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saison des disparus sylvanderL'avis d'Anouk:

Londres, 1878. Les sœurs Morwood, tout juste sorties de leur Lincolnshire natal, découvrent l'étourdissante vie de la capitale. Elles sont là pour leur première Season, et le programme serré des bals et des réceptions mondaires pourrait suffire à leur tourner la tête.

Et pourtant: Matthieu Sylvander réserve à Eleanor et Eliza, ses héroïnes, un cocktail autrement plus corsé. La saison des disparus, sur une trame de roman d'initiation austenien, c'est aussi:

De l'aventure! Du suspense! De l'engagement politique! Du mystère!

Le tout se conjuguant à un rythme trépidant, qui désoriente la sage Eleanor mais vient titiller l'esprit curieux et rebelle de sa sœur Eliza.

Bientôt suivies par trois jeunes gens enamourés, les deux sœurs oublient qu'elles sont à Londres pour parler robes de bal et mondanités. Et quand leur chemin croise l'excentrique et richissime comte Zahar Munte, leur destin bascule irrémédiablement...

Dans une Europe qui affiche sa foi dans la technique, une prospérité insolente et le triomphe des valeurs coloniales, le feu couve. À Londres, la morgue des puissants ne peut dissimuler la misère noire et la pollution. À Paris, la Commune matée dans le sang continue à nourrir les envies de révolte. Partout, les anarchistes préparent leurs bombes dans l'ombre. Eleanor et Eliza, prises dans une affaire dont la toile est complexe à démêler, auront à puiser dans leurs réserves de générosité, d'intelligence et de courage. Chacune à son rythme, elles s'affranchiront de tout ce qui pèse sur les épaules de jeunes filles bien nées dans une société patriarcale figée. Le tout sans se départir de leur bon sens et de cet humour so british qui fait tout le charme de cette Saison des disparus.

Oscillant entre Jane Austen et Charles Dickens, pimenté d'une intrigue que n'aurait pas reniée Agatha Christie, voilà un roman parfait pour étancher notre soif estivale de grandes aventures!

L'École des Loisirs, Medium+, 17,50 euros

À partir de 13 ansbtn commande

 

livre de daniel de stoopL'avis de Régis:

Sous ce titre à la résonance biblique, Chris de Stoop ouvre le dossier douloureux de l’assassinat d’un vieil homme de 84 ans, son oncle Daniel, tué dans sa ferme proche de Mouscron par une bande de jeunes désoeuvrés en quête d’un peu d’argent.

Au-delà du fait divers tragique et sordide, Chris de Stoop nous donne à lire un livre empreint de délicatesse et d’humanité. Par petites touches, par différents détours, il tente avant toute chose de rendre à Daniel Maroy la dignité que lui ont progressivement ôtée l’isolement, la vieillesse, l’appartenance assumée à un monde révolu. Daniel était « un invisible ». Il est mort dans la ferme où il avait vu le jour et qu’il n’avait jamais quittée, voué à la terre et aux bêtes, au soin de ses parents et de son frère handicapé. Pour ses assassins, Daniel était « le vieux crasseux », un sous-homme qu’ils ont violemment agressé tout en filmant leurs actes sur un portable. Avec leur butin, ils ont acheté un iPhone, des vêtements griffés, une voiture. Sans éprouver jamais la moindre culpabilité.

Le meurtre de Daniel Maroy signe la rencontre entre deux mondes, celui d’une campagne encore rythmée par le passage des générations et des saisons, celui de cités dramatiquement pauvres et sans avenir.

Le livre de Daniel est aussi le récit du procès qui s’est tenu à Mons cinq ans après le crime et dans lequel Chris de Stoop décide de se porter partie civile. Les pages qu’il consacre à la justice en train de se faire, au procès d’assises, à la justice restaurative sont tout simplement passionnantes.

À la manière de Florence Aubenas, Chris de Stoop porte au plus haut le journalisme littéraire. Né dans la région anversoise, reporter pour l’hebdomadaire Knack, il a longuement travaillé sur la traite des êtres humains et sur le sort des sans-papiers en Belgique avant de se retirer du journalisme. Installé dans la ferme familiale, dans la région des polders, il se définit aujourd’hui comme écrivain-fermier.

Comme De sang-froid de Truman Capote ou L’inconnu de la poste de Florence Aubenas, Le livre de Daniel est un livre inoubliable, qui ausculte notre société à travers le prisme d’un fait divers poignant. Ouvrant mille questions, il donne à réfléchir sur la violence et la rédemption.

