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mathias enard2Mathias Énard nous fait l'amitié de revenir à la librairie ce lundi 17 octobre à 18 heures 30 pour nous présenter son nouveau livre,

Retrouvez nos chroniques autour des livres lus et des auteurs invités à l'intime festival!

Peter Heller présentera ce samedi 4 septembre "Peindre, pêcher et laisser mourir" (Actes Sud). Son livre précédent est une magnifique découverte pour Adrien:

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Lise Charles a écrit deux romans ébloussants. "Comme Ulysse" (POL) sera lu ce samedi 4 septembre par Anne-Cécile Vandalem. Lise Charles donnera également un entretien dimanche à 16 heures. Lisez la chronique d'Adrien:

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Jens Christian Grøndahl est l'une des grandes voies d'aujourd'hui. Lucas Belvaux lira ce samedi "Les portes de Fer". Geneviève Simon s'entretiendra dimanche avec l'auteur. Lisez la chronique d'Anouk:

portes fer - grondahl

continuer - mauvignierL'avis d'Anouk:

Continuer: a-t-on jamais le choix?

Continuer quand le sens de la vie s'englue, quand les proches sont ailleurs et que se défont les ambitions. Continuer parce que c'est debout que s'éprouve notre humanité. Continuer parce qu'il faut bien trouver le fil de sa propre histoire.

C'est ce mouvement de vie qui porte sublimement le nouveau livre de Laurent Mauvignier.

Pour arracher son fils adolescent à une dérive qu'elle pense délétère, Sibylle l'embarque dans un projet un peu fou: un long périple à deux au Kirghizistan, à cheval, puisque l'amour de l'équitation a longtemps été au coeur de leur complicité. Sibylle semble bien fragile pour ce projet démesuré. Son divorce, son déménagement à Bordeaux, un travail éreintant en milieu hospitalier ont eu raison de ses aspirations profondes. En outre, le silence borné de Samuel, sa violence mal contenue, les dangers du voyage — tout semble indiquer que l'échec est au bout du chemin.

Pourtant Sibylle s'obstine, continue, et veut croire que l'on a tous droit à une seconde chance. Regarder sa vie depuis un autre endroit et poser au quotidien des gestes sur lesquels le temps n'a pas de prise (panser un cheval, dresser un campement, écouter le silence de l'autre) vont jour après jour rapprocher la mère et le fils. On comprend peu à peu pourquoi Sibylle a tenté l'aventure. Car dans sa vie à elle aussi il y a des choses à régler. Comme un élancement, les blessures du passé vont progressivement remonter à la surface Et affronter ses propres démons sera pour elle une voie plus étroite et plus risquée encore que celle qui la relie à Samuel.

Avec ce bouleversant roman d'amour, Laurent Mauvignier montre une fois de plus la maîtrise romanesque qu'il déploie depuis son premier roman, Loin d'eux, paru en 1999. Dans une langue épurée, il donne vie à des personnages véritablement inoubliables et joint aux questions psychologiques et sociales qui sont de chacun de ses livres une dimension neuve et puissante: celle des grands espaces, à la beauté abrupte et somptueuse, qui confèrent à une histoire on ne peut plus intime une dimension presque mythologique.

Laurent Mauvignier sera à la librairie le 22 novembre prochain pour nous présenter Continuer. La rencontre est organisée en partenariat avec la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Namur.

Éditions de Minuit, 17 €btn commande

Disponible en format numérique

037L'avis d'Adrien :

Hig forme avec Bangley un binôme assez efficace. Si un malade errant ou un pilleur a le malheur de s’approcher à moins de 400 mètres de leur camp, il se fait tirer comme un lapin par les fusils haute précision de Bangley. Hig est sentimental, il voudrait négocier, voir la part d’humanité dans chaque homme. Bangley, pas vraiment, lui, la survie en ligne de mire, ne veut prendre aucun risque.

Nous sommes dans un futur proche et trois quarts de la population mondiale a été décimée par une mystérieuse maladie du sang. Ceux qui restent tentent tant bien que mal de poursuivre leur vie. Hig fait donc la paire avec Bangley. Il a perdu sa femme, son enfant, reçoit et donne toujours beaucoup d’affection à son vieux chien Jasper, part avec lui à la chasse, à la pêche, cultive son jardin, compose des haikus. A côté de ça, Bangley son truc, c’est de renforcer sans cesse leur système de défense.

Cette dystopie se situant quelque part entre La Route de McCarthy et Mad Max, l’écriture de Heller, sublime et directe, nous offrent une montagne russe d’émotions. Dans la beauté de la nature qui reprend ses droits sur les constructions humaines malgré la sécheresse de ce nouveau monde, dans la force des sentiments humains confrontés à un tel cauchemar, dans la profondeur psychologique des protagonistes, dans l’humour cynique ou burlesque, face à tant d’horreurs et splendeurs, on reste coi. Cette fable écologique et humaniste est prenante, on est triste d’arriver si vite au bout de ces parts de vie qui nous sont contées. On pourrait suivre les aventures de Hig comme un feuilleton qui ne finirait pas. Les temps sont durs, c’est peu de le dire, mais ça ira peut-être mieux demain.

Ce premier roman de Heller est un bijou, un coup de maître. Sur ce, nous allons nous empresser d’aller lire son deuxième roman au titre magnifique, Peindre, pêcher et laisser mourir.

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy, Actes Sud, 9,70 €btn commande

Disponible en format numérique

036L'avis d'Adrien :

Récit initiatique, comédie dramatique puis drame comique et enfin tragédie, Lise Charles et son écriture enfantine et faussement naïve nous prennent par la main et nous retournent le cerveau. Une pépite bubblegum, intelligente et érudite sans qu’il n’y paraisse.

La môme Française Lou/Loo, comme la maîtresse d’Apollinaire ou en doublant le o augmentant avec fantasque son pouvoir de séduction, se retrouve à New York seule, sorte d’Holden Caulfield au féminin, dégagée par sa sœur ainée qui préfère profiter de ses amants d’un soir en toute intimité que de s’occuper de sa frangine. Remisée dans une petite chambre cradingue, elle suit un temps un poète minet pseudo-branché de Brooklyn. Devenant vite lassant et fade, le jeune enamouré Wolf sera vite remplacé par Peter. Artiste contemporain charismatique, ce dernier va lui demander de lui servir de modèle à long terme, d’apprendre le français à ses énigmatiques enfants, en échange du gîte et du couvert. Prise au piège d’une famille dépressive, Loo se laisse vivre et porter par l’ambiance dans ce cauchemar horrifique et compose au jour le jour, mois après mois avec son ennuyeux quotidien raconté de façon enjouée, à la fois avec drôlerie, légèreté et profondeur.

D’anecdotes en anecdotes, de digressions faussement anodines en regards et interpellations tutoyées face caméra et adressés au lecteur, de phrases, en anglais dans le texte, semées ça et là, soulignant la complexité du langage en rêves oniriques, Lise Charles, son écriture et ses dessins éparpillés, nous emmènent dans le monde d’une ado vive, vivifiante, au charme effronté à qui on ne la fait pas. Crise adolescente, voyage initiatique, heureux (ou pas) qui comme Ulysse revient (ou pas) d’un long voyage !

Je te raconte toute l’histoire d’une manière un peu simplifiée, mais tu ne m’en voudras pas j’espère, c’est pour toi, je fais des efforts pour que tu comprennes la situation. Quand je lis un livre ou que je vois un film, je suis toujours reconnaissante si on me dit tout de suite qui est bon qui est mauvais, qui aime qui et qui déteste qui ; ça rend l’histoire plus facile à suivre et on peut profiter du reste sans se casser la tête. (…) Peut-être je te sous-estime, peut-être je suis la seule idiote à ne pas pouvoir comprendre une histoire s’il y a plus de deux personnages dedans, mais sait-on jamais. Je te dis les choses comme j’ai pensé qu’elles étaient, je peux me tromper, ça peut avoir été plus compliqué, mais tu n’es pas ici pour attraper un mal de tête en te tracassant sur des subtilités psychologiques, et moi non plus. 

P.O.L., 18,90 €btn commande

Disponible en format numérique