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quand le diable - divryL'avis d'Anouk:

Dans les années 60, Georges Perec écrit Les Choses. C'est le roman d'un temps encore faste, où le bonheur d'un jeune couple d'intellectuels se mesure à l'aune des objets qui s'entassent dans leur appartement. Le temps est à l'hyperconsommation.

Dans nos ternes années 10, Sophie Divry choisit elle aussi pour héroïne une jeune intellectuelle. Surdiplômée, Sophie vit seule: le couple aujourd'hui, ce n'est plus comme avant. Et au lieu de s'entourer de choses rassurantes, Sophie apprend à s'en défaire. Les livres, le grille-pain reçu à Noël, c'est chaque fois quelques euros glanés, de quoi remplir les armoires de pâtes et de Ricoré. Car Sophie a résolument descendu l'échelle sociale. Ses diplômes ne lui assurent que le chômage, et le temps passant même les allocations ne suffisent plus pour vivre.

Avec ce roman qui devait au départ s'intituler Chômage, Sophie Divry aurait pu nous tirer des larmes. Mais parce que "la littérature est une fête", elle réussit tout autre chose: un roman joyeux, foutraque, joueur, autour d'une héroïne que l'on adore adorer. Comme chez Perec, il y a des listes à n'en plus finir, drôles, inventives, jamais gratuites. Mais il y a beaucoup d'autres auteurs auxquels l'on ne peut que penser, George Orwell bien sûr et son fameux Dans la dèche à Paris et à Londres; Ian Levison aussi qui, dans Les tribulations d'un précaire, évoque avec le même humour distancé et ravageur la galère d'un jeune intellectuel. Voire même Pierre Bergounioux, héros bien malgré lui d'une des scènes les plus drôlatiques du livre...

Et le diable dans tout cela ? Il semble que quand on le tire par la queue, il ne manque jamais d'arriver. Sophie en fera l'étrange expérience. Et Hector, son camarade de galère, risque bien de ne jamais s'en remettre.

Avec ce petit livre sans prétention mais non sans malice, Sophie Divry nous donne un vrai roman social d'aujourd'hui. Tout y est politique: l'intime et la famille, le rapport au travail et au monde marchand, les désirs enfouis ou au contraire trop extravertis. Et pourtant, malgré la gravité du sujet, Quand le diable sortit de la salle de bain a la finesse d'être aussi un roman léger et vagabond, qui se plaît à musarder dans les digressions et les improvisations : un bel exercice de liberté.

Noir sur Blanc, Notabilia, 18 €btn commande

pas encore au dodo - sandersL'avis de Patrick:

La nuit tombe. Qui peut bien venir frapper aussi tard à la porte de la maison? Au secours, c'est le loup! Un petit loup affamé qui se mettrait bien un marmot sous la dent. C'est facile à attraper, un petit tellement fatigué qu'il n'a plus la force de prendre ses jambes à son cou! Et s'il n'a pas encore enfilé son pyjama, s'il ne s'est pas encore brossé les dents, il sera d'autant meilleur à croquer!

Humour, rythme endiablé, fin savoureuse: tous les ingrédients sont réunis pour quelques derniers éclats de rire avant d'aller au lit.

"... je rêve que je te croque..."

L'Ecole des Loisirs, Loulou & cie, 12.20 €btn commande

grandes questions - desartheL'avis d'Anouk:

Quoi de plus fabuleux qu'une copine? Une copine pour toujours, avec laquelle on se sent bien, on s'amuse, on peut se poser plein de questions. Samira et Léna sont des copines de cette précieuse espèce. Et quand elles s'en vont en classe verte, l'aventure est forcément au bout du chemin...

Dans le dortoir, quand la ferme s'endort, Samira et Léna jouent à leur jeu favori, celui des grandes questions. Et à six ans, tout est "grande question": qui aime qui dans la classe? N'est-ce pas vraiment la honte d'avoir une maman embarquée dans la classe verte? Est-ce qu'on peut avoir plusieurs maris? Peut-on mourir d'un rhume, fût-il de cerveau? Tellement de questions que l'on s'endort parfois avant d'avoir pu y répondre...

Avec une finesse et une imagination imparables, Agnès Desarthe fait de ses héroïnes nos nouvelles copines. On les aime tellement, ces deux-là, qu'on a toujours six ans quand on lit "Les grandes questions".

