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bateau usineL'avis d'Edith:

Écrit en 1929, « Le bateau-usine » (Kanikosen) est considéré comme un chef d’œuvre de la littérature prolétarienne. Au Japon, les bateaux-usines sont d'énormes paquebots croulants consacrés à la pêche au crabe. Le Hakkô-maru est l'un de ces bateaux. Naviguant vers le nord et la mer du Kamtchatka, ils partent pour plusieurs mois avec des centaines d'hommes à bord. Ceux-ci, paysans, pêcheurs, anciens mineurs, ouvriers travaillent alors dans des conditions terribles et se retrouvent à la merci de l'intendant du bord, bras armé de l'entreprise en mer.

Pas tout à fait bateau, la loi de la mer ne compte pas à bord. Il n'est pas question de porter secours à un navire en détresse au risque de faire moins de profits. Pas tout à fait usine, rien n'est là pour protéger les travailleurs. Travail forcé jusqu'à l'épuisement, châtiments corporels en cas de baisse de production, régime alimentaire misérable, crasse, maladies, accidents, froid... La condition des travailleurs japonais dans les années 1920 est dépeinte avec un violent réalisme par Kobayashi Takiji. Face aux profits de l'industrie du crabe, la vie d'un homme d'Hokkaidô ne vaut rien.

Les hommes sélectionnés par l'entreprise pour travailler sur les bateaux-usines sont ceux les plus éloignés du syndicalisme. Mais les terribles conditions de travail et de vie en mer deviennent la meilleure recette pour qu'ils se rassemblent et se révoltent. À une époque où les idées rouges d'une Russie communiste menacent le Japon, les bateaux-usines connaissent alors les premières grèves.

Le livre, censuré lors de sa sortie en 1929, a connu en 2008 un regain de succès incroyable au Japon et a été brandi comme l'emblème de la précarité des travailleurs japonais face aux crises économiques. Il a été traduit en français pour la première fois en 2009.

Kobayashi Takiji, torturé et assassiné par la police politique en 1933 à cause de ses livres, n'aurait pas pu se douter que, 80 ans plus tard, son livre aurait gardé toute la force de son message de justice sociale face à l'avidité de profits du capitalisme. Un roman sobre et direct, dans lequel le réalisme n'a pas besoin de romanesque pour marquer.

Allia, 8.50€.btn commande

doerrL'avis d'Edith

Un père construit pour sa fille aveugle de parfaites répliques miniatures des villes où ils vivent pour qu'elle puisse s'y retrouver sans yeux.En Allemagne, un garçon orphelin et sa sœur réparent en secret un poste radio et captent la mystérieuse émission d'un Professeur français.Un diamant. Un gardien de clés aux doigts de fée.Et puis la Guerre qui éclate et bouscule les pièces paisiblement rangées de l'échiquier.

Dans Saint-Malo occupée par les Allemands, Marie-Laure se débrouille avec Jules Verne, les coquillages et son oncle à moitié fou. Dans l'est de l'Europe, Werner traque les émissions clandestines de résistants. En Europe, un homme cherche des pierres précieuses, obsédé par une en particulier.

Si l'histoire a lieu pendant la Seconde Guerre mondiale, « Toute la lumière que nous ne pouvons voir » n'est pas vraiment un roman de guerre pour autant. Il est le roman coloré de deux chemins qui se faufilent à travers un monde retourné. On suit Marie-Laure à travers ce qu'elle voit sans voir, Werner à travers ce qui l'emporte sans pouvoir résister.

C'est la fresque captivante de plusieurs destins au cours de la guerre 1940-1945, portés par la plume énergique, parfois lyrique, d'Anthoy Doerr et par des chapitres courts et haletants.

Albin Michel, 26.35€btn commande

expo 58L'avis d'Adrien :

Expo 58 démarre comme un pastiche de roman d'espionnage. La mission du jeune bureaucrate Thomas Foley sera de surveiller le pavillon britannique de l'exposition universelle, freiner les agents doubles dans leurs agissements, contrecarrer les demandes de renseignements des espions russes ou américains. En vrai, alors que les autres nations ont voulu en mettre plein la vue avec leurs technologies de pointe, l'Angleterre n'a de son côté construit qu'un faux pub en bois, le Britannia. On comprend dès lors assez vite que le sel de l'histoire ne se situe pas dans le roman d'espionnage mais bien dans le bouleversement de la vie du jeune Thomas. En effet, ayant laissé femme et enfant dans la banlieue de Londres, il s'est laissé doucement puis ardemment charmé par la jeune hôtesse flamande Anneke. Ce qui donne lieu à de très belles scènes sur la naissance d'un amour et d'autres plus ingrates évidemment sur le désamour.
Tour à tour drôle, burlesque puis mélancolique, Expo 58 est sans conteste plus profond qu'il n'y paraît. Bien que le ton reste assez léger, il nous parle de la peur, probablement universelle, de passer à côté de sa vie et de ne pas toujours faire les bons choix.btn commande

Traduit de l'anglais (Angleterre) par Josée Kamoun, 8 €