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Une vache fait la sieste à l’ombre d’un pommier, bercée par le bruit du vent dans les branches et le doux mouvement des nuages dans le ciel, lorsqu’un cochon arrive. Ce dernier lui explique doctement qu’en ramassant toutes les pommes, la vache pourrait faire des tartes, plein de tartes. Puis aussi des compotes, plein de compotes, et les vendre. Et, avec l’argent, acheter plus d’arbres fruitiers, puis ériger une usine pour les exploiter, puis d’autres usines, dans le monde entier, bâtir un empire, devenir une star adulée, avoir du pouvoir, de l’influence, bref… devenir la vache la plus riche du monde ! WAOUH !
Et après ? Qu’est-ce qu’elle pourrait faire avec tout son argent, la vache la plus riche du monde ?... Enfin s’acheter la tranquillité et le temps d’une sieste à l’ombre d’un arbre.
Absurde, non ?
Voici une histoire rigolote, qui aborde de manière subtile le rapport à la richesse, et rappelle avec beaucoup d’humour, à hauteur des enfants que nous sommes tous, que le bonheur réside avant tout dans les choses simples qui nous entourent.
À partir de 4 ans.
On aime beaucoup les Éditions 2024!
Cette maison a été créée à Strasbourg en 2010 avec pour volonté de "créer un catalogue de livres illustrés et de bandes-dessinées, accompagner des démarches d’auteurs cohérentes, et soigner la fabrication des livres" nous dit sa fiche wikipédia. Jusqu’à présent cette profession de foi a été plus que respectée mais ne dit pas grand-chose de la magnificence de chacun de leur titre et du côté défricheur de 2024!
Les écrivains qu’on aime sont immortels. Leurs mots nous constituent, ils sont notre zone intérieure, des frères et sœurs dans l’aventure de vivre.
Les écrivains qu’on aime sont immortels, et pourtant en apprenant la mort de Paul Auster, la tristesse est grande. Pour toute une génération, les livres de Paul Auster ont été un labyrinthe qu’il faisait bon arpenter. On y croisait des perdants magnifiques, des garçons et des filles au seuil de leurs vies, des fantômes obsédants, des écrivains aussi. On y traversait la vie, ses deuils, ses arrachements, ses éblouissements. On s’y laissait guider par le hasard, motif récurrent d’une œuvre qui fouille les soubassements de notre temps.
Chez Paul Auster, le destin s’appelle hasard, et il en donne la clé dans Pourquoi écrire ?. Un été de son adolescence,
Lire la suite : Paul Auster, "à chaque être, plusieurs autres vies"
Hier, je suis tombée. J’ai trébuché sur un caillou et paf. Genou tout écorché, sang qui coule et ça brûle beaucoup, beaucoup ! Papa a nettoyé ma plaie et m’a dit que bientôt, j’aurais une jolie croûte. Je l’ai, la croûte, mais elle n’a rien de joli. On dirait un hamburger pas mangeable. Et, malgré les promesses de maman, elle ne tombe pas, on dirait bien qu’elle est là pour rester ! Alors, puisqu’elle me suit partout, je l’ai prénommée Bertha. Je commence à m’habituer à elle, je l’observe et je lui raconte mes secrets… Jusqu’au matin où, à mon réveil, Bertha a disparu, sans même dire au revoir !
Le temps a passé maintenant. Sur mon genou se trouve une cicatrice blanche et douce, qui, souvent, me rappelle ma Bertha, sa présence et les moments passés ensemble…
Cette étrange histoire d’amitié entre une petite fille et la croûte de son bobo est à la fois drôle, douce et émouvante. Car en effet, avec ses illustrations flamboyantes de fluo – son style si singulier qu’on adore –, Beatrice Alemagna nous y raconte le temps qui passe, bordé d’épreuves parfois douloureuses, ce temps qui nous change, nous guérit, laisse parfois des traces sur chacune et chacun d’entre nous. Ce qui fait que nous sommes nous.
De l’art d’engendrer l’émotion à partir d’une croûte de bobo…
À partir de 5 ans.
Dans la Bavière à feu et à sang de 1944, Heim Hochland demeure paisible. L’ambiance est feutrée, la nourriture abondante, l’hygiène irréprochable. Dans cette maternité modèle des nazis, femmes enceintes et jeunes mères avec leurs bébés semblent protégées de la dévastation. C’est ce lieu et sa sinistre ambivalence qui sont au centre du nouveau roman de Caroline de Mulder, La pouponnière d’Himmler. Au Lebensborn s’incarne l’obsession eugéniste insensée des nazis, obsession engluée dans la contradiction puisque le prétendu service de la vie alimente une idéologie visant la mort – le destin de ces enfants mâles si choyés n’est-il pas de mourir glorieusement pour l’Allemagne ?
Trois personnages font explorer la complexité d’Heim Hochland. Il y a d’abord Renée, une jeune Normande tondue dans son village lorsqu’on apprend qu’elle est enceinte d’un soldat allemand. En fuite, Renée trouve refuge dans l’Allemagne ennemie. Au Lebensborn, elle croise une infirmière à peine plus âgée, Helga. Cette femme qui, il n’y a pas si longtemps encore, vivait sans remettre en cause la nécessité de son institution est de plus en plus habitée par le doute. Son journal intime rend compte de ses hésitations, encore vacillantes et fragilisées par la conscience de leur inconvenance. Enfin il y a Marek, prisonnier polonais détaché du camp de Dachau pour travailler dans le parc de la maternité, un homme ravagé par la faim et luttant pour sa survie. Les murs érigés entre ces trois personnages sont infranchissables mais ils sont parfois percés par des gestes d’empathie, comme un reste d’humanité qui aurait échappé au totalitarisme de la pensée nazie.
À Heim Hochland, on vit retranché du monde et du temps dans un huis-clos de plus en plus oppressant. Et pourtant la violence du dehors s’éprouve à chaque instant, la guerre invisible trouble toute pensée, l’ombre de l’extermination s’étend partout. C’est la force de l’écriture de Caroline de Mulder de rester au plus près des flux de pensée de ses trois personnages tout en faisant éprouver puissamment le hors-champ et en suggérant toute la complexité de l’époque.
Intense et malaisante, la lecture de La pouponnière d’Himmler est une plongée au cœur de la machinerie totalitaire et de la façon dont elle s’empare des corps et des esprits.