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yeux fardes - llachL'avis d'Edith:

On connaît Lluís Llach pour sa musique, comme une figure emblématique de la culture catalane. Dans son premier livre, Lluís Llach déploie la même franchise. Et on devine derrière la traduction colorée la saveur du texte original en catalan.

« Les yeux fardés » parle de Barcelone, de 1936, des années qui ont précédé et de celles qui ont suivi. Par rapport à d'autres livres qui abordent le sujet de la Guerre d'Espagne de façon frontale, Lluís Llach nous y amène ici doucement, en nous présentant d'abord quatre inséparables amis. Germinal, David, Mireia et Joana sont nés et ont grandi ensemble dans le quartier portuaire de la Barceloneta. On s'attache à eux, à leur amitié sacrée, aux liens qui unissent leurs parents et leur quartier, au militantisme de certains de leurs pères, à l’École de la Mer où ils vont, une des premières écoles alternatives de l'époque. Puis 1936 arrive. Et avec cette année terrible, une foule d'illusions puis de terribles coups du sort.

Germinal, le narrateur, ne tient pas à nous raconter les événements historiques. Ce qu'il veut, c'est raconter son histoire d'amour, inextricablement liée à l'Histoire elle-même. S'il ne s'étend donc pas sur les analyses et les jugements idéologiques, il ne peut s'empêcher de s'enflammer pour l'époque et ce qu'elle a porté.

C'est un roman sur 1936 qui en parle un peu différemment, avec le regard de côté plein d'humanité fragile de l'adolescent qui grandit. Et comme beaucoup d'autres des romans sur 1936, il fait rêver et pleurer.

Traduit du catalan par Serge Mestre, Actes Sud, 22.80 € ou en version poche, Babel, 8.90 €

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yeux fardes poch - llach

038L'avis d'Adrien :

Avec une écriture qui coule de source, des ellipses sous forme de points de suspension, des jours qui se répètent mais ne sont évidemment jamais les mêmes, Katchadjian nous livre un conte étonnant et captivant où se battent mine de rien des concepts philosophiques de haut vol. Un esclave, acheté par un homme libéral qui le considère comme son égal si ce n’est qu’il lui fait faire les tâches les plus horribles qu’on puisse imaginer, sans qu’on en apprenne plus sur celles-ci, va vouloir tuer son maître pour libérer les autres esclaves du château. Dès lors, une vague de liberté va pousser les affranchis à libérer d’autres esclaves d’autres maîtres d’autres châteaux. Mais peut-on vraiment atteindre une liberté universelle sans que le mécanisme se grippe, sans atteindre à la liberté d’autrui ?

Dans un moyen-âge réinventé, nous parcourons un monde où une apocalypse de cendres et un paradis ensoleillé et verdoyant ne sont jamais loin de l’autre et nous font réfléchir à nos engagements individuels quotidiens et à nos actions collectives et tout ça en nous divertissant avec une histoire à la fois tellement simple et barrée qu’on ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer. L’Argentin Pablo Katchadjian, qui, de par son origine a pu observer révolutions sud-américaines et littérature onirique (entre autre Borges), se joue de nous, nous tient comme des pantins et jette un voile absurde qui nous dépasse tous, héros et lecteurs. Allez-y, foncez dans la clarté sombre de Merci, l’histoire est aussi belle et bien fichue que l’est l’objet livre conçu par la toute jeune et très recommandable maison d’édition Vies // Parallèles.btn commande

Vies Parallèles, traduit de l'argentin par Guillaume Contré, 15 €

018L'avis d'Adrien :

Récit initiatique touchant, chronique hollywoodienne off d'une époque révolue, ce roman écrit en 1977 et jusqu'ici inédit en français est un livre humaniste, hilarant et décadent.
La carrière des parents de Darcy O’brien, tous deux acteurs et bien qu'ayant eu des rôles dans des films importants, n’a été qu’une lente et longue descente. Darcy nous raconte le début de sa vie d'enfant unique avec des parents capricieux. Le père est un être lunaire, toujours perché sur une autre planète, la mère, une vamp affriolante, alcoolique, dépensière et foireuse.
Tout jeune, Darcy ne comprend pas tout ce qui se passe autour de lui et vit de façon heureuse se laissant bercer par son insouciance. Et nous avec lui. On le voit notamment à sept ans, animer les fins de soirées d'adultes éméchés en grimpant sur les tables pour déclamer du Shakespeare après avoir terminé les bouteilles. Nous pensons à un quotidien original avec des parents probablement parfois encombrants mais formidables et attachants. Les voyages, les amis, les fêtes organisées au ranch familial, appelé
Casa Fiesta, sont grandioses. Ensuite, Darcy grandit et se fait plus fin observateur du marasme dans lequel sa famille se trouve. Il va petit à petit mais inexorablement se détacher de ses géniteurs complètement barrés et quasi détestables par leurs défauts plus qu'appuyés.

Lucide, O’Brien ne cache rien de ce qu'a été sa famille. Mais il le fait avec une pudeur d’où se dégagent mélancolie et humour. L'humour ici se fait politesse du désespoir de voir ses parents se relever un jour. Darcy O'Brien dépeint également tout ce petit monde avec un sens du rythme et un comique pince-sans-rire imparables. Conjointement au déclin du Hollywood des années 1960, nous suivons donc la dégringolade fantasque et pathétique de deux acteurs ratés qui, malgré toutes leurs tares, reçoivent une belle déclaration d’amour de leur fils Darcy.

Autobiographie racontée à hauteur d’homme, « Une vie comme une autre » charme par son originalité formelle ainsi que par sa drôlerie et son entrain présents à chaque page. Moteur !

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Éditions du sous sol, traduit de l'américain par Lazare Bitoun, 19 €