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L'avis d'Edith:
Kong est un incroyable voyage.
Un voyage dans le siècle et le monde : Shorty et Coop sont cameraman et aviateur en 1914-1918, présents pendant le génocide arménien, filment à la Cour d'Haïlé Sélassié, vivent l'époque dorée d'Hollywood, la crise de 1929, les premiers vols transatlantiques, la Jungle, le Zard Kuh...
C'est aussi un voyage au bout de l'Humanité. Ernest Schoedsack et Merian Cooper veulent filmer toujours plus loin pour capter la force obscure du monde, celle qui les a traversés pendant la Première Guerre, dont ils ne sont jamais tout à fait revenus.
Cette force obscure du monde, cette ombre et cette lumière de l'Homme, Michel Le Bris, en nous plaçant dans les pas des deux hommes qui ont vraiment existé, nous en transmet un certain quelque chose.
Et le livre, à la fois roman d'aventures passionnant et réflexion philosophique, nous laisse au bout du voyage pantelants de tout ce qu'on y a reçu et plein de la lumière du monde, toujours à poursuivre, ici, là-bas... Un chef d'oeuvre.
Depuis Hôpital Silence, paru chez Minuit en 1985, Nicole Malinconi cherche par ses mots à dire le réel, au plus près. De ce point de départ intime et pour ainsi dire minuscule, dans une langue épurée, elle construit des livres amples qui tous donnent à penser notre monde dans sa complexité. Des livres qui nous parlent de nous, de notre façon de faire société, de notre rapport à la langue, de l'immigration, du poids de l'histoire, de l'énigme au cœur de toute vie.
Avec De fer et de verre, célébration de la Maison du Peuple bâtie par Victor Horta en 1896 et des nobles aspirations du mouvement ouvrier belge, Nicole Malinconi ouvre un nouveau chapitre de son œuvre. Plutôt que creuser « à la verticale » pour atteindre l'essence des êtres et des faits, elle donne cette fois un récit « horizontal », vaste fresque qui a du souffle et brasse près d'un siècle d'histoire. Pour autant, on retrouve ce qui fait la grâce entêtante de chacun des livres de cette voix majeure de la littérature belge. Car Nicole Malinconi n'écrit pas, bien sûr, un livre d'histoire, ou une biographie de Victor Horta, ni même un récit des luttes sociales de la première moitié du 20e siècle. Non: De fer et de verre se lit plutôt comme une réflexion sur le temps et la mémoire. Le temps qui charrie tout, la beauté et la fragilité des utopies, les grands hommes et les gens de peu, et qui aura raison de cette Maison du Peuple fièrement enracinée au centre de Bruxelles. En 1965 en effet, la Maison du Peuple est irrémédiablement démolie pour céder la place à une tour laide et grise. Le symbole de ce mal triste qui ravage la capitale belge ces années-là, et que l'on appellera la bruxellisation .
Que reste-t-il des rêves portés par ce palais de fer et de verre, cette « maison où l’air et la lumière seraient le luxe si longtemps exclu des taudis ouvriers » selon le vœu de Victor Horta? Nicole Malinconi leur donne corps à sa manière subtile, avec autant de douceur que de puissance.
Pléthore de romans cauchemardant notre futur et ne touchant pas qu’un public sf font surface. Ce premier roman pourrait faire partie de la liste mais ce qui est bien ici, c’est que le futur arrive à la fin.
Peinant à terminer sa thèse et se remettant mal d'une séparation, un jeune parisien est interloqué par un fait divers s’étant déroulé près de son village natal, des pluies d’oiseaux morts. Ras le béret de Paris et las de se morfondre dans sa thèse et son chagrin d’amour, il « collecte des traces de l’apocalypse en marche » et décide de mener l’enquête.
Plutôt que de se vautrer devant ce « roman fragmentaire et souvent inepte » qu’est internet, notre héros préfère le terrain. A bord du Seine Princess, il remonte le fleuve, de Paris à la capitale normande, Rouen. Muni d'ouvrages divers (une Bible, Histoire naturelle Vol.2 de Pline, ce genre), se laissant guider par des avis et anecdotes en tout genre (Pigeon Project durant la guerre, chauve-souris explosives...), il piétine, ne rencontrant que retraités à la ramasse, une skipper engageante, un pianiste porté sur la bouteille… L'enquête vire introspection et, comme dans tout bon roadtrip initiatique et selon le cliché couillon mais plutôt juste du développement personnel, l’important n’est pas le but mais le chemin. Sacré chemin que de questionner sa relation père-fils, sa foi en l'avenir, se sentir vivant dans un monde qui part en vrille et retrouver goût à l’amour. Ne reste plus que la thèse à achever. Allez Victor, au boulot !
Aventure, humour, amour, par un enquêteur-narrateur bras cassé à la Jérôme K. Jérôme Bloche , une fin grandiose mais frémissante... L’aile ou la cuisse ? Les deux, mon capitaine !
Je ne voudrais pas passer pour un blogueur mode mais si vous n’aimez ni les rives de Seine ni la Haute Normandie, vous saurez assurément apprécier la quête du jeune homme, mais aussi la première de couverture qui vous fera voyager loin avec ces mille plumes aux couleurs irisées. Une fois de plus chapeau à FINITUDE qui édite du bel ouvrage et a le nez creux pour faire éclater de talentueux écrivains à leurs DÉBUTS !
Editions Finitude, 16,50 €