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passe partout togawaVous le savez: le réseau de librairies indépendantes Initiales désigne chaque année son PRIX MÉMORABLE. Un prix qui vient saluer le travail d’une maison d’édition pour faire connaître un auteur injustement oublié ou traduit pour la première fois en français.

Cette année, le prix couronne un détonnant roman paru au Japon en 1962, Le passe-partout de Masako Togawa. Une intrigue qui se joue des codes du roman noir avec un sens parfait de la subversion.

La résidence K est une résidence pour femmes célibataires. Chacune entretient derrière la porte de son appartement un jardin secret, Lorsque le passe-partout de la résidence disparaît et que les secrets si bien gardés risquent d'être révélés, cette micro-société se trouve bouleversée. Et plus personne n'est à l'abri...

Le passe-partout, c'est un savant mélange de fausses pistes, de dissimulation, de flash-back, de jalousies. Une intrigue malicieuse et pleine de zones d'ombre, parfaitement dépaysante, qui nous fait découvrir une autrice aux multiples talents. Méconnue chez nous, Masako Togawa est un mythe au Japon. Elle écrivit pas moins de cent romans, tout au long d’une vie haute en couleur. Masako Togawa, née à Tokyo en 1931, a embrassé plusieurs carrières, tour à tour romancière, actrice dans des films noirs, chanteuse de cabaret. Grande figure de l'avant-garde culturelle japonaise, proche de Mishima, Oshima ou Kawabata, elle a illuminé les nuits de Tokyo avec panache!

Alors oui, "Le passe-partout" est MÉMORABLE!

 

Retrouvez ici les romans couronnés par le Prix Mémorable.

 

Denoël, traduit du japonais par Sophie Rèfle, 19 euros btn commande

amour fouL'avis de Maryse :

Dans le rayon des polars français surgit une succulente découverte !

Dans un patelin côtier tranquille, alors qu’une jeune femme sans histoire est retrouvée noyée au pied du belvédère, les soupçons se portent naturellement sur son harceleur, un jeune diagnostiqué érotomane (se dit que quelqu'un affecté par l’illusion délirante d’être aimé) et paranoïaque, fils de l’éminent psychiatre du bourg de surcroît (comme dit l’adage, le fils du cordonnier...) Il échappe à la prison par le chas d’une l’aiguille. Alors, lorsqu’une deuxième victime, patiente du grand psy, est retrouvée sans vie au même endroit que la précédente, les enquêteurs sont bien résolus à boucler l’affaire sans délai. Comme si c’était si simple…

L’auteur va passer au peigne fin une galerie de personnages bien moins banals qu’ils ne paraissent : une mère bigote et cordon bleu, un père condescendant et coureur de (jeunes) jupons, une voisine d’en face curieuse et envahissante, un policier (seulement) municipal fumeur de pétards et traumatisé depuis l’enfance, une coéquipière amoureuse et moucharde, une amie de jeunesse pas très réglo… puis surtout, un paranoïaque profond aux pensées troublées, magnétiques et déstabilisantes. Bref, Amour fou est un bon gros nœud de points de vue divergents sur la même histoire, d’opinions tranchées, de conflits de loyautés, de mensonges (parfois juste par omission), de trahisons et d’élans d’amour menant le lecteur en bateau jusqu’à la dernière page !

Amour fou est un roman à énigme d’aujourd’hui, un thriller rythmé, parfois ludique, parfois drôle, ironique voire caustique, mais surtout pas stupide du tout. Pour cause, Denis Michelis y prouve à son tour – si besoin en est de le rappeler – que la littérature dite « de genre » est un vecteur parfait pour traduire nos angoisses et nos crises contemporaines, mais aussi pour exprimer une vraie critique sociale.

Une lecture captivante !

Notabilia, 23 euros.btn commande

Disponible en format numérique ici.

ravageL'avis de Maryse:

Au Canada, le ravage désigne les traces dévastatrices laissées, dans la neige notamment, par un troupeau de caribous en transhumance, pouvant atteindre cinq mille têtes et broyant tout sur son passage.

Au cœur de l’hiver 1931, Red Arctic, nord du Canada, à la frontière de l’Alaska. Un certain Jones, trappeur inconnu de tous, évoluerait en solitaire sur les territoires canadiens sans permis de chasse. Échauffant les esprits dans cette nuit éternellement glaciale, il devient rapidement la cible de la gendarmerie nationale et de certains de ses représentants, présomptueux et convaincus du parfait respect de la loi ou zélés cow-boys des neiges. Le fugitif reste toutefois inatteignable et ce n’est rien de moins qu’une trentaine d’hommes lourdement armés – gendarmes ou trappeurs volontaires –, des kilos de dynamite, une quinzaine de traineaux, une centaine de chiens et même un avion de reconnaissance qui seront mobilisés sur la trace d’un seul homme. Pendant six semaines, à moins quarante degrés, dans un blizzard implacable, une traque infernale se prolongera, animée par la soif de vengeance, l’effet du clan et une fascination morbide pour l’inhumain fuyard.

Cette chasse à l’homme haletante et aliénante est inspirée de faits réels. Ian Manook, l’incontournable écrivain-voyageur de thriller, en érige un récit à couper le souffle. Il y brosse le portrait de personnages rudes, pour certains tiraillés entre les traumas des tranchées et une foi indéfectible en la loi, comme si cette dernière demeurait le seul fondement fixe dans les tourments du monde ; pour d’autres juste revanchards, superstitieux, rustres et épris du goût du sang. Dans le récit, l’angoisse va crescendo, à mesure que les jours s’écoulent et que les âmes s’ébrouent, embarquées dans un vertigineux et funeste engrenage.

Puis surtout, comme souvent dans ses romans, Ian Manook a l’épatante capacité de transporter son lecteur dans un lointain voyage, au cœur de contrées extrêmes, où les turpitudes humaines semblent bien vaines en regard d’une nature intraitable et toute puissante.

Une lecture réfrigérante qui vous fera résolument relativiser le petit crachin de cette fin d’automne.

Paulsen, 19,90 euros.btn commande