Rue Lelièvre, 1 B-5000 Namur | Tél. : +32 (0)81 22 79 37 | info@librairiepointvirgule.be | Du lundi au samedi de 9h30 à 18h30
Imaginez-vous une cabane en bois dans une clairière par une nuit d'hiver. Aux murs de cette cabane, trois trophées de chasse qui sont des têtes de loups, sur une chaise à bascule une toque façon Davy Crockett et un poignard dans son fourreau. Mais oui, vous avez raison, c'est la maison d'un chasseur! Et ce vieux bonhomme est si fatigué qu'il se met à ronfler à la seconde où il se couche, sans entendre les sarcasmes des fameuses têtes de loups que nous pensions empaillées. Les trois compères se moquent allègrement : « Et cette haleine de camembert... », « Qu'est-ce que ça pue », « Pas autant que ses pieds ».
Mais voilà qu'un bruit surgit depuis la cuisine, réveillant notre chasseur qui ne dort jamais sans son vieux fusil. Sous ses yeux éberlués, un loup se prépare un café! Dans sa propre cuisine! Un tir retentit aussitôt mais ne laisse pas la moindre égratignure au loup blanc, ni le grand coup de hache qui va suivre, ni les flèches ni même le coup de poignard dans le dos. Rien n'y fait. Désespéré, découragé, épuisé, le chasseur comprend qu'il s'agit d'un fantôme de loup qui vient le narguer et décide de rendre les armes et de retourner se coucher... bientôt rejoint par ce loup-fantôme qui vient se blottir à ses côtés! Les taquineries de nos trois têtes de loup ne tarderont pas, vous vous en doutiez!
Une histoire pour se moquer gentiment de ceux qui se croient les plus forts et qui nous rappelle que l'humour et l'ironie ont toujours le dernier mot.
Joyeux Anniversaire !
2015 sera une grande année pour les jeunes lecteurs de la librairie Point Virgule. Une année magique, pleine de concours, de cadeaux, de beaux albums, de chouettes vitrines ! Eh oui, nous allons fêter tous ensemble L'Ecole des Loisirs pour son cinquantième anniversaire. Un programme très prometteur, vous vous en doutez...
L'avis d'Edith
Avec Danser les ombres, Laurent Gaudé nous offre un univers de plus, celui d'Haiti, dans les jours qui ont précédé et suivi le terrible tremblement de terre de 2010.
On découvre d'abord Haiti par ses habitants. On marche derrière Lucine dans les bruits et les odeurs. On rencontre Saul, meurtri comme tous par les années de lutte contre la dictature, aux idéaux fatigués. On découvre Facteur Sénèque, le Vieux Tess, Firmin et ses ombres. Et avec eux, on découvre une âme commune, cabossée et joyeuse.
Lucine est une jeune haitienne. 5 ans avant, elle avait quitté Port-au-Prince, ses révoltes étudiantes et ses rêves d'un Haiti plus juste, pour prendre soin de sa sœur folle et enceinte. 5 ans après, Nine est morte, Lucine retourne à Port-au-Prince. Et peu à peu, tout semble pouvoir briller à nouveau. Le bonheur y est simple, il a été durement gagné. Le livre pourrait se terminer là, simplement rayonnant, autour d'une bouteille de rhum et d'une table d'amis. S'il n'y avait pas la vie.
La terre tremble. Et on tremble avec Lucine qui tremble de ne pas retrouver Saul, Saul qui tremble de ne pas retrouver Lucine, avec le Vieux Tess, avec Ti Sourire. Et puis les morts se glissent entre les lignes de Gaudé et les vivants de Port-au-Prince. Laurent Gaudé dilue la frontière de la réalité, et pourtant son roman reste réaliste, entre les croyances vaudou et l'universel de la mort.
Laurent Gaudé a quelque chose du photographe Salgado. Non pas qu'il rende la misère et le drame beaux, mais il y rend l'humain lumineux. Lumineux dans les instants de vie gagnés sur l'adversité quand ceux qui cherchent après les vivants entendent une voix sous les décombres. Lumineux dans le bonheur jamais tout à fait acquis du quotidien. Lumineux dans sa fragilité et sa force.
Danser les ombres est un hymne dansé à ceux qui n'auraient pas dû partir, un hymne aux morts et aux vivants.
Chaque année, les librairire Initiales remettent à un livre singulier leur Prix Mémorable. Ce prix est né en 2008 et a pour but de faire découvrir ou redécouvrir un auteur malheureusement oublié, un auteur étranger décédé encore jamais traduit en français, un inédit ou encore une traduction révisée". Cela nous permet de montrer notre attention de libraires indépendants pour les ouvrages de nos fonds, ceux qui résistent à toutes les modes et aux dictats de "l'industrie de l'édition".
Le livre élu cette année par la trentaine de librairies Initiales s'appelle "Scènes de ma vie" (éditions Verdier). Il s'agit de l'autobiographie d'un paysan autrichien mort à 30 ans en 1869, Franz Michael Felder, que rien ne destinait à devenir écrivain et qui a pourtant laissé, outre ce livre magnifique, une œuvre importante de romans, de poèmes et d'essais.
"Scènes de ma vie" a été redécouvert par Peter Handke et admirablement traduit en français par Olivier Le Lay. Dans une langue exceptionnellement riche et imagée, Franz Michael Felder parvient à rendre intensément présentes toutes les « vies minuscules » des gens de son village. En lisant ces histoires du passé, notre présent s’éclaire. La langue de Felder est riche de toutes les strates de ses lectures: parfois sentencieuse comme les almanachs qu’il aimait lire en famille, parfois très formelle comme les journaux qu’il adore lire et raconter autour de lui. On sent aussi l’influence de ses lectures religieuses, fournies par le curé du village.
"Scènes de ma vie" montre aussi comment Franz Michael Felder conquiert le droit à un destin, en dehors de toutes les prédispositions de son milieu social et culturel. Cela rend le livre profondément touchant et universel. Nous vous invitons vraiement à le découvrir.