librairie
point virgule

Rue Lelièvre, 1 B-5000 Namur | Tél. : +32 (0)81 22 79 37 | info@librairiepointvirgule.be | Du lundi au samedi de 9h30 à 18h30

Vieux roi - GeigerL'avis d'Anouk :

« C’est une singulière configuration. Ce que je lui donne, il ne peut pas le retenir. Ce qu’il me donne, je le retiens de toutes mes forces ».
Le père d’Arno Geiger, retraité autrichien sans histoire, s’enfonce petit à petit dans un monde dont lui seul possède les clés. Il faudra bien du temps pour que ses proches comprennent que ses absences et ses incohérences ne naissent pas de la mauvaise volonté du vieil homme mais manifestent sa maladie : Alzheimer. La mémoire qui s’en va, les repères qui se brouillent, les hallucinations quotidiennes.


Au fur et à mesure que la maladie s’installe et emporte August Geiger dans un exil dont il ne reviendra pas, ses proches s’organisent. À cet homme dont ils connaissaient bien peu de choses, ils vont tenter de redessiner un passé, un lieu protégé où il pourra aussi sereinement que possible attendre le dénouement de sa vie.


De cette épreuve douloureuse, Arno Geiger tire un livre sobre, délicat et bouleversant. Avec pudeur et non sans humour, il arrive à rendre une mémoire à celui qui la perd, à rendre un honneur à son père dément, à faire entrer la grande histoire dans la chronique familiale.
Il nous montre aussi le pouvoir consolant de la littérature, qui donne le courage de se confronter aux gouffres et d’y entrevoir la lumière.


Traduit de l'allemand (Autriche) par Olivier Le Lay

Gallimard, 17,50 €

btn commande

certaines otsukaPRIX FEMINA ETRANGER 2012

L'avis d'Anouk :

C'est à un choeur de femmes que Julie Otsuka donne la parole. De jeunes Japonaises, échouées à San Francisco au début du vingtième siécle pour y épouser des hommes qu'elles ont seulement (mais pas toujours) vus en photo. À ces exilées, loin de leurs familles, déracinées à jamais et souvent exploitées, aucun destin individuel n'est autorisé. Julie Otsuka fait éprouver avec force l'anonymat auquel elles sont vouées. Le "nous" qui rythme son livre, impersonnel, charrie ces trajectoires marquées du sceau de la tragédie.

"Certaines n'avaient jamais vu la mer" est un livre qui fait vaciller son lecteur. Au gré des chapitres s'égrennent de véritables morceaux de littérature, bruts, intenses, d'une puissance inouïe.

Un roman brillant et magnifique, oµ l'amotion est plus dense à chaque page.

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Carine Chichereau

Phébus, 15 €

home morrison

 

L'avis d'Anouk :

 Il y a la rentrée littéraire, et il y a Toni Morrison.

Le dernier roman de l'immense romancière américaine vient de paraître aux éditions Bourgois. Un titre qui claque, 150 pages sans un mot de trop, une plongée frémissante dans les États-Unis des années 50 : "Home" est un chef d'oeuvre.

Toni Morrison écrit au couteau, rend justice à des personnages magnifiques et aborde avec délicatesse des thématiques déchirantes (la guerre, la perte, l'eugénisme). Mieux qu'un roman engagé, "Home" est un livre qui engage : il fait son chemin jusqu'au plus intime, et convoque autant l'intelligence du lecteur que sa capacité à s'émouvoir et chacun de ses sens. Toni Morrison n'assène rien, ne démontre rien, ne s'appesantit sur rien. Elle nous fait seulement éprouver, de l'intérieur, ce qu'est la ségrégation, ce qu'est une vie sans droits, et combien être un homme est une tâche exigeante, toujours à reconquérir.


"Home" concentre ce que la littérature offre de plus puissant, et de plus consolant. Ne passez pas à côté de ce livre immense !
 

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Christine Laferrière

Bourgois, 17 €

btn commande