Agnès Desarthe viendra à la librairie le 8 septembre prochain à 20 heures présenter son nouveau livre pour les grands, "Ce coeur changeant" (éditions de l'Olivier).

L'École des Loisirs, Mouche, 7.10 €btn commande

Existe aussi en livre audio: L'École des Loisirs, Chut, lu par Sylvie Ballul et Catherine Soullard, 11.70 €

ami du petit tyrannosaureL'avis de Régis :

L'ami du petit tyrannosaure...
Ou comment la pâtisserie peut agir sur notre instinct de prédateur !

Un tyrannosaure, c'est plutôt vorace, on s'en doutait. Mais celui-ci n'est décidément jamais rassasié : à peine rencontre-t-il un nouvel ami qu'il le dévore tout cru ! Il a beau se sentir coupable et pleurnicher tant qu'il peut, c'est plus fort que lui... le moindre copain qui surgit est avalé dans les cinq minutes.

Jusqu'au jour où débarque Mollo, une souris « qui venait d'une autre forêt ». Bien décidée à tisser une amitié durable avec ce glouton, elle va lui tenir tête en lui proposant de goûter ses gâteaux « maison ». Le temps passe et la souris reste en vie, malgré quelques tentatives du boulimique animal. Et le miracle se produit dans les œufs, la farine et le sucre : voilà que le tyrannosaure fabrique son premier gâteau ! Devenu cuisinier, il n'aura plus à dévorer les autres. Une nouvelle vie peut enfin commencer.

Avec les aventures insolites de ces deux personnages, Florence Seyvos écrit avec malice un conte qui nous donne à réfléchir, petits et grands, sur nos comportements parfois trop envahissants. Le dessin d'Anaïs Vaugelade rend cet album incontournable et indispensable !btn commande


l'école des loisirs, 12,70 €, existe également en Lutin poche à 5,60 €

jaime pas le lundiL'avis d'Adrien :
 
Affublé de son meilleur ami, Basile, rebaptisé Croûton – « car ce sont les seuls ingrédients que j'aime dans la salade César » - et de sa meilleure ennemie Fatou, Lucien Lemeur nous convie à une semaine de sa vie et, du début à la fin de son histoire, ne nous fait pas quitter un sourire large et franc.
Râleur invétéré, Lucien n'aime rien, par-dessus tout pas le lundi et quand il tente de se lancer dans la tâche incommensurable de dresser la liste de tout ce qu'il n'aime pas, il tombe sur Fatou, qu'il va bien entendu aimer détester.
Un duel se met en place avec Fatou. Tous deux vont devoir établir de façon exhaustive tout ce qu'ils n'aiment pas ici-bas. Le gagnant sera celui qui déteste le plus de choses. On s'aperçoit rapidement qu'au-delà de ne pas être indifférents l'un à l'autre dans la haine, Fatou et Lucien mettent en route une belle histoire d'amour.
Jérôme Lambert est très fort pour se mettre à la place de son héros, jeune ado perdu dans ses contradictions, cet âge où tout semble aller si lentement, mais où tout va si vite. Il nous transmet ces sentiments avec un humour débordant. Si comme moi, vous accrochez à J'aime pas le lundi et êtes dépité de voir arriver le mot « fin », rassurez-vous Maudit mardi vous ravira tout autant et la suite, Mercredi gentil sort, trois ans après le deuxième opus, à la fin de ce mois d'août.

« Bref, voilà comment habituellement les choses se passent et me dépassent, et voilà pourquoi je déteste le matin au collège. Il n'y a rien de drôle à rester échoué dans un couloir vide après le passage de la marée humaine, accroché lamentablement à un portemanteau par un troisième de deux mètres vingt (ça m'est arrivé UNE fois), ou bien à finir scotché contre le mur de la cantine.
Ça, c'est mon quotidien et je n'y prête même plus attention. Mais ce fameux lundi dernier, juste à la fin de la récréation du matin, au lieu de me prendre un simple cartable dans la face ou d'être arrêté dans mon élan par un innocent sac de sport de trois kilos, c'est sur Fatou que j'ai atterri. Bing ! Stoppé net. »btn commande
 
École des Loisirs, coll. Neuf, 8,70 €