 

Éditions Globe, traduit du néerlandais (Belgique) par Anne-Laure Vignaux, 22 euros

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saison des provisions ourtL'avis de Maryse:

L'hiver est rude au sein du bois endormi. Les écureuils Fauve et Jonquille se réveillent grelottant et affamés. Ils sortent du nid et grattent la dure couche de givre qui recouvre le sol à la recherche de quoi se sustenter, en vain. Les noisettes enterrées à la belle saison sont bel et bien perdues, et la seule solution dans l'immédiat est de se rendormir, le ventre vide, jusqu'au printemps.

Celui-ci enfin de retour, alors qu’éclosent les bourgeons, les écureuils dévorent graines et fleurs à s'en faire bomber le ventre ! Toutefois, la gourmande insouciance est de courte durée. Il est en effet hors de question, l'hiver suivant, d'à nouveau se laisser surprendre par le froid et la faim. Nos amis vont donc profiter des trois saisons qui précèdent le grand froid pour rassembler, cuisiner et organiser un costaud stock de provisions – dont ils ne seront pas les seuls à profiter…

L’autrice-illustratrice (et biologiste de formation… ceci explique certainement cela !) Fleur Oury, qui nous avait déjà tellement émus avec le tendre Premier matin et surtout l’espiègle et attachant Dimanche, parus chez le même éditeur, nous offre ici une belle et joyeuse plongée au cœur de la forêt. Au fil des saisons, et à mesure que grandissent les récoltes de Fauve et Jonquille, nous partons à la rencontre de ses multiples et sympathiques habitants, ainsi que de sa flore généreuse. Les illustrations colorées et luxuriantes, sont dans le même temps d’une remarquable précision. Les plantes comestibles, répertoriées à la fin de l’histoire, sont élégamment dessinées à la manière d’un guide illustré de botanique d’antan, ce qui confère à cette exquise histoire pleine d’amitié un attrait naturaliste et documentaire passionnant!

Un superbe album, à lire et relire ensemble dès 3 ans, en attendant qu’enfin revienne la douce saison des provisions.

Les Fourmis Rouges, 18.50 eurosbtn commande

Cinq petits indiensL'avis de Maryse:

En prélude, l’éditeur nous avertit : de la fin du XIXe siècle à 1996 (!), date de la fermeture du dernier pensionnat, les enfants autochtones au Canada ont été systématiquement arrachés à leurs familles et envoyés dans des écoles résidentielles afin d’y être « assimilés » et « civilisés ». L’objectif fièrement proclamé était de « tuer l’Indien dans l’enfant ». On considère aujourd’hui que plus de 150 000 enfants sont passés par ces pensionnats, gérés en grande majorité par l’Église catholique. Séparés de leur famille, coupés de leur langue et de leur culture, ils y ont été maltraités et abusés. On estime qu’au moins 4000 enfants y sont morts. Ceux qui ont pu grandir et en sortir sont devenus des « survivants ».

Canada, fin des années 1960. Des milliers de jeunes autochtones ayant atteint l’âge d’être libérés de ces pensionnats, sont largués sans point de chute et essaient de survivre dans les quartiers est de Vancouver entre prostitution, drogue, petits boulots et grande précarité. Le roman-choral qu’on tient entre les mains fait le focus sur cinq d’entre eux – personnages fictionnels porte-voix de tant de destins réels –, qui, hantés par les sévices subis, s’attachent tant bien que mal à une chimérique reconstruction d’eux-mêmes, et dont les trajectoires traumatisées s’entremêlent inexorablement.

Michelle Good, autrice appartenant à la Nation crie Red Pheasant, est avocate et a longtemps œuvré à la reconnaissance des traumatismes endurés par les autochtones survivants de ces pensionnats. Cinq petits Indiens, récemment publié en français dans la reconnaissable collection « Voix autochtones » au Seuil, fait lumière sur une réalité bouleversante relativement ignorée, surtout dans nos contrées, et appelle ainsi son lecteur à un engagement franc et conscient en faveur de la réhabilitation des communautés autochtones meurtries, au Canada et ailleurs. À lire et faire lire…

Le Seuil, Voix autochtones, traduit de l'anglais (Canada) par Isabelle Maillet, 22 €btn commande

debrocqalvarezCe samedi 27 mai à 11 heures, nous vous invitons à fêter les 10 ans de la collection iF en compagnie d'Aliénor Debrocq et d'Alexis Alvarez.

Créée et dirigée par Antoine Wauters au sein de la Maison de la Poésie d'Amay, la collection iF accueille des livres à la croisée des genres littéraires. Des textes de Laura Vazquez, Karel Logist, Lisette Lombé, Nicole Caligaris, Emmanuel Régniez et bien d'autres donnent à la collection sa tonalité "transfrontalière".