Alors c’est bien: ce sont les dernières paroles de Bernard Mélois, le père de Clémentine. Elles disent à merveille l’homme qu’il était, accueillant la vie et la mort avec la sérénité du sage et la douce fantaisie d’un artiste inclassable. Alors c’est bien : et des derniers moments de ce père tant aimé Clémentine Mélois fait le récit lumineux, tout à la fois pudique et sans tabou, habité en parts égales par le chagrin et par une joie profonde.
Alors c’est bien surgit alors que Clémentine Mélois a encore sur les mains des traces de la peinture bleue dont elle a recouvert le cercueil de son père. Chez les Mélois, la tradition familiale veut que l’on s’occupe des sépultures des siens, et Clémentine, sa mère et ses sœurs ont décidé d’offrir à leur grand homme « un enterrement de pharaon ». Une manière d’accompagner le souvenir de celui qui se définissait comme un « bricoleur de l’inutile », et dont les sculptures décalées, nées d’un bric-à-brac d’objets amoureusement collectionnés, reflètent la créativité débridée. Aussi ce récit de deuil est-il avant tout une célébration de la vie, de la beauté, des pouvoirs consolants de l’imagination : « les choses ne sont pas ce qu'elles sont, elles sont ce que l'on veut qu'elles soient ».
Artiste plasticienne, écrivaine, Clémentine Mélois a hérité de son père un sacré talent de touche-à-tout. Membre de l’Oulipo, elle est tout autant capable de nous faire éclater de rire par son sens inouï du détournement (l’hilarant Cent titres ou le roman-photo Les six fonctions du langage) ou de nous donner à penser dans son passionnant essai sur la lecture, Dehors la tempête. Avec son complice Rudy Spiessert, elle est aussi l’autrice de nombreux livres pour les enfants parus à l’École des Loisirs: la formidable série Les Chiens pirates, les aventures désopilantes de La compagnie des griffes ou encore les romans Après minuit ou Bertille.
Gallimard, L'Arbalète, 19.50 euros
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