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cycles de la revolte svitL'avis d'Anouk:

Il y a longtemps que Nastia a quitté la Slovénie. La vie y était trop étroite pour ses rêves et ses désirs et c’est à Paris qu’elle s’est réinventée. À l’heure de la pandémie pourtant, alors que l’homme qu’elle aime la quitte brutalement et que le confinement l’oblige à fermer sa galerie, elle prend le premier vol pour Ljubljana et sonne à la porte de sa sœur Dora. Entre elles, tout est compliqué depuis l’enfance et le temps passé n’a pas cicatrisé les blessures. Nastia décide donc de se trouver un lieu pour elle. L’appartement est trop grand, un peu bancal, mais elle en fait le cocon dont elle a besoin dans ce moment de crise.

Aux tourments intimes de Nastia se mêlent rapidement les bruits d’une ville en colère : tous les vendredis, les rues de Ljubljana se remplissent de cyclistes qui manifestent contre les dérives autocratiques du gouvernement. La révolte est joyeuse, créative. Elle suit la voix des poètes et un slogan inspirant : « La liberté est un verbe ». Nastia réapprend petit à petit à écouter les bruits du monde qui l’entoure et soigne sa tristesse dans le grand bain de jeunesse des manifestations. Son chemin est ponctué de belles rencontres – une autre Nastia qui vient de loin avec son vélo, une voisine aux cheveux blancs mais à la jeunesse éternelle, et puis Boris, un journaliste belge qui s’est pris de passion pour le mouvement de contestation slovène et lui apprend "l'attention comme forme suprême de générosité".

De ces quelques semaines fiévreuses, Nastia sortira transformée: les pages qui se referment appellent à en écrire de nouvelles, la vie n’en a jamais fini avec les surprises.

Les cycles de la révolte est un roman empli de désir et de joie, autour d’une héroïne qui s’évade de sa propre vie pour en inventer une autre. Malicieux, tendre, effervescent, il nous rappelle combien l’esprit de lutte est prodigue.

Gallimard, 21 €btn commande

Disponible en format numérique ici

foudre sans40L'avis d'Adrien :

Alors qu’il s'apprête à quitter son Jura natal pour l’île de La Réunion avec sa fiancée, Julien, jeune berger, sidéré à la lecture d’un fait divers annonçant qu’un de ses anciens camarades d’école qui était une sorte de mentor pour lui, aurait tué un homme à coups de planches, prend contact avec la fiancée de celui-ci ; ce qui va contrecarrer tous ses plans. J'espère que vous avez pu reprendre votre souffle et apprécié cette longue phrase d'introduction...! Tout a été clair ?

Pierric Bailly nous revient avec les thèmes qui lui sont chers, la peur et l’inconfortabilité de prendre la place d’un autre, la parentalité contrariée et bien sûr la nature jurassienne.

Ses personnages doutent, l’auteur prend le temps de tout nous dire, retourne à la genèse des événements, à l’origine des sentiments avec simplicité, fluidité et des touches de légèreté qui sont autant de respirations qui nous font apprécier encore plus grandement les 470 pages de cet ample roman qui se lit avec délectation. De façon toute personnelle, j'ajouterais que j'ai lu tous les romans de Pierric Bailly et les ai tous bien aimés, celui-ci est probablement mon préféré.

P.O.L, 24 €btn commande

enfant dans le taxi prudhommeL'avis d'Anouk:

Sylvain Prudhomme est un écrivain du sensible et des infimes variations de l'âme. De livre en livre, il construit une œuvre qui creuse les énigmes au cœur de toute vie, dans une langue à la fois limpide et somptueuse. Les grands, Par les routes (Prix Femina en 2019), Les Orages et aujourd’hui L’enfant dans le taxi sont autant de livres profondément marquants, qui impressionnent par leur énergie romanesque, leur justesse et leur phrasé singulier. Sylvain Prudhomme est à n’en pas douter l’un des grands, très grands écrivains d’aujourd’hui.

L’enfant dans le taxi tourne autour d’un silence – la présence d’une ombre dans la généalogie de la famille de Simon. Cette ombre, Simon la découvre alors qu’il vient d’enterrer son grand-père, patriarche craint et révéré d’une famille en apparence sans histoire. Peu après l’enterrement, un oncle lui parle de M., le fils né de la rencontre du grand-père, alors soldat d’occupation dans l’Allemagne vaincue, et d’une jeune femme allemande. M. l’enfant illégitime, l’enfant tu et renié, entre dès lors dans la vie de Simon et devient l’objet d’une quête obsédante, exigeante mais aussi libératrice.

C’est que Simon traverse un moment de fragilité. Séparé depuis peu, il doit réinventer sa place dans le monde – auprès de ses deux fils, auprès de A. qui a partagé vingt ans de sa vie, auprès du cercle amical et familial. En M., Simon se reconnaît : le vertige de sa solitude fraternise avec « l’abandon le vrai » qu’a connu le fils grandi sans père. « J’ai pensé que j’étais le frère de M. dans l’ordre des condamnés au remodelage, à la fiction. Son frère dans l’ordre des intranquilles, des insatiables, des boiteux ».

Il faudra de l’obstination et de l’élan à Simon pour faire, en sens inverse, la route qu’avait empruntée M. adolescent pour retrouver son père et se faire éconduire. Mais cet élan en forme de pulsion de vie, Simon le porte en lui et le fait rayonner à travers tout le livre. Ses interrogations, ses joies, ses désillusions dessinent comme une sismographie de l’intime. La famille, le couple, le passage de témoins d'une génération à l’autre: tout ce qui fait l'épaisseur de nos vies est là, raconté avec une infinie délicatesse.

 

Sylvain Prudhomme sera à la librairie le vendredi 8 décembre à 19h30 pour nous présenter L'enfant dans le taxi: un rendez-vous à ne pas manquer!

 

Éditions de Minuit, 20 eurosbtn commande

Disponible en format numérique ici