librairie
point virgule

Rue Lelièvre, 1 B-5000 Namur | Tél. : +32 (0)81 22 79 37 | info@librairiepointvirgule.be | Du lundi au samedi de 9h30 à 18h30

purity - franzenL'avis d'Anouk:

Jonathan Franzen a décidément bien du mal à se défaire de l'étiquette de "grand romancier américain" qu'il porte depuis quinze ans: à l'instar des Corrections, chacun de ses livres — romans ou essais, tel le bouleversant Zone d'inconfort — laisse exploser un talent hors norme, un sens inouï des personnages, la puissance d'une mécanique narrative mise au service de détails infimes, subtils, infiniment sensibles.

Purity déploie sur quatre décennies et trois continents une impressionnante galerie de personnages tourmentés, comme en délicatesse avec l'existence. Entre tous ceux-ci les fils se tissent, se tendent, se brisent, dessinant des relations complexes et équivoques. L'art de créer et de lancer dans le monde des personnages fascinants est assurément la face la plus bluffante de la virtuosité de Jonathan Franzen. Il y ajoute dans Purity une dimension politique plus mordante encore que dans ses précédents  romans, tendant à notre époque un miroir peu flatteur. Car Purity est un livre sur l'injonction de pureté et de transparence, maîtres mots de notre temps, qui cachent sous un idéalisme de façade bien des dévoiements: fascination narcissique, manipulation, troubles identitaires...

Implacable, le roman emmène son lecteur à vive allure vers un dénouement contrasté. Pourtant, malgré la noirceur glaçante du constat, Purity est aussi un livre profondément drôle, avec des scènes d'une cocasserie incroyable, et profondément émouvant: le frisson ressenti en côtoyant Purity, Leila et les autres ne vous quittera pas de sitôt.

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Olivier Deparis, L'Olivier, 24.50 €btn commande

Également disponible en format numérique

juin - bakkerL'avis d'Anouk:

Le mois de juin ne manque jamais de ramener la famille Kaan à ce lointain jour d'été qui a vu la mort de Hanne, deux ans à peine. Quarante ans ont passé mais la plaie reste à vif, et malgré les efforts de chacun l'unité familiale n'est qu'une façade fragile.

Dans le monde rural du nord des Pays-Bas, décor déjà du très beau Là-haut tout est calme qui a fait découvrir aux lecteurs francophones l'œuvre de Gerbrand Bakker, le silence pèse le poids du désespoir et la folie guette. Gerbrand Bakker peint avec finesse et une grande économie de moyens la dérive de ces êtres abîmés, à jamais exilés de leur propre destin. La pudeur de sa plume, la lumière étrange des paysages et l'intrépidité d'une enfant de cinq ans, fille de l'un des frères de Hanne qui entend bien trouver réponse à ses interrogations, donnent à cette poignante tragédie une résonance profondément universelle.

Traduit du néerlandais par Françoise Antoine, Gallimard, 22 €btn commande

Disponible en format numérique

Corrections - FranzenL'avis d'Anouk:

Je n’ai jamais relu Les corrections. Non que j’aie peur d’êtres déçue. Le roman a installé Jonathan Franzen, à l’époque tout juste quadragénaire, au firmament des lettres américaines. Ce statut de classique immédiat, l’unanimité publique et critique, le fait que la traduction française soit publiée par Olivier Cohen, directeur des éditions de l’Olivier, dont je suis une vraie groupie: tout laisse entendre que la relecture de ces quelque 700 pages serait un pur plaisir.


Mais comment dire… C’est autre chose… Ce qui m’empêche de relire Les corrections,  c’est la crainte de ne plus y trouver, ou d’y trouver amoindri, ce rapport violemment intime noué avec chacun des membres de la famille Lambert. Car si Flaubert est Madame Bovary, si Franzen est sans aucun doute chacun de ses personnages, moi aussi, au fil de ma lecture, j’ai été au plus profond de moi Enid Lambert, ou Chip, ou Jonah, ou Denise. Et depuis tout ce temps, presque 15 ans, les Lambert sont restés des proches parmi les proches. Comment dire? Je les adore. Leurs manies, leurs défauts, leur humour gentiment désespéré, leurs contradictions, leur narcissisme, leurs angoisses : je prends tout.  


Sans doute y a-t-il dans la vie d’un lecteur des moments meilleurs que d’autres pour rencontrer un roman ou un écrivain, et sans doute ai-je lu ce livre au moment parfait. Mais si Les corrections a connu un succès aussi vertigineux, c’est que nous sommes nombreux à avoir éprouvé la même chose. Jonathan Franzen a écrit un roman ambitieux, très construit, post-moderne par certains aspects, et a réussi à y injecter ce qui fait souvent défaut à ce type de romans: de l’humain. Une épaisse pâte humaine brassant toutes les questions sociales, politiques, économiques de notre début de siècle. Des personnages qui sont juste là, qui vous agacent et vous émeuvent et vous font rire, tellement incarnés – des frères, des amis, des voisins. Toute une humanité qui rêve d’amour et de réussite, de sens et de bonheur, mais reste au plus profond d’elle-même imparfaite, insatisfaite, absolument incorrigible.


Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Rémy Lambrechts, L'Olivier, 21.30 €btn commande

Disponible en format de poche, Points, 8.95 €

Disponible en format numérique