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dragons colinL'avis de Régis:

Les dragons sont jeunes, très jeunes, mais ont déjà vécu mille vies. Les dragons ont la peau dure mais ceux-ci sont blessés, cabossés, mutilés. Les dragons parlent peu, se retranchent, ils ont peur.

Un garçon de 15 ans, submergé par une colère indomptable, est interné pour quelques semaines dans un centre de soins pour adolescents. Et c’est là qu’il les rencontre, ces fameux dragons, ses sœurs et frères de douleur, ces êtres déformés par les violences de notre monde. C’est là aussi que survit Colette, qui doit quitter le centre quelques jours plus tard, le jour de ses 18 ans. Ce qui va unir ces deux adolescents le temps d’un instant est d’une intensité bouleversante. Chaque mot, chaque regard, chaque mouvement a un goût d’éternité, de révolte et de foudre. Vingt ans plus tard, ce même adolescent devenu un homme écrit cette histoire-là…


Jérôme Colin publie un roman intense, tendre et violent à la fois, dérangeant et courageux sur ces adolescents à la dérive. Celles et ceux qui ne veulent pas ou plus grandir, qui refusent notre époque, sa cruauté, sa médiocrité. Celles et ceux dont notre société ne sait pas quoi faire, tant ils sont hors norme.

Les Dragons, c’est un cri de détresse et un cri d’amour. C’est le passé qui ne passe pas et le futur qui peine à convaincre. C’est un roman sur la force. Celle qu’on a en soi, celle qu’on trouve chez les autres. Celle qui souffle dans la littérature.

"J’ai appris tout cela et tant d’autres choses. Là où l’école m’interdisait de copier sur mon voisin, les livres hurlaient qu’il n’y avait de salut que dans l’autre et la coopération. « La force est d’aimer le faible », avait écrit le vieux type au regard triste. C’est de loin la plus importante des leçons. La plus belle phrase de toute l’histoire des phrases."

Éditions Allary, 18.90 euros

Disponible en format numérique icibtn commande

roitelet beaucheminL'avis d'Anouk:

Le roitelet est un roman pudique et délicat qui se tient comme ses personnages "toujours à la périphérie de la joie et de la peine, l'une se déversant dans l'autre et réciproquement, en quelque sorte".

On y suit un écrivain à l'aube de la soixantaine, plein de questions et de passions. Dans une généreuse campagne québécoise il vit auprès de sa femme Livia, du chat Lennon, d'un chien fantasque. Son frère n'est jamais loin, ce cadet qui porte depuis l'adolescence le mot si lourd de schizophrène et sur lequel l'écrivain veille avec douceur et tendresse. Le temps passe et tisse sa toile mais la douleur reste à vif: il faut composer avec elle, arriver à y trouver des éclats de poésie et de beauté. Texte bref, composé de courts chapitres poignants et ciselés, Le roitelet est aussi aérien et gracieux que l'oiseau qui lui offre son titre.

 

C'est ce moment qu'il a choisi pour prononcer ces mots déchirants de lucdité: "Je suis un puits sans fond. J'ai beau fouiller en moi, je n'aperçois rien qu'une nuit profonde. Je suis perdu." Et moi, l'écrivain, le spécialiste des mots, je n'ai pas su quoi lui répondre. Le soir tombait. De la forêt toute proche nous parvenaient les premiers hululements d'un hibou.

Éditions Québec Amérique, 16 eurosbtn commande

L'avis deLes contemplées Maryse:

2013, Tunis. À l’issue d’une manifestation violemment réprimée, Pauline, jeune activiste FEMEN française, est arrêtée et est emmenée manu militari à la Manouba, la prison pour femmes de la capitale tunisienne. Entre ses murs sans fenêtres, enfermée dans le Pavillon D – une cellule qu’elle partage avec vingt-huit codétenues –, un nouvel ordre du monde s’impose à elle. Privée de tout contact avec les siens et ignorant le sort que la justice tunisienne lui réserve – le jour où, sans sommation, elle est emmenée au tribunal pour assister à son procès, le traducteur garde le silence et baille aux corneilles tandis qu’avocats et procureur débattent furieusement de son cas en arabe –, Les Contemplations de Victor Hugo est l’unique livre de poche qu’elle a eu le droit d’emmener avec elle en prison. Bientôt, dans les marges de son bouquin, la jeune femme commence à écrire une autre histoire, celle des voleuses, tueuses, victimes d’erreurs judiciaires et autres femmes répudiées par cette société patriarcale à la dure. Des femmes (très) jeunes ou (beaucoup) moins jeunes qui partagent son quotidien en stagnation et qui, petit à petit, l’acceptent comme l’une des leurs, s’ouvrent à elle, se dévoilent, exposent leur vérité et deviennent les « Contemplées », à qui ce texte touchant est dédié.

Un roman autobiographique bouleversant, bel et bien empreint du feu qui habite l’ancienne militante FEMEN qui le rédige : une ferme dénonciation de la condition féminine en Tunisie et un appel puissant à la sororité partout et tout le temps. Mais Les Contemplées, c’est aussi et surtout un récit juste, émouvant et magnifiquement imprégné d’humanité.

Un gros coup de cœur pour cette lecture incandescente, de celles qu’on n’oublie pas !

Éditions La Manufacture de livres, 18,90 euros.btn commande