librairie
point virgule

Rue Lelièvre, 1 B-5000 Namur | Tél. : +32 (0)81 22 79 37 | info@librairiepointvirgule.be | Du lundi au samedi de 9h30 à 18h30

isle of seven cities roland42L'avis d'Anouk:
 

"L'absence est terrifiante et nous avons parfois besoin de la combler en racontant des histoires".

 

Ainsi s'ouvre le très beau livre de l'artiste et réalisatrice Stéphanie Roland, "Île des Sept Cités / Isle of Seven Cities". Stéphanie Roland y part en quête de sept îles fantômes, des îles que nous connaissons par les textes de géographes anciens ou parce qu'elles sont mentionnées sur des cartes, mais qui n'existent pas.
 
Pourquoi ces îles ont-elles été inventées? Quels intérêts ont-elles servi au fil des siècles? Comment ces territoires de fiction ont-ils longtemps paru si vrais, suscitant recherches, légendes, explorations?

 

Le livre ouvre des questions passionnantes mais séduit surtout par sa poésie, la beauté de ses images, le vertige qu'il suscite.

 

Il est magnifiquement édité par TheEriskayConnection (édition bilingue français/anglais, 42 euros).

 
 
 
 
isle of seven cities roland62isle of seven cities roland02

Challah la danseL'avis d'Adrien :

Bienvenue au Lotissement !
Aux côtés d’un village périphérique de France, un quartier résidentiel a été créé par un patron paternaliste d’une petite usine textile afin de loger ses ouvrières et ouvriers. Ces derniers forment une première génération d’immigrés issus du Maghreb arrivés en France dans les années 1960/70. Dalya Daoud nous invite à suivre les turpitudes de leurs enfants, adolescent·e·s dans les années 1990.

Construit sous forme de chroniques qui ne suivent pas forcément un ordre chronologique, comme pour mieux nous perdre dans le fameux Lotissement ouvrier et l’intimité des familles en présence tout en approfondissant nos connaissances des lieux et des gens, ce roman brasse petites anecdotes et grands événements avec une acuité sociologique imparable. Dalya Daoud nous prend par la main et aussitôt nous happe dans les échos d’aventures du quotidien contés avec un grand sens de la narration.

“Challah la danse” est un livre truffé de références générationnelles, les années 1990 en plein et en même temps l’adolescence dans ce qu’elle a de plus universel, en test, en apprentissage, en révolte.

Le Nouvel Attila, 19.50 €btn commande

la desinvoltureL'avis d'Adrien :

Philippe Jaenada enquête, lit, écrit, boit beaucoup, du bon et du mauvais whisky, digresse énormément. Il fait tout de façon démesurée et c’est là qu’apparaît la littérature, la musique de Jaenada, passionnante, gargantuesque, exhaustive, drôle dans le drame.

L’auteur nous présente une cartographie de la jeune population du café Les Moineaux dans le Saint-Germain-des-Prés du début des années 1950, pas le Saint-Germain littéraire et chic mais le mal-famé, le crade, l’embrumé, le modianesque. Modiano revient d’ailleurs souvent dans ce livre, de même que Guy Debord, ce dernier ayant fréquenté tout ce petit monde. Jaenada emprunte une magnifique phrase du Premier Manifeste situationniste pour le titre de ce roman.

Nous avons affaire à des jeunes femmes et hommes qui avaient entre dix et quinze ans durant la Seconde Guerre mondiale, ils étaient trop jeunes pour être mobilisés mais assez âgés que pour percevoir et comprendre l’horreur de la guerre. Il s’agissait aussi bien d'enfants de collabos que d’enfants de déportés. Ils et elles ont eu des destins flamboyants et fracassés à l’image de Jacqueline Harispe, surnommée Kaki que l’on voit sur la couverture et qui est le point de départ de l’enquête de Jaenada. Comment cette jeune femme, un temps mannequin chez Dior, fiancée à un ancien soldat américain, qui avait l’avenir devant elle, a pu se défenestrer à l’âge de 20 ans ?

A travers un livre de photos de l’époque, du néerlandais Ed Van der Elsken “Love on the Left Bank”, Jaenada a retrouvé tous les jeunes présents dans le fameux café et, à sa manière, entière et par détours, tel un enquêteur obsessionnel, a pisté leur histoire, l’histoire de leurs ascendants, l’histoire de leurs descendants. Il nous revient de façon évidente mais assez étourdissante ici que “la vie est une gigantesque toile de coïncidence troublantes”.
Comme pour harmoniser la théorie par circonvolutions à la pratique, l’auteur donne respiration au récit en relatant le tour de la France par les bords, longeant les frontières, qu’il fait durant la rédaction de ce livre. Régulièrement, en vieux bougon, il grogne contre la disparition des bars qui pullulaient à l’époque de ses protagonistes.

Mialet-Barrault, 22 €btn commande