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cazalet 1 etes anglais howardL'avis d'Anouk:

Trois générations de Cazalet se retrouvent chaque été dans leur domaine du Sussex.

La campagne est idyllique, une armée de domestiques veille au bien-être de tout le monde, les journées s’écoulent entre parties de tennis, promenades enchantées et grandes tablées. Chez les Cazalet, vivre ensemble est un art précieux, cultivé avec soin. Ces retrouvailles estivales sont pour chacun une bulle de bonheur, où se mêlent l'attentive amitié que se vouent les frères et soeurs, les jeux des enfants, les convenances délicieusement surannées que la matriarche tente de maintenir.

Elizabeth Jane Howard a un talent peu commun pour varier les points de vue et les éclairages sur ce petit monde. Les dizaines de personnages secondaires n’ont rien à envier à ceux qui occupent le devant de la scène, c’est d’ailleurs en leur compagnie que le roman s’ouvre et se ferme.

À travers la chronique familiale, c’est aussi une fresque sociale et historique qui se tisse dans ces «Étés anglais». Le roman démarre en 1937, dans un monde en marche vers la guerre. Et si, pour beaucoup, l’heure est toujours à l’insouciance, les souvenirs de la Première Guerre Mondiale restent vifs pour les frères Cazalet, et leur prescience du désastre à venir pare le livre d’une insondable mélancolie.

cazalet 2 a rude epreuve howardTout ce qu'on aime chez les auteurs anglais habite chaque page de ces "Étés": finesse, humour, introspection, extravagance, intelligence. Sans oublier d'inoubliables portraits d'enfants, une nature omniprésente, une implacable construction romanesque... Autant d’ingrédients qui font de ce livre une lecture vibrante, généreuse et totalement addictive.

 

La Table Ronde, traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff, 24 eurosbtn commande

Disponible en version numérique ici

autre tambourL'avis d'Adrien :

Véritable trésor caché de la littérature américaine, roman qu’on peut qualifier de courageux à l'époque où il est écrit et édité, le début des années 1960, « Un autre tambour » aborde le racisme et tire sa force du fait que les narrateurs sont blancs. Il démontre par là qu'il n'y a pas de problème noir en Amérique mais que le racisme est un problème de blancs.
Que se passerait-il donc si tous les noirs quittaient du jour au lendemain, sans expliciter leur départ, une ville des Etats-Unis ? Comment réagiraient les blancs ? C'est cette question et des tas d'autres que nous pose William Melvin Kelley avec son splendide et percutant premier roman.

Le titre du roman est tiré d'une magnifique citation de Thoreau mise en exergue du livre : "Quand un homme ne marche pas au pas de ses camarades, c'est peut-être qu'il entend le son d'un autre tambour."

Édité pour la première fois en français en 1965 par les éditions Casterman - décidément les éditeurs traditionnellement dédiés à la bande dessinée aiment ce roman – et déjà un grand succès critique et populaire suite à sa publication en 1962 aux Etats-Unis, ce texte a été remis au goût du jour par une journaliste du New Yorker en 2018 soit un an après le décès de l'auteur et permis sa réédition aux Editions Delcourt. Le voici édité en cette rentrée 2020 en poche chez 10/18.btn commande

10/18, traduit de l'anglais (États-Unis) par Lisa Rosenbaum, 7.85 €.

Disponible en version numérique par ici !

048L'avis d'Adrien :

C’est un fait, les lecteurs de « Betty » n’oublieront pas de sitôt cette formidable "petite indienne" qui nous raconte sa famille dans les collines du Midwest fifties et sixties, pas vraiment ce qu’on peut appeler les trente glorieuses quand on a des ascendants cherokee. Elle ne nous épargnera rien de tous les drames survenus dans sa famille et c’est avec effroi qu’on assiste à des scènes d’un insoutenable racisme malheureusement toujours bien présent dans notre société, amer et inacceptable constat.

Au-delà de Betty Carpenter, nous aimerions ériger une statue au père. Personnage magnifique s’il en est, c'est peu de le dire. Il se prénomme Landon et il ne connaît pas « le montant exact de son compte en banque » ou « combien de kilomètres indique le compteur de [sa] voiture » et pour cause « les seuls nombres que Landon Carpenter a en tête, c’est le nombre d’étoiles qu’il y avait dans le ciel la nuit où ses enfants sont nés ». Ce père, dans la plus sombre misère apporte à ses enfants et à son entourage en général l’enchantement et la force nécessaires pour tenir, résister et survoler l’indigence.

"J'ai compris une chose à ce moment-là : non seulement Papa avait besoin que l'on croie à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d'y croire aussi. Croire aux étoiles pas encore mûres. Croire que les aigles sont capables de faire des choses extraordinaires. En fait, nous nous raccrochions comme des forcenées à l'espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvions-nous prétendre à une destinée autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées."

Sublime, long certes car il ne se rapproche pas d’un page turner mais plutôt d’un roman fleuve, fleuve dont le cours est souvent tortueux, de temps à autre apaisé, et cette longueur se révèle indispensable pour vivre, au-delà des drames, les journées banales qui constituent la vie d’un enfant et construisent la jeunesse. Une fois la dernière page tournée on sait qu’on vient de lire un grand, un très grand roman.btn commande

Editions Gallmeister, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par François Happe, 26.40 €

Disponible en format numérique par ici.