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faucon pelerin - wescottL'avis d'Anouk:

Été 1940. Alors que la France s'enfonce dans les années sombres de l'occupation, Alwyn Tower, écrivain américain, se souvient avec mélancolie d'un long séjour effectué douze ans plus tôt dans la campagne du Val de Loire.

1928. Alwyn retrouve une vieille amie, Alex, établie en France depuis quelques années. Une après-midi languissante, un couple vient en visite. Irlandais, les Cullen sont en route vers une villégiature en Hongrie. Ils ont connu Alex au Maroc quelques années auparavant, et sont heureux de lui rendre une visite de courtoisie. Mais les Cullen ne viennent pas seuls: sur le poignet de l'épouse trône Lucy, le faucon pèlerin qu'elle a acheté peu de temps auparavant pour assouvir sa passion de la chasse.

Isabel Cullen a été belle. Elle aime s'adonner à des passions aussi dévorantes que rapidement abandonnées (ses enfants devenus grands, la cause des nationalistes irlandais, les voyages au long cours). Lucy est sa nouvelle raison de vivre. L'oiseau ne la quitte pas. D'abord amusés et intrigués, Alex et Alwyn comprennent rapidement que le rapace fait planer une ombre menaçante sur le couple des Cullen. Malgré son apparente bonhomie, l'époux semble en effet ulcéré d'avoir dû céder la place. Soumis aux caprices de sa femme, il attend en se plongeant dans l'alcool de retrouver grâce aux yeux de celle-ci. Et la tension de monter, page après page...

On connaît peu Glenway Wescott. Éclipsé par la gloire de Fitzgerald ou Hemingway, cet autre "Américain de Paris" a pourtant écrit avec "Le faucon pèlerin" un chef-d'oeuvre de suspense, d'une brûlante intensité. Avec subtilité, il fait de Lucy le symbole de l'échec conjugal, de la liberté à jamais perdue, de l'amertume à laquelle sont voués les amants vieillissants. Le texte, qui commence sur un ton alerte et facétieux, avance par petites touches vers le registre de la tragédie. On ne sort pas indemne d'une lecture si malsaine, si dérangeante. C'est pourtant un ravissement de s'y plonger...

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Chapman, Cambourakis, 10 €btn commande

agnes desartheVoici que démarre la rentrée littéraire... Tant et tant de beaux romans débarquent sur nos tables que l'ivresse nous prend, comme chaque année à pareille époque. Parmi nos lectures de rentrée, nous sommes heureux de vous présenter les nouveaux romans de trois auteurs passionnants, que nous suivons depuis longtemps, et qui viendront à la librairie rencontrer leurs lecteurs:

Agnès Desarthe, Diane Meur et Mathias Énard.

puissions-nous - homesL'avis d'Anouk:

"Faites vous-même votre malheur", proposait dans un livre célèbre le psychothérapeute américain Paul Watzlawick. Les personnages de A. M. Homes sont à n'en pas douter très doués en la matière.

Jugez plutôt: deux frères que tout semble opposer, un violent accident, un crime passionnel, un séjour en institut psychiatrique... Dès les premières pages de son roman, la romancière américaine accumule les atrocités et la violence, comme si le sort s'acharnait sur la famille Silver. George Silver, le plus jeune des deux frères, a toujours été colérique, violent et ingérable. Son tempérament hargneux l'a aidé à gravir les échelons et à devenir président d'une chaîne de télé-réalité. Plus sage, son aîné Harry mène une vie un peu terne. Professeur dans une faculté de second ordre, passionné compulsivement par le parcours de Richard Nixon, il a tôt appris à composer avec les sautes d'humeur de George. Quand la vie de la famille dérape, Harry doit endosser de nouvelles responsabilités: s'occuper de ses neveu et nièce adolescents, prendre sous son aile le petit orphelin dont son frère a décimé la famille, gérer son propre divorce et son renvoi de l'Université. C'est beaucoup pour la frèle carrure de ce perdant magnifique...

"Puissions-nous être pardonnés" est une fresque au souffle puissant, un roman sur la vanité, la chute et la rédemption. Et malgré la gravité et la noirceur du propos, "Puissions-nous être pardonnés" est aussi un livre très drôle, une comédie avec des scènes d'une cocasserie et d'un burlesque invraisemblables. A. M. Homes dézingue à tout va un certain rêve américain. La farce va loin, parfois à la limite du supportable, mais sans jamais tomber dans le voyeurisme ou la vulgarité. On pense au "Bûcher des vanités" de Tom Wolfe, parfois aussi aux "Corrections" de Jonathan Franzen (Harry fait immanquablement penser, en pire, à Chip Lambert): A. M. Homes s'inscrit à n'en pas douter dans la meilleure tradition de la littérature américaine. Depuis "Ce livre va vous sauver la vie", elle trace un joli parcours d'écrivaine, profondément dérangeant et original.

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Yoann Gentrick, Actes Sud, 24 €btn commande

pyramide besoinsL'avis d'Edith:

Christopher, 15 ans, vit dans les rues de Londres. Plus précisément, il vit sous un porche de Berwick Street, désormais sa rue à lui et à quelques autres perdants de la vie. Comme Jimmy, son meilleur ami d'au moins 30 ans son aîné.

Puis un jour, un peu par hasard, Christopher s'inscrit à un nouveau jeu de télé-réalité : La pyramide des besoins humains. 15 000 candidats, 5 semaines, un post par candidat tous les dimanches pour convaincre les internautes qui suivent le jeu que leurs besoins humains sont bien satisfaits.

Christopher joue. Avec la vérité de sa vie à lui, faite de froid, de hot-dogs et de cartons. Il passe les niveaux. Et peu à peu, de son sac de couchage sale, il devient une star. Mais à que prix ?

Christopher nous raconte. Comment il est arrivé à Berwick Street mais surtout comment il s'est fait embarquer dans cette drôle d'histoire. Le roman ne parfume pas d'eau de rose son quotidien d'enfant clochard. Mais il n'en fait pas non plus un mélodrame. Le journal de Christopher est franc et plein de réflexions sur la vie, les amis, la réalisation de soi... quel que soit l'endroit où l'on dort.

Ecole des loisirs, 12.80€btn commande

temps glaciaires

L'avis d'Edith:

C'est dans une intrigue à double trame que se dépatouillent cette fois l'original commissaire Adamsberg et le précieux et gentleman commandant Danglard.

La première est glaciale et date. Il y a dix ans, un groupe de touristes est resté bloqué par la brume sur une petite île islandaise. Deux n'en sont pas revenus. Morts de froid, selon les survivants...

La seconde l'est tout autant – glaciale – et d'une certaine manière date encore plus. Au sein d'une association d'études des écrits de Robespierre qui reconstitue, en costumes et personnages, les assemblées nationales de l'époque de la Terreur, des membres se font assassiner sous couvert de suicides.

Du sanglier apprivoisé du Creux au schizophrène convaincu d'être Robespierre, le commissaire Adamsberg se débat avec une pelote d'algues indémêlable. Et le lecteur le suit, amusé et captivé autant par l'enquête que par les reconstitutions allumées dans lesquelles l'équipe d'Adamsberg se retrouve plongée.

Si l'intrigue est un brin tirée par les cheveux, son originalité séduit. Les personnages sont comme toujours chez Vargas particulièrement attachants et son style enjoué se lit avec grand plaisir.

Flammarion, 19.90€btn commande