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sous un ciel - petrovicL'avis d'Anouk

Le regard plein de malice, Goran Petrović entrouve les portes d’un monde à jamais englouti : la Yougoslavie des années 80. Dans une petite ville serbe où le temps semble suspendu, l’Uranie, avec son plafond constellé d’étoiles, est à lui seul tout l’univers. C’est que, dans ce cinéma poussiéreux, tout le monde se retrouve – riches et pauvres, jeunes et vieux, et même une perruche baptisée Démocratie… Goran Petrović égrène les histoires ébouriffantes de tout ce petit monde : le temps d’une séance, les mémoires se délient et les destins basculent. Bientôt la guerre viendra disloquer cette joyeuse exubérance. Mais si le tragique affleure souvent, Petrović le tient à distance avec ironie et un sens inégalé du réalisme magique. Drôle et triste, léger et profond, Sous un Ciel qui s’écaille est un roman en état de grâce.

Traduit du serbo-croate par Gojko Lukic, 10/18, 7,65 €btn commande

en face demartyL'avis d'Adrien :

Jean Nochez, tiens, tiens, l’anagramme quasi complète de Jean Echenoz, l’auteur entre autres de Je m’en vais - par ailleurs Pierre Demarty insère dans son texte de très nombreuses références littéraires avec toujours beaucoup d'humour -, Jean Nochez, donc, marié, père de deux enfants, philatéliste de profession mène une vie sans fard, excessivement monotone. Il est tellement moyen, d’une normalité confondante, que le seul excès qu'on puisse trouver dans sa vie est dans cette monotonie.

Une simple pancarte "A louer" apposée sur l'immeuble en face de chez lui va tout bousculer dans sa vie. Une visite de l'appartement en question et sans trop savoir pourquoi, Jean prend la décision, fait déjà relativement marquant dans sa vie, de le louer. Sans rien dire à sa femme, Solange, et à ses enfants, le voilà parti pour une grande aventure. Jean va petit à petit quitter sa vie, faire ce pas de côté et s'installer "en face".
 
Convenons que c'était une extravagance. Que dis-je, une folie. Et à ce titre, une anomalie totale, un parfait hapax dans l'existence de Jean Nochez, laquelle avait jusqu'alors, eût-on dit, mis un point d'honneur à circonvenir toute manifestation d'impulsivité, toute forme d'événement, de quelque nature que ce fût. Jean Nochez, fantassin admirable de la division des ombres qui parmi nous se dirige à pas certains, incalculable et inhéroïque, vers le terme du combat sans songer un seul instant à en dévier l’issue, Jean Nochez, suprême et paradoxale incarnation de ce que l’humanité peut avoir de plus désincarné, Jean Nochez, huître, moule, mollusque, particule, en un mot très exactement individu, n’avait pas la moindre raison de se concevoir capable d’un geste si singulier.
 
L'histoire qui ne peut que mal se terminer est narrée gouailleusement par un des quelques piliers de comptoir que compte "Les indociles heureux", bar du coin de la rue, que va se mettre à régulièrement fréquenter Nochez lors de son extraordinaire épopée.
 
C’est malin, parfois un peu petit malin quand les jeux de langage se font trop ostentatoires, brillantissime par moment, terrifiant, drôle et littéraire la plupart du temps. Pierre Demarty, éditeur et traducteur (Joan Didion, William T. Vollmann, Paul Harding…) nous offre avec ce premier roman un excellent et jouissif moment de lecture.
 
Nous ne résistons pas pour terminer à vous livrer un second extrait gentiment et délicieusement grivois qui dit aussi tout le sel de l'histoire :
 
Tu le savais, toi (mais on entend bien qu'il ne s'adresse à personne en particulier, que c'est à la cantonade qu'il édifie), que Paimpol était jumelé à Grundarfjördur ? Hein ? Pas mal, non ? C'est quoi, Grmlfrdour ? C'est l'Islande, fiston. C'est l'Islande. Un jour, ajoute-t-il dans un susurrement inusité à l'intention de sa femme comme s'il lui faisait miroiter une polissonnerie, un jour nous irons en Islande. Et Solange, dont on gage qu'elle ne s'est jamais aventurée au-delà des positions, étroites d'esprit et du reste, sur lesquelles campe d'ordinaire le missionnaire, et qu'un rien de scandinaverie suffit par conséquent à plonger dans un embarras émoustillé, Solange rougit.
 
Flammarion, 17 €btn commande

experience bataille

L'avis de Régis :

Nous sommes dans des mots retenus depuis trop longtemps, des mots qui disent l'interdit, qui trahissent le secret, le fameux « Secret Défense ». Des mots d'une « expérience » impossible, scandaleuse, inhumaine. Quatre-vingt pages qui reviennent sur les tests nucléaires menés par la France en 1961 dans le désert algérien et sur les « hommes-cobayes » qui faisaient partie de l'horrible aventure.

L'écriture de Christophe Bataille est stupéfiante de beauté, tantôt nerveuse, tantôt frôlant le silence. Nous sommes là, nous sommes ces jeunes soldats, nous voyons ce qui ne peut être vu. La description faite de l'explosion dégage un sentiment incroyable pour le lecteur. Nous sommes au-delà du temps, au-delà de la lumière, au-delà de la mort. C'est un véritable choc de lecture, et une preuve supplémentaire que seule la littérature peut donner forme à l'indicible. Un texte bref, tout en retenue, mais bouleversant et qui réveille un questionnement essentiel sur l'obéissance, le patriotisme et la mort.btn commande

Grasset, 13,45 €

jhabite ici - mvzL'avis de Régis:

Imaginez-vous une cabane en bois dans une clairière par une nuit d'hiver. Aux murs de cette cabane, trois trophées de chasse qui sont des têtes de loups, sur une chaise à bascule une toque façon Davy Crockett et un poignard dans son fourreau. Mais oui, vous avez raison, c'est la maison d'un chasseur! Et ce vieux bonhomme est si fatigué qu'il se met à ronfler à la seconde où il se couche, sans entendre les sarcasmes des fameuses têtes de loups que nous pensions empaillées. Les trois compères se moquent allègrement : « Et cette haleine de camembert... », « Qu'est-ce que ça pue », « Pas autant que ses pieds ».

Mais voilà qu'un bruit surgit depuis la cuisine, réveillant notre chasseur qui ne dort jamais sans son vieux fusil. Sous ses yeux éberlués, un loup se prépare un café! Dans sa propre cuisine! Un tir retentit aussitôt mais ne laisse pas la moindre égratignure au loup blanc, ni le grand coup de hache qui va suivre, ni les flèches ni même le coup de poignard dans le dos. Rien n'y fait. Désespéré, découragé, épuisé, le chasseur comprend qu'il s'agit d'un fantôme de loup qui vient le narguer et décide de rendre les armes et de retourner se coucher... bientôt rejoint par ce loup-fantôme qui vient se blottir à ses côtés! Les taquineries de nos trois têtes de loup ne tarderont pas, vous vous en doutiez!

Une histoire pour se moquer gentiment de ceux qui se croient les plus forts et qui nous rappelle que l'humour et l'ironie ont toujours le dernier mot.

Pastel, 11.50 €btn commande

zebreJoyeux Anniversaire !

2015 sera une grande année pour les jeunes lecteurs de la librairie Point Virgule. Une année magique, pleine de concours, de cadeaux, de beaux albums, de chouettes vitrines ! Eh oui, nous allons fêter tous ensemble L'Ecole des Loisirs pour son cinquantième anniversaire. Un programme très prometteur, vous vous en doutez...