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018L'avis d'Adrien :

Récit initiatique touchant, chronique hollywoodienne off d'une époque révolue, ce roman écrit en 1977 et jusqu'ici inédit en français est un livre humaniste, hilarant et décadent.
La carrière des parents de Darcy O’brien, tous deux acteurs et bien qu'ayant eu des rôles dans des films importants, n’a été qu’une lente et longue descente. Darcy nous raconte le début de sa vie d'enfant unique avec des parents capricieux. Le père est un être lunaire, toujours perché sur une autre planète, la mère, une vamp affriolante, alcoolique, dépensière et foireuse.
Tout jeune, Darcy ne comprend pas tout ce qui se passe autour de lui et vit de façon heureuse se laissant bercer par son insouciance. Et nous avec lui. On le voit notamment à sept ans, animer les fins de soirées d'adultes éméchés en grimpant sur les tables pour déclamer du Shakespeare après avoir terminé les bouteilles. Nous pensons à un quotidien original avec des parents probablement parfois encombrants mais formidables et attachants. Les voyages, les amis, les fêtes organisées au ranch familial, appelé
Casa Fiesta, sont grandioses. Ensuite, Darcy grandit et se fait plus fin observateur du marasme dans lequel sa famille se trouve. Il va petit à petit mais inexorablement se détacher de ses géniteurs complètement barrés et quasi détestables par leurs défauts plus qu'appuyés.

Lucide, O’Brien ne cache rien de ce qu'a été sa famille. Mais il le fait avec une pudeur d’où se dégagent mélancolie et humour. L'humour ici se fait politesse du désespoir de voir ses parents se relever un jour. Darcy O'Brien dépeint également tout ce petit monde avec un sens du rythme et un comique pince-sans-rire imparables. Conjointement au déclin du Hollywood des années 1960, nous suivons donc la dégringolade fantasque et pathétique de deux acteurs ratés qui, malgré toutes leurs tares, reçoivent une belle déclaration d’amour de leur fils Darcy.

Autobiographie racontée à hauteur d’homme, « Une vie comme une autre » charme par son originalité formelle ainsi que par sa drôlerie et son entrain présents à chaque page. Moteur !

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Éditions du sous sol, traduit de l'américain par Lazare Bitoun, 19 €

neverhomeL'avis de Régis :

Neverhome, tout juste publié par Actes Sud, fera date dans la littérature américaine. La guerre de Sécession éclate, une jeune paysanne de l'Indiana part au front à la place de son époux à la santé fragile. La robuste Constance devient donc le soldat Ash Thompson pour sauver l'honneur de son homme et de leur couple. Inoubliable personnage que cette femme dont nous suivons, page après page, la transformation, l'endurcissement. C'est à travers ses yeux que nous voyons la guerre, la vie brisée des hommes au combat. C'est à travers ses mots, ceux qu'elle écrit à son mari, que nous soupçonnons ce qu'elle traverse. Dans ses lettres, elle peut redevenir l'épouse, la femme. Aux yeux de tous les autres, elle est un bon soldat, fort et courageux. Embarquez dans ce roman qui vous mènera loin, dans ses régions de l'âme que seule la grande littérature arrive à explorer !

Ce dimanche 30 août à 15 heures 45 dans la Grande Salle,  dans le cadre des entretiens, Geneviève Simon, journaliste à la Libre Belgique, animera la rencontre avec Laird Hunt. Des extraits seront lus par Claire Bodson.btn commande

Actes Sud, traduit de l'américain par Anne-Laure Tissut, 22 €.

 

fusil de chasseL'avis d'Adrien :

Un chasseur, Josuke Misugi, pensant s'être reconnu dans la sagacité des vers d'un poète, se confie à lui en lui envoyant trois lettres de femmes qui l'ont à jamais bouleversé.

La première lettre vient de la fille de la maîtresse de Josuke, la deuxième de son épouse, Midori et la troisième de sa maîtresse elle-même, Saïko. Treize ans durant, il a entretenu cette relation adultérine et, comme souvent, l'homme a cru avoir tenu ça secret et n'a rien vu venir de ces trois confessions déchirantes. Si la première exprime la tristesse d'une fille ayant perdu sa mère, la deuxième exprime la froideur d'une femme trompée, désabusée et Saïko vient clore la tragédie avec sa passion dévorante et désespérée.

Intense récit de ce qui aurait pu être une banale histoire d'adultère, l'auteur, par sa précision et par ses apports délicats à la trame du roman nous livre une version sublimement tragique et intemporelle du couple maudit. Un livre bref, comme souvent chez Inoué, qu'une fois lu, on voudrait de suite relire pour tenter de saisir toute la subtilité du trait de l'auteur japonais.btn commande

Puisque nous ne pouvons éviter d'être des pécheurs, soyons du moins de grands pécheurs.

Ce dimanche 30 août à 12 heures,  dans le cadre des grandes lectures, Noémie Lvovsky nous lira Le fusil de chasse.

Le Livre de poche (bibliopoche), traduit du japonais par Sadamichi Yokoo, Sanford Goldstein, Gisèle Bernier, 4,60 €