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doerrL'avis d'Edith

Un père construit pour sa fille aveugle de parfaites répliques miniatures des villes où ils vivent pour qu'elle puisse s'y retrouver sans yeux.En Allemagne, un garçon orphelin et sa sœur réparent en secret un poste radio et captent la mystérieuse émission d'un Professeur français.Un diamant. Un gardien de clés aux doigts de fée.Et puis la Guerre qui éclate et bouscule les pièces paisiblement rangées de l'échiquier.

Dans Saint-Malo occupée par les Allemands, Marie-Laure se débrouille avec Jules Verne, les coquillages et son oncle à moitié fou. Dans l'est de l'Europe, Werner traque les émissions clandestines de résistants. En Europe, un homme cherche des pierres précieuses, obsédé par une en particulier.

Si l'histoire a lieu pendant la Seconde Guerre mondiale, « Toute la lumière que nous ne pouvons voir » n'est pas vraiment un roman de guerre pour autant. Il est le roman coloré de deux chemins qui se faufilent à travers un monde retourné. On suit Marie-Laure à travers ce qu'elle voit sans voir, Werner à travers ce qui l'emporte sans pouvoir résister.

C'est la fresque captivante de plusieurs destins au cours de la guerre 1940-1945, portés par la plume énergique, parfois lyrique, d'Anthoy Doerr et par des chapitres courts et haletants.

Albin Michel, 26.35€btn commande

expo 58L'avis d'Adrien :

Expo 58 démarre comme un pastiche de roman d'espionnage. La mission du jeune bureaucrate Thomas Foley sera de surveiller le pavillon britannique de l'exposition universelle, freiner les agents doubles dans leurs agissements, contrecarrer les demandes de renseignements des espions russes ou américains. En vrai, alors que les autres nations ont voulu en mettre plein la vue avec leurs technologies de pointe, l'Angleterre n'a de son côté construit qu'un faux pub en bois, le Britannia. On comprend dès lors assez vite que le sel de l'histoire ne se situe pas dans le roman d'espionnage mais bien dans le bouleversement de la vie du jeune Thomas. En effet, ayant laissé femme et enfant dans la banlieue de Londres, il s'est laissé doucement puis ardemment charmé par la jeune hôtesse flamande Anneke. Ce qui donne lieu à de très belles scènes sur la naissance d'un amour et d'autres plus ingrates évidemment sur le désamour.
Tour à tour drôle, burlesque puis mélancolique, Expo 58 est sans conteste plus profond qu'il n'y paraît. Bien que le ton reste assez léger, il nous parle de la peur, probablement universelle, de passer à côté de sa vie et de ne pas toujours faire les bons choix.btn commande

Traduit de l'anglais (Angleterre) par Josée Kamoun, 8 €

faucon pelerin - wescottL'avis d'Anouk:

Été 1940. Alors que la France s'enfonce dans les années sombres de l'occupation, Alwyn Tower, écrivain américain, se souvient avec mélancolie d'un long séjour effectué douze ans plus tôt dans la campagne du Val de Loire.

1928. Alwyn retrouve une vieille amie, Alex, établie en France depuis quelques années. Une après-midi languissante, un couple vient en visite. Irlandais, les Cullen sont en route vers une villégiature en Hongrie. Ils ont connu Alex au Maroc quelques années auparavant, et sont heureux de lui rendre une visite de courtoisie. Mais les Cullen ne viennent pas seuls: sur le poignet de l'épouse trône Lucy, le faucon pèlerin qu'elle a acheté peu de temps auparavant pour assouvir sa passion de la chasse.

Isabel Cullen a été belle. Elle aime s'adonner à des passions aussi dévorantes que rapidement abandonnées (ses enfants devenus grands, la cause des nationalistes irlandais, les voyages au long cours). Lucy est sa nouvelle raison de vivre. L'oiseau ne la quitte pas. D'abord amusés et intrigués, Alex et Alwyn comprennent rapidement que le rapace fait planer une ombre menaçante sur le couple des Cullen. Malgré son apparente bonhomie, l'époux semble en effet ulcéré d'avoir dû céder la place. Soumis aux caprices de sa femme, il attend en se plongeant dans l'alcool de retrouver grâce aux yeux de celle-ci. Et la tension de monter, page après page...

On connaît peu Glenway Wescott. Éclipsé par la gloire de Fitzgerald ou Hemingway, cet autre "Américain de Paris" a pourtant écrit avec "Le faucon pèlerin" un chef-d'oeuvre de suspense, d'une brûlante intensité. Avec subtilité, il fait de Lucy le symbole de l'échec conjugal, de la liberté à jamais perdue, de l'amertume à laquelle sont voués les amants vieillissants. Le texte, qui commence sur un ton alerte et facétieux, avance par petites touches vers le registre de la tragédie. On ne sort pas indemne d'une lecture si malsaine, si dérangeante. C'est pourtant un ravissement de s'y plonger...

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Chapman, Cambourakis, 10 €btn commande