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Oiseaux de passage est l'exploration, avec un regard affûté et un humour corrosif, de l’intimité d’un homme stoïque, à la mauvaise foi crasse, en parfait décalage avec son époque.
Toni, quinquagénaire madrilène, professeur de philosophie, divorcé et boomer assumé, décide de mettre fin à ses jours un an plus tard – non pas sous le coup d’une quelconque dépression, mais par lassitude existentielle. Nous lisons donc le journal de sa dernière année sur terre, dans lequel il consigne, sans fil et sans filtre, le récit quotidien de son existence, présente et passée. Le roman, à la structure complexe, se déploie comme un grand patchwork confectionné à partir de ses fantasmes débridés, de ses petites misères, de ses mini victoires et de ses gros regrets.
A priori, on lit donc l’autoportrait d’un parfait cynique, auquel on s’attache pourtant sincèrement. Jamais l’humour ne quitte le personnage et sa vision du monde est décalée, intelligente – quoique discutable – et pleine de répartie. Du reste, l’amitié, l’amour, la liberté traversent chaque mot de ce qui demeure en définitive une incontestable ode à la vie.
Un roman dense, structuré, charpenté, complexe, parfois un peu cérébral et en même temps tellement envoûtant.
Actes Sud, traduit de l'espagnol par Claude Bleton, 26 euros
Disponible en format numérique ici
C’est un roman âpre et terreux, souvent déchirant. On dirait un vieux blues, de ceux qui remuent l’âme et vous laissent étourdis. Iona Moon est un roman paru il y a près de trente ans, injustement méconnu, et que les éditions de l’Olivier ont la grandiose idée de rééditer dans leur « Bibliothèque ». Avec ses accents faulknériens, l’énergie impétueuse et trash qui en fait un pendant féminin du Seigneur des Porcheries de Tristan Egolf, la force de résilience de son héroïne, Iona Moon a tout pour faire partie des chefs-d’œuvre de la littérature américaine.
Fille des grandes plaines américaines, Iona Moon sent la terre et la misère, la brutalité d’un monde sans affection, sans consolation. Nous la suivons de la sortie de l’enfance à l’entrée dans l’âge adulte. Son chemin de vie est bordé de fantômes, d’hommes violents et de dangers, mais Iona l’affronte sans jamais baisser les yeux. Elle sait que "C’est le cœur blessé qui fait de nous des êtres humains".
Pour peindre cette héroïne hors norme et la petite ville de l’Idaho où elle grandit, Melanie Rae Thon fait exploser les frontières entre les genres. Sa langue tantôt crue tantôt lyrique, la fluidité de sa narration, le phrasé syncopé et elliptique: tout cela crée un monde puissamment incarné, pétri de désespoir et de contradictions. Il se dégage du livre un magnétisme peu commun.
Vous n’oublierez pas Iona, adolescente indomptable à qui l’on a volé l’innocence mais pas le pouvoir de désirer.
Éditions de l'Olivier, traduit de l'anglais (États-Unis) par Elisabeth Peellaert, 11.90 €
Pour vous promener dans la parfaite Bibliothèque des éditions de l'Olivier, c'est par ici!
Damon Galgut est un immense écrivain sud-africain. Son œuvre, traduite par les éditions de L'Olivier, est à découvrir toutes affaires cessantes.
De livre en livre, Galgut scrute son pays et décortique avec une force insoutenable les ravages du racisme ordinaire.
Son dernier roman, La promesse, a reçu le Booker Prize en 2021 et est paru en français en mars dernier. C'est, sans aucun doute, un véritable choc de lecture qui vous attend.
Une femme meurt dans une famille blanche de propriétaires terriens, près de Pretoria. Elle a à peine quarante ans, un mari, trois enfants et elle quitte ce monde avec une demande, presqu'une supplication: que son époux lègue à Salome, la domestique noire, la petite maison qu'elle occupe, au bout de leurs terres. L'instant est déchirant, l'homme pleure. Et il promet.
Cette promesse sera le coeur-même de ce roman saisissant. Car elle ne sera pas tenue, car elle n'aura de cesse de diviser cette maudite famille Swart. Car elle est le reflet d'un pays divisé, écartelé, malade.
Sur une trentaines d'années, de 1986 à 2018, Galgut explore le déclin d'une famille, les rancoeurs, les regrets et les convoitises qui détruiront chacun de ses membres. Roman choral, La promesse n'est pas pour autant une saga familiale. C'est davantage le portrait d'une société, et une réflexion puissante sur le racisme.
Politique, poétique, dérangeant, lumineux, inoubliable. La promesse est un texte rare, ne passez pas à côté.
Éditions de l'Olivier, traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Hélène Papot, 23 €
Disponible en format numérique ici