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Gros gros coup de pour cette bande dessinée génialissime que j'ai lue de façon ultra trépidante une nuit à minuit, 3h et 6h du matin. Ca va bien au-delà de cette considération mais lire les aventures de cette beautiful loseuse qui n’obéit qu’à ses envies quand tes bambins se rappellent à toi pendant la nuit, c'est ultra rafraîchissant.
Une anti-héroïne à la Fleabag, jeune trentenaire citadine un peu paumée, qui, non contente de flinguer sa vie sentimentale (ah ça y va !), professionnelle (un job à l’arrache d’embaumeuse aussi bizarre qu’étrange, d’où le sobriquet FUNerariumGIRL), flingue aussi celle de ses amis (une ex et le compagnon de celle-ci).
L’alcool coule à flot, les bêtises qui s’ensuivent aussi. Partout où elle passe, elle sème chaos, exaspération et zizanie
Les couleurs sont vives et pop, les postures dégingandées, le ton enlevé. Aussitôt passée une superbe couverture hommage à Snoopy, héros philo du quotidien des Peanuts, on se retrouve entre Gaston Lagaffe et du trash punk. Faites une belle et grande place à FUNGIRL ! Magistral !
Les Requins Marteaux, 30 €
L'avis d'Adrien :
La série des Paul démarrée il y a un peu plus de vingt ans est très vite devenue un classique de la bande dessinée québécoise, une œuvre patrimoniale. Ce dixième volet est probablement le plus sombre, le plus touchant aussi mais l’auteur nous y réserve tout de même quelques respirations désopilantes qui font aussi tout le sel de cette série.
Les « Paul » forment une fresque à grande part autobiographique mettant en scène l’alter ego de Michel Rabagliati en la personne de Paul Rifiorati. Dans ce volume, Paul se trouve à la croisée de nombreux chemins. Il sort d’un divorce et se morfond dans sa solitude, voit sa jeune fille partir pour l’Angleterre, accompagne sa mère en fin de vie et se sent inexorablement vieillir physiquement et mentalement. Le monde change autour de Paul qui observe toutes ces mutations comme un témoin passif.
Vous l’aurez compris une middle life crisis en plein mais on prend de bonnes bouffées de rire avec un voisin maniaque, une animation scolaire quelque peu foireuse, une foire du livre perfide et autres petits tourments du quotidien vus par le prisme de l’humour. Ajoutez à ça, en arrière-plan, toujours, le Québec et Montréal, les typicités architecturales et sociétales des différents quartiers parcourus par Paul, les expressions fleuries du cru, sans en faire trop, et vous aurez tout le charme hautement prenant de ces chroniques !
A la fois portrait intime et portrait de société, les Paul nous touchent et nous réconfortent par leur universalité.
La Pastèque, 25 €.
L'avis de Maryse:
Quelle pépite que ce premier roman graphique de la jeune Alix Garin.
Marie-Louise souffre de la maladie d’Alzheimer. Fortement ébranlée par la déficience cognitive de sa mamie qui l’a en grande partie élevée, Clémence décide de l’enlever de sa maison de retraite pour l’emmener voir son hypothétique maison d’enfance, au bord de la mer.
Commence alors un road trip haletant à bord de la petite auto de l’étudiante – Clémence sait que sa famille et la police les recherchent – au cours duquel la jeune femme sera inévitablement confrontée aux