librairie
point virgule

Rue Lelièvre, 1 B-5000 Namur | Tél. : +32 (0)81 22 79 37 | info@librairiepointvirgule.be | Du lundi au samedi de 9h30 à 18h30

plexiglasL'avis de Maryse:

À presque trente ans et complètement fauché, Elliott est forcé de retourner à Cholet, la ville de son enfance, pour retrouver du travail. À presque soixante ans et le dos esquinté, Lulu, une caissière du Carrefour de Cholet, est tentée de rejoindre la bande de gilets jaunes qui crament des palettes au rond-point du zoning. Le roman se passe en 2020, et, au rythme des moments clés de l’année qui régissent l’activité commerciale d’un hypermarché de province, raconte l’amitié un peu improbable de ces deux personnages qui, bien malgré eux, vont se retrouver en première ligne des travailleurs « essentiels » durant la crise du Covid.

Plexiglas
 m’a emportée dès les premières pages, comme (ré)immergée dans cette période bizarre et hors du temps des confinements, durant laquelle l’inquiétude et la méfiance contrastait avec les vagues inattendues et parfois vaines – c’est le futur qui l’a montré – de solidarité. Plexiglas m’a clairement fait sourire, émue également, et m’a liée d’amitié avec ses personnages dont, malgré les masques et les plexiglas, je me suis sentie proche. Plexiglas m’a presque rendu sympathique la zone industrielle et commerciale de Cholet, commune du Maine-et-Loire où je n’ai jamais mis les pieds, tant cette cité, ses habitants et leurs virées du week-end dans la galerie commerciale, me rappelaient la ville de province de ma propre enfance.

Mais avant tout, Plexiglas est un roman à l’écriture ciselée, cadencée, ancrée dans le moment présent et assortie d’un remarquable sens de la narration. Enfin, Plexiglas est un concentré d’humanité, drôle et rageur à la fois, un juste hommage à cette « France d’en bas », celle de travailleurs au SMIC qui, pas confinés du tout, ont – faut-il le rappeler – bien trinqué durant une crise sanitaire qui nous paraît déjà si lointaine…

Asphalte Éditions, 21 eurosbtn commande

dragons colinL'avis de Régis:

Les dragons sont jeunes, très jeunes, mais ont déjà vécu mille vies. Les dragons ont la peau dure mais ceux-ci sont blessés, cabossés, mutilés. Les dragons parlent peu, se retranchent, ils ont peur.

Un garçon de 15 ans, submergé par une colère indomptable, est interné pour quelques semaines dans un centre de soins pour adolescents. Et c’est là qu’il les rencontre, ces fameux dragons, ses sœurs et frères de douleur, ces êtres déformés par les violences de notre monde. C’est là aussi que survit Colette, qui doit quitter le centre quelques jours plus tard, le jour de ses 18 ans. Ce qui va unir ces deux adolescents le temps d’un instant est d’une intensité bouleversante. Chaque mot, chaque regard, chaque mouvement a un goût d’éternité, de révolte et de foudre. Vingt ans plus tard, ce même adolescent devenu un homme écrit cette histoire-là…


Jérôme Colin publie un roman intense, tendre et violent à la fois, dérangeant et courageux sur ces adolescents à la dérive. Celles et ceux qui ne veulent pas ou plus grandir, qui refusent notre époque, sa cruauté, sa médiocrité. Celles et ceux dont notre société ne sait pas quoi faire, tant ils sont hors norme.

Les Dragons, c’est un cri de détresse et un cri d’amour. C’est le passé qui ne passe pas et le futur qui peine à convaincre. C’est un roman sur la force. Celle qu’on a en soi, celle qu’on trouve chez les autres. Celle qui souffle dans la littérature.

"J’ai appris tout cela et tant d’autres choses. Là où l’école m’interdisait de copier sur mon voisin, les livres hurlaient qu’il n’y avait de salut que dans l’autre et la coopération. « La force est d’aimer le faible », avait écrit le vieux type au regard triste. C’est de loin la plus importante des leçons. La plus belle phrase de toute l’histoire des phrases."

Éditions Allary, 18.90 euros

Disponible en format numérique icibtn commande

roitelet beaucheminL'avis d'Anouk:

Le roitelet est un roman pudique et délicat qui se tient comme ses personnages "toujours à la périphérie de la joie et de la peine, l'une se déversant dans l'autre et réciproquement, en quelque sorte".

On y suit un écrivain à l'aube de la soixantaine, plein de questions et de passions. Dans une généreuse campagne québécoise il vit auprès de sa femme Livia, du chat Lennon, d'un chien fantasque. Son frère n'est jamais loin, ce cadet qui porte depuis l'adolescence le mot si lourd de schizophrène et sur lequel l'écrivain veille avec douceur et tendresse. Le temps passe et tisse sa toile mais la douleur reste à vif: il faut composer avec elle, arriver à y trouver des éclats de poésie et de beauté. Texte bref, composé de courts chapitres poignants et ciselés, Le roitelet est aussi aérien et gracieux que l'oiseau qui lui offre son titre.

 

C'est ce moment qu'il a choisi pour prononcer ces mots déchirants de lucdité: "Je suis un puits sans fond. J'ai beau fouiller en moi, je n'aperçois rien qu'une nuit profonde. Je suis perdu." Et moi, l'écrivain, le spécialiste des mots, je n'ai pas su quoi lui répondre. Le soir tombait. De la forêt toute proche nous parvenaient les premiers hululements d'un hibou.

Éditions Québec Amérique, 16 eurosbtn commande