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en salle baglinL'avis d'Anouk:

Précis, enlevé, féroce: En salle, le premier roman de Claire Baglin, est un électrochoc.

Le récit se construit sur le fil entre deux expériences. D’un côté les souvenirs d’enfance de la narratrice, les vacances au camping, le père et l’usine qu’il a chevillée au corps. De l’autre l’entrée dans l’âge adulte, un premier job au fast-food, la déshumanisation qui passe par le corps abîmé, la flexibilité à outrance (« c’est quels jours, ton week-end ?), la pauvreté des relations humaines, le vide émotionnel et intellectuel.

Les expériences de l’enfant et de la jeune femme alternent, basculent l’une dans l’autre, se frottent et s’éclairent. Le montage est vif, plein d’ellipses et le style aiguisé. Dans les mains de Claire Baglin, le langage est un redoutable outil, il met à nu l’aliénation et la violence sociale.

En salle a la détermination farouche des grands romans sur le travail. Il se tient vaillamment dans la lignée de L’établi de Robert Linhart ou de À la ligne de Joseph Ponthus. Une sacrée révélation!


Les Éditions de Minuit, 16 €btn commande

Disponible en format numérique ici

dessous les roses 1L'avis d'Adrien :

Trois ans après l’épatant « Une partie de badminton », on retrouve l’alter ego d’Olivier Adam, un certain Paul, toujours un peu le même, toujours un peu différent. Il aici les traits d’un Edouard Louis cinéaste. Olivier Adam ne s’empêche pas d’écorcher, avec nuances of course, ce transfuge de classes qui semble étriller sa famille sans trop de scrupules.

« Dessous les roses » c’est la réunion d’une tribu pour l’enterrement du père car comme le disait Michel Audiard, « c'est le sort des familles désunies de se rencontrer uniquement aux enterrements ». Chacun retrouve vite sa place, l’aînée qui a dû essuyer les plâtres et passer l’éponge sur tout avec une bienveillance sans failles, le cadet, Paul, vilain petit canard qui fuit son milieu tout en y revenant toujours, et le petit dernier qui a eu tous les droits et a des difficultés à comprendre son frère qui crache dans la soupe à tout va.
Ça démarre en douceur et avec (un peu trop) de légèreté et ça finit par nous cueillir, avec sa mélancolie, son humour, son acidité, car même dans une famille formidable on se rend parfois compte qu’en dépit de la même éducation, on finit par avoir peu de points communs avec ses frères et sœurs avec lesquels on a pourtant vécu une bonne partie de l’enfance.btn commande

Famille je vous aime, famille je vous hais, un microcosme toujours fascinant qu’Olivier Adam croque à merveille !

Flammarion, 21 €

les exportsL'avis d'Adrien :

Enquête hallucinante sur l’exportation des juifs de Roumanie par l’Etat roumain contre du bétail et principalement contre des porcs.

La famille maternelle de Sonia Devillers fit partie de cet échange nauséabond et improbable et a toujours gardé ce fait confidentiel. Sonia Devillers, la journaliste média de France Inter, retrace l’histoire de la population juive en Roumanie ainsi que l’histoire toute personnelle de sa famille traversant le XXe siècle. Elle nous montre comment la Roumanie fasciste a mené sa Shoah avant la Shoah et comment par la suite, la Roumanie communiste a organisé un juteux trafic d’export avec sa population juive.
On y rencontre notamment un troublant personnage, l’ambivalent passeur et fournisseur de bétail Henry Jakober qui a été l’unique intermédiaire avec le Ministère de l’Intérieur roumain durant toutes les années qu’a duré cette véritable traite d’êtres humains.

Il s’agit là tout à la fois d’un récit historique, journalistique et intime brillant et touchant d’un scandale méconnu. btn commande

Flammarion, 19 €