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Il est des joyaux qu'il est surprenant de seulement découvrir. Don Carpenter est l'un d'eux et le magnifique travail de traduction française par Céline Leroy aux éditions Cambourakis se poursuit avec cet excellent roman.
Un style direct qui touche droit au but et sonne juste, comme si l'auteur se trouvait dans le cœur de chacun de ses lecteurs et ressentait au plus près ses émotions, comme peu savent le faire en réalité.
À la manière d'un Carver, Don Carpenter nous brosse dans ses romans des instantanés de vie avec un tel brio que nous sommes loin d'oublier son nom après l'avoir lu.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Céline Leroy, Cambourakis, 24€
Jonathan Franzen a décidément bien du mal à se défaire de l'étiquette de "grand romancier américain" qu'il porte depuis quinze ans: à l'instar des Corrections, chacun de ses livres — romans ou essais, tel le bouleversant Zone d'inconfort — laisse exploser un talent hors norme, un sens inouï des personnages, la puissance d'une mécanique narrative mise au service de détails infimes, subtils, infiniment sensibles.
Purity déploie sur quatre décennies et trois continents une impressionnante galerie de personnages tourmentés, comme en délicatesse avec l'existence. Entre tous ceux-ci les fils se tissent, se tendent, se brisent, dessinant des relations complexes et équivoques. L'art de créer et de lancer dans le monde des personnages fascinants est assurément la face la plus bluffante de la virtuosité de Jonathan Franzen. Il y ajoute dans Purity une dimension politique plus mordante encore que dans ses précédents romans, tendant à notre époque un miroir peu flatteur. Car Purity est un livre sur l'injonction de pureté et de transparence, maîtres mots de notre temps, qui cachent sous un idéalisme de façade bien des dévoiements: fascination narcissique, manipulation, troubles identitaires...
Implacable, le roman emmène son lecteur à vive allure vers un dénouement contrasté. Pourtant, malgré la noirceur glaçante du constat, Purity est aussi un livre profondément drôle, avec des scènes d'une cocasserie incroyable, et profondément émouvant: le frisson ressenti en côtoyant Purity, Leila et les autres ne vous quittera pas de sitôt.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Olivier Deparis, L'Olivier, 24.50 €
Également disponible en format numérique
Le mois de juin ne manque jamais de ramener la famille Kaan à ce lointain jour d'été qui a vu la mort de Hanne, deux ans à peine. Quarante ans ont passé mais la plaie reste à vif, et malgré les efforts de chacun l'unité familiale n'est qu'une façade fragile.
Dans le monde rural du nord des Pays-Bas, décor déjà du très beau Là-haut tout est calme qui a fait découvrir aux lecteurs francophones l'œuvre de Gerbrand Bakker, le silence pèse le poids du désespoir et la folie guette. Gerbrand Bakker peint avec finesse et une grande économie de moyens la dérive de ces êtres abîmés, à jamais exilés de leur propre destin. La pudeur de sa plume, la lumière étrange des paysages et l'intrépidité d'une enfant de cinq ans, fille de l'un des frères de Hanne qui entend bien trouver réponse à ses interrogations, donnent à cette poignante tragédie une résonance profondément universelle.
Traduit du néerlandais par Françoise Antoine, Gallimard, 22 €
Disponible en format numérique