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Quatre ans après la parution de "Blanès", auréolé du Prix Rossel, quel plaisir de retrouver l'écriture acérée et l'implacable sens du récit de Hedwige Jeanmart! "Blanès" enchantait par sa mélancolie fantasque et son ton enjoué. Aujourd'hui "Les oiseaux sans tête" nous transportent dans un univers bien plus noir, mais quelle puissance, quels personnages inoubliables!
Le livre nous place dans les pas de Blanche, une jeune femme tourmentée en quête d'apaisement. Des années plus tôt, sa route a croisé celle de Daniel Deur. Blanche ne savait pas, au départ, que Daniel sortait d'une longue peine de prison pour un crime commis à l'âge de 18 ans. Elle a pourtant perçu d'emblée que l'histoire de cet homme devait recéler bien des zones obscures et un inquiétant potentiel de dérapage.
Dans un récit tendu de bout en bout, Hedwige Jeanmart nous fait partager l'angoisse, le dégoût, l'empathie qui s'emparent tour à tour de l'esprit de Blanche. On sort du livre profondément ébranlé, mais aussi épaté par le talent d'Hedwige Jeanmart. Son nouveau roman l'installe à n'en pas douter comme une voix qui compte.
Ne manquez donc pas sa venue à la librairie le 27 mars. Merci de confirmer votre participation par téléphone (081 22 79 37) ou par courriel.
Trois ans après son premier roman, "Eviter les péages", Jérôme Colin nous revient avec ce qui pourrait bien en être une suite. Après nous avoir narré les turpitudes de la crise de la quarantaine d'un jeune père, nous suivons un père éprouvé par la crise d'adolescence de son fils.
Jérôme Colin nous donne à voir un père dépassé par les événements familiaux et rattrapé par l'actualité internationale. Son couple semble englué dans la routine, sa fille est toujours dans l'insouciance de l'enfance mais pour combien de temps encore, et son fils, quant à lui, est en perpétuelle opposition. Ce dernier, odieux avec toute la famille, retranché en permanence dans sa chambre, un chaos sans nom, communiquant en onomatopées injurieuses, revient tous les jours avec un journal de classe de plus en plus saturé de notes de discipline.
Avec beaucoup d'humour, de tendresse et de lucidité, Jérôme Colin transforme brillamment l'essai du premier roman.
La figure de la mère est un personnage récurrent dans les romans de Geneviève Brisac, souvent incarnée par des femmes à l’amour maladroit, des écorchées, des iconoclastes, des rebelles. Mais ici, point de fiction. L’auteure prend le risque inouï de percer le mystère de sa propre mère, cette femme distante mal-aimante, taiseuse. S’emparer d’une absence cruelle de transmission pour tenter de dire, au plus juste, au plus près, quelle a été la vie de cette femme. « On écrit pour comprendre ce que l’on ne comprend pas ».
Page après page, en courts textes, Geneviève Brisac s’empare de cette relation si particulière qu’elle entretenait avec sa mère. Son écriture est précise, vive, nerveuse. Sans aucune concession. Certaines pages ne cachent rien de l’exaspération, de la colère, de l’incompréhension. Des rires jaillissent aussi, inattendus, tant la personnalité maternelle est décalée, inhabituelle, hors-format… L’auteure poursuit alors une enquête minutieuse et retisse, fil à fil, une histoire familiale multipliant les allers-retours entre Athènes, Constantinople, Anvers ou Paris. Des vies démesurées, peuplées de récits, orientaux et mythologiques. Des grands-parents exilés et cosmopolites, rêveurs et idéalistes. Fameuse tribu pourtant disparue, noyée dans le silence de celle qui ne voulait pas croire et partager leurs espoirs. Celle qui en a décidé autrement.
Véritable tragicomique invariablement cachée dans la fumée de ses cigarettes, auteure de feuilletons pour la radio et la télévision, anti-mondaine, anti-flics, anti-femmes, anti-mômes, anti-cons, le personnage est tout à la fois monstrueux et profondément désarmant.
Par une forme extrêmement maîtrisée, moderne, proche d’une installation artistique, Geneviève Brisac peut enfin prétendre à sa place de fille aînée. Elle offre à sa mère la douceur, la lumière et l’amour tant recherchés.
Geneviève Brisac sera à la librairie le vendredi 2 mars 2018 pour présenter "Le chagrin d'aimer".
Grasset, à paraître le 28 février 2018, 18.25 €