les relations humaines. Le Duc est un roman surprenant. Tantôt âpre, tantôt empreint de drôlerie, il est d’une subtilité folle. Matteo Melchiorre y joue parfaitement le jeu littéraire des échos – rien dans ce roman ne semble hasardeux – et, selon moi, s’inscrit pleinement dans la tradition des grands écrivains italiens.
Métailié, 23.50 euros.
Il y a longtemps que le duo Matthieu Sylvander & Perceval Barrier nous réjouit. De la lutte héroïque des poireaux contre les carottes dans Trois contes cruels au tatou râleur mais tellement raffiné de Manoel, le liseur de la jungle, ces deux-là n'ont pas leur pareil pour nous faire éclater de rire.
Ils sont aussi les auteurs d'une délicieuse série de premières lectures dans la collection Moucheron, centrée autour d'un personnage appelé Archie. Archie, c'est le chien de la ferme, le bon copain de tous les animaux et de la petite Ninon. Qu'il apprenne à faire du vélo ou doive réveiller tout le monde lorsque le coq prend ses vacances, Archie est toujours partant et plein de bonne volonté. Cette fois, voilà Archie embarqué dans une aventure vraiment énoooorme: c'est décidé, il va apprendre à lire! Un chien qui lit, et pourquoi pas? C'est qu'Archie et ses amis ont envie d'entendre tous les soirs Le loup et l'écureuil et que Ninon, qui lit le livre soir après soir, s'en est lassée. Il faut donc prendre le relais...
En ouvrant le livre, Archie se sent désemparé: toutes ces lettres, on dirait des insectes qui volent en tous sens. On n'y comprend rien, où donc ont pu se cacher l'écureuil et le loup? Heureusement, avec de la patience, une touche de détermination et surtout l'aide de ses copains animaux, Archie va y arriver. Bien sûr l'histoire ne sera pas tout à fait la même que quand Ninon la lit, mais ce n'est pas grave. Car ce qui compte, c'est de se retrouver tous ensemble autour d'une belle histoire, pas vrai?
Pour tous les apprentis lecteurs, Archie tend un délicieux miroir. On rit avec lui, on compatit devant la difficulté et on se lance à l'abordage de cette merveilleuse aventure de la lecture. Savoureux!
L'École des Loisirs, collection Moucheron, 6.50 euros
Moucheron, c'est la collection idéale pour faire ses premiers pas dans la lecture. Retrouvez-la ici!
Depuis quelques temps, à la nuit tombée, un renard très peu farouche s’avance sur la piste d’atterrissage d’un aéroport et semble observer les avions et tout le petit monde des humains qui gravite autour. Il est là, et pourtant personne ne le remarque… personne sauf un mécanicien. Au milieu du ballet incessant des avions, le mécanicien et le renard se rencontrent et peu à peu s'apprivoisent.
Un album enchanteur et doux, une histoire d’amitié étonnante et sincère entre un homme et un animal sauvage. Le style réconfortant des illustrations de Cédric Abt enveloppe le lecteur et le berce jusqu’au bout de cette tendre histoire (vraie !).