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immensita de changyL'avis d'Anouk:

À Immensità, la vie se noue autour d’un Jardin vaste et généreux. On y fait ses premiers pas et on y est enterré: le Jardin balise toute l’expérience humaine.

Jusqu’à ce matin où la terre tremble à Immensità. L’haleine glaciale d’une vague noire et subite dévaste cette ville heureuse et disperse les survivants, accueillis dans de lointains dispensaires. C’est là que Mauve, adolescente vaillante, fait la rencontre de Pons. Il faudra du temps et de l’attention pour réparer leurs corps blessés et leurs cœurs inquiets, du temps aussi pour qu’ils regagnent leur ville où le Jardin a repris ses droits. Mais ce temps-là, Mauve, Pons et les autres vont le mettre à profit pour inventer de nouvelles façons d’habiter ensemble.

Récit d’une utopie en marche, Immensità est une fable fervente, portée par la langue aérienne de Victoire de Changy.

Cambourakis,15 eurosbtn commande

du meme bois fayolleL'avis de Régis:

C’est une ferme. Avec des bois tout autour. Et des montagnes qui regardent vers la ferme en pleurant des cailloux. Une ferme avec des vaches, et puis Pépé, Mémé, la tante, l’oncle, la mère. C’est là que grandit la gamine. Au milieu de tout ça. Au cœur même. Et ça gueule, ça meugle, ça chante parfois. Et ça travaille, ça travaille tout le temps jusqu’au corps qui lâche. Alors, les jeunes prennent la place des vieux et on recommence. C’est comme ça, c’est la ferme. La gamine, elle, elle pousse de travers, elle a comme une bête en elle qui rugit, qu’elle ne peut pas contenir, pas dresser, pas soigner. Elle sent qu’elle est différente. Et qu’elle partira. Que cette vie-là ne sera pas la sienne.

En une poignée de chapitres, Marion Fayolle fait surgir tout un monde. Celui de sa famille, fermiers du plateau ardéchois. Des fermiers en fin de parcours, bout du bout d’une lignée ancestrale. Avec des mots simples, elle dit l’amour de la terre, des animaux et du travail bien fait. Le travail répétitif, quotidien, éreintant de celles et ceux qui raclent, récurent, traient, cultivent. Elle dit aussi leur peur de voir les jeunes partir, leur chagrin d’être les derniers.

Dans ce roman, il y a mille odeurs. Des sensations, des accents. Des vaches dont les taches sont comme des continents, des petites îles, un archipel. Des robes à fleurs qui deviennent la prairie. Une Mémé qui a la même silhouette que le prunier du jardin. Le paysage déborde. Etable, paysage, corps : Marion Fayolle traque la beauté.

Elle montre aussi la vie âpre et taiseuse. Le grand-oncle, tout bancal, qu’on cache dans une aile secrète de la ferme, les colères de la gamine qu’on voudrait maîtriser. La mélancolie se faufile dans les failles, et les creux restent béants.

Depuis une dizaine d’années, Marion Fayolle publie des bandes dessinées et des livres illustrés aux éditions Magnani. Pour parler des siens, c’est la forme du roman qui a surgi. Un premier roman, rugueux et doux, qui s’impose par sa singularité. Du même bois est un récit de métamorphose et de transmission. C’est un chemin. De départ et de retour.

 

Gallimard, 16.50 eurosbtn commande

Disponible en format numérique ici

qui vive 4L'avis d'Anouk:

Souvent le monde s’emballe et nous laisse sur le qui-vive. Les catastrophes s’enchaînent – trop de guerres, d’autocrates détestables, trop d’angoisse et de douleur. D’une sidération à l’autre, nos cœurs et nos corps sont malmenés par le chaos du monde. On tente d’esquiver, de parer les coups mais toujours la question revient – Et donc, comment vivre ?

Mathilde est prof d’histoire-géo. « Ce capharnaüm qu’on nomme l’histoire de l’humanité », elle connaît : elle s’efforce jour après jour de l’éclairer pour les ados auxquels elle enseigne. Puis un matin, après tant et tant d’insomnies, il lui faut reconnaître qu’elle n’y arrive plus. Le sens l’a désertée, et ses sens eux aussi la trahissent. Alors Mathilde s’en va.

À son compagnon et à sa fille, elle ne dit pas où la mènera son voyage. Peut-être ne le sait-elle pas non plus lorsqu’elle arrive ce matin-là à l’aéroport. Quelques heures plus tard, elle est au bord de la mer à Tel-Aviv. Un voyage comme une énigme à résoudre, comme un retour à une source profondément enfouie.

Au gré de rencontres qui l’enchantent ou la désarçonnent, Mathilde apprend à apprivoiser son sentiment de perte de repères et de désorientation. Petit à petit, elle recommence à faire corps avec le monde, malgré le chaos et les ébranlements. L’idée fait son chemin que l’imperfection est la condition de la liberté et de la création. « Je défie qui que ce soit de soutenir que notre trajectoire est une ligne droite plutôt qu’une errance, j’en détiens la preuve ». Au bout de son errance, Mathilde aura retrouvé le fil de sa propre vie et d’une nouvelle présence à elle-même et au monde qui l’entoure.

 

Éditions de l'Olivier, 19.50 eurosbtn commande

Disponible en format numérique ici