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canneL'avis d'Adrien :
 
Jean Toomer fut avec Canne le fer de lance de l’Harlem Renaissance, mouvement de renouveau de la culture afro américaine de l’entre-deux-guerres. Toomer disait que coulait en lui sept sangs différents mais quand dans sa jeunesse on le qualifiait de métisse, lui se revendiquait américain. C’est en se confrontant à la ségrégation raciale du sud qu’il affirma son identité afro-américaine et vint alors Canne.
 
Publié en 1923 – la présente traduction française est celle de 1971 exclusivement destinée alors à l’Afrique francophone – mélange de chants, poèmes, nouvelles, à la fois onirique et réaliste, cartographiant avec lyrisme le peuple afro de Géorgie ainsi que les quartiers noirs de Washington, Canne (comme le sucre de, et ses plantations du Sud) est assurément un chef d’œuvre de la littérature du 20e siècle et c’est peu de le dire. Tout cela coule d’une belle source, on sent que chaque mot est naturellement pesé et soupesé, le mot juste placé au bon moment au bon endroit de sorte que cela nous entraîne dans un tourbillon de littérature, on peut le relire sans fin en découvrant à chaque lecture un nouvelle trésor caché. Les mots manquent réellement pour dire la beauté de Canne et je mentirais par omission si je ne vous disais pas simplement que c’est absolument magnifique et puissant. Toomer s’immerge complétement dans chacun de ses personnages, dans chacun de ses poèmes. Il nous parle des afro américains, de leur condition, esclavagisme aboli dans la loi, esclavagisme toujours bien présent dans les faits, ce qui malheureusement se vérifie encore en grande partie, notamment aux Etats-Unis.
 
La bonne littérature éclaire le lecteur d’une lumière nouvelle, la grande littérature s’insinue en chacun de nous, transcende son temps, et sa puissance se vérifie bien après sa publication, Canne est de cette trempe.
 
Et si vous n’êtes pas encore convaincu, je terminerai cette bafouille par ce qu’en dit un éminent confrère « Des mots comme chef d’œuvre ne suffisent pas. Je donne 90 % de ce que j’ai lu dans ma vie pour ce seul livre. Et je suis sérieux. »
 
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Wagner, Ypsilon, 20 €
 

en route vers toi L'avis d'Edith:

Ce livre, on le boit. Les mots coulent, l'histoire avec et on bondit à chaque chapitre du début du 20e siècle au début du 21e. Dans les années 1900, nous sommes avec Signe. Une jeune femme pleine de force, institutrice primaire dans un village de la campagne suédoise, qui se lance dans la lutte pour les droits civiques des femmes. Signe milite pour le droit de vote, écrit... et tombe amoureuse d'une autre femme. Un siècle plus tard, nous sommes Hanna, jeune femme désenchantée et un peu perdue. Puis un jour, Hanna se retrouve successivement en possession de quatre objets qui ont appartenu à Signe. Les bottines d'un siècle au pied et d'une démarche toute neuve, Hanna mène sa drôle d'enquête.

« En route vers toi » nous transporte dans l'univers des suffragettes suédoises du 20e siècle, en faisant résonner avec force leur écho dans le présent. Une puissante histoire de femmes, de féministes, d'amour, d'idéaux et de courage quotidien. Et une petite touche de magie, cachée dans une paire de bottines, une paire de lunettes, une règle et une broche...

Magnifique roman !

Actes Sud, 23.80€btn commande

suppleant - pulcinelliL'avis d'Anouk:

À peine plus grand qu’une main tendue, voici un livre fraternel et beau.

En 1960 et 1961, Fabrizio Puccinelli est enseignant intérimaire à Villalta puis à Bagni di Lucca, au cœur des Apennins. Là, dans la solitude âpre de cette Italie presqu’abandonnée, dans « le conflit dramatique entre cette société archaïque et le monde d’aujourd’hui », il entreprend de tenir un journal. Ce sont ces pages que nous donnent à lire aujourd’hui, comme tirées de l’oubli, les fabuleuses éditions Héros-Limite.

On y lit l’ennui et la misère, le poids des fidélités dans ce monde sur lequel le temps semble ne pas avoir prise. On y lit aussi la fascination du jeune enseignant pour l’irréductible liberté des enfants, qu’il prend soin de ne pas trop abîmer. Et puis il y a l’amour des livres et des histoires, qui consolent Fabrizio Puccinelli de l’infinie tristesse des hivers à Villalta. « En chacune des lumières qui me parviennent, je m’aperçois que des histoires font encore signe, en attente, comme si toutes celles qui avaient été écrites jusqu’à ce jour ne pouvaient en tarir la source »

La vie bruisse entre les pages, fragile comme une esquisse mais fervente, vibrante, bouleversante.

Traduit de l'italien par Marc Logoz, Héros-Limite, collection Tuta Blu, 16 €btn commande