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heure magique arrou vignod ravardL'avis d'Anouk:

 

En vacances chez leurs grand-parents, Pierrot et Lisa ont un rituel précieux: chaque fin d'après-midi, ils enfourchent leurs vélos et pédalent à toute allure à travers la campagne. C'est que pour rien au monde ils ne voudraient manquer "l'heure magique" et ses secrets...

Racontée à hauteur d'enfants et sublimée par les aquarelles éclatantes de François Ravard, leur histoire nous ramène à l'essentiel: prendre le temps, s'émerveiller de la nature autour de nous, croire en la magie des instants. Car comme le dit papi: "Vous savez ce qui fait tout le prix de l'heure magique, les enfants? C'est qu'on ne sait jamais si ça va se produire ou pas".

Un album qui ravira les petits lecteurs à partir de 7 ans, et tous ceux qui guettent chaque jour l'heure magique...

 

Gallimard Jeunesse, 13.50 €btn commande

 

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roitelet beaucheminL'avis d'Anouk:

Le roitelet est un roman pudique et délicat qui se tient comme ses personnages "toujours à la périphérie de la joie et de la peine, l'une se déversant dans l'autre et réciproquement, en quelque sorte".

On y suit un écrivain à l'aube de la soixantaine, plein de questions et de passions. Dans une généreuse campagne québécoise il vit auprès de sa femme Livia, du chat Lennon, d'un chien fantasque. Son frère n'est jamais loin, ce cadet qui porte depuis l'adolescence le mot si lourd de schizophrène et sur lequel l'écrivain veille avec douceur et tendresse. Le temps passe et tisse sa toile mais la douleur reste à vif: il faut composer avec elle, arriver à y trouver des éclats de poésie et de beauté. Texte bref, composé de courts chapitres poignants et ciselés, Le roitelet est aussi aérien et gracieux que l'oiseau qui lui offre son titre.

 

C'est ce moment qu'il a choisi pour prononcer ces mots déchirants de lucdité: "Je suis un puits sans fond. J'ai beau fouiller en moi, je n'aperçois rien qu'une nuit profonde. Je suis perdu." Et moi, l'écrivain, le spécialiste des mots, je n'ai pas su quoi lui répondre. Le soir tombait. De la forêt toute proche nous parvenaient les premiers hululements d'un hibou.

Éditions Québec Amérique, 16 eurosbtn commande

dum dumL'avis d'Adrien :

Après « Ville Nouvelle » et « Soleil mécanique », « Dum Dum », du nom de ces munitions qui fracassent par expansion, est la troisième formidable bande dessinée de Łukasz Wojciechowski que les non moins formidables éditions Çà et là font paraître.dum dum image

Łukasz Wojciechowski, professeur d’architecture polonais, est un as sur AutoCAD, fameux logiciel de dessin technique mais il est aussi très fort pour aborder avec finesse les tourments humains, ici, en l’occurrence, l'état de stress post-traumatique d'un ancien soldat de la Première Guerre Mondiale.


Partant de photos d’aïeuls vétérans de la Grande Guerre, l’auteur s’attache à nous tracer le destin de Stan, malheureux troufion, peu à l’aise dans ses relations sociales et virtuose du dessin industriel, que son cousin fait engager au sein de son entreprise spécialisée dans ce type de dessin.

Le modernisme berlinois des années 1930 y est mis en scène de magnifique manière, la prouesse graphique est éclatante, dans la forme mais aussi dans le fond… Car si ledum dum bis tracé est chirurgical, se dégagent, par l’histoire, par la finesse psychologique atteinte au moyen de passages plus abstraits, une humanité, une émotion, une rage rarement ressentie. La frénésie de la ville, le bouillonnement technologique de l’époque, le cinéma expressionniste allemand, l’avènement du régime nazi à venir et les illustrations elles-mêmes sont mis en regard avec le chancre mental dans lequel se trouve Stan, détruit par les horreurs vécues.

Cet ouvrage fort et bouleversant est sublimé par le bel écrin confectionné avec amour par les éditions Çà et là. Magistral !

Editions Çà et là, traduit de l’anglais par Fanny Soubiran, 25 €.   btn commande

souffle du puma rouxL'avis d'Anouk

« Le puma ne vit pas dans une cage ». Ce mantra que sa grand-mère lui répétait souvent accompagne la jeune Poma, héroïne lumineuse et déterminée du nouveau roman de Laurine Roux. Il n’en faut pas davantage pour nous embarquer pour un périlleux voyage dans le temps, à la découverte de l’Empire Inca.

Fille rebelle d’un peuple soumis au pouvoir de Sapa Inca, Poma est désignée pour être sacrifiée, avec d’autres enfants et adolescents, au dieu du Soleil. Dans le temple où l’on prépare les jeunes élus à leur sinistre fin, elle se lie d’amitié avec Quilla. Une amitié qui les portera toutes deux, car « au milieu des terres arides poussent les plus belles fleurs ». Quand arrive le moment du sacrifice, Poma, Quilla et les autres quittent la capitale impériale Cuzco pour un périple de 700 kilomètres. C’est au sommet du volcan Llullaillaco que les victimes doivent être sacrifiées. Mais Poma, irréductible, est bien décidée à déjouer les plans écrits pour elle…

En contrepoint au récit centré sur Poma, Laurine Roux propose un second texte, qui est cette fois l’évocation des recherches scientifiques menées autour de ceux qu’on appelle "Les enfants de Llullaillaco", trois momies parfaitement conservées par le froid qui règne au sommet du volcan et que des archéologues ont mis au jour il y a 20 ans. Grâce au talent et à la patience d’une jeune médecin légiste suédoise, les momies vont peu à peu livrer leurs secret.

Laurine Roux tisse avec finesse ces deux récits, l’historique et le contemporain. Portée par une documentation précise mais qui n’écrase jamais la poésie de l’écriture et le souffle épique du récit, elle convoque le mentir-vrai d’Aragon, cette façon unique qu’a la fiction de rendre justice au réel. C’est passionnant de bout en bout, et terriblement émouvant.

À partir de 13 ans.

L'École des Loisirs, Collection Medium+, 15 €btn commande

La très belle illustration de couverture est signée Thomas Ehretsmann

jours sont comme lherbe grondahlL'avis d'Anouk:

Un soir au théâtre, un homme ébahi par le jeu de la comédienne dit: "Assis dans le noir, on se sentait vu, percé à jour".

Et c'est exactement l'effet que nous font les romans de Jens Christian Grøndahl: ils nous percent à jour. Ils cartographient nos âmes, nos élans, nos tourments, ce magma si intime sur lequel l'immense romancier danois met des mots, des récits, des émotions, comme s'il trouvait le chemin du coeur de chacun de ses lecteurs.

C'est dire le bonheur qui nous prend aujourd'hui à la lecture des six longues nouvelles qui tissent Les jours sont comme l'herbe (dans une superbe traduction d'Alain Gnaedig). On retrouve à chaque page, à chaque ligne, l'exquise délicatesse de Jens Christian Grøndahl. Les vertiges et les chagrins de l'âme, les tournants de vie, les choix déchirants, le temps qui s'échappe: toute l'insaisissable épaisseur de nos vies s'incarne. "J’ai compris ce dont il est question quand nous parlons de la vie. Nous parlons de choses banales, de gestes répétés du quotidien. Oui, c’est bien cela, banales, sans aucun sens particulier, sans poids particulier. Mais si on les regarde avec une distance que l’on n’aurait jamais pu imaginer, alors ces petites choses deviennent symboliques".

 

Gallimard, traduit du danois par Alain Gnaedig, 24 €btn commande

Disponible en format numérique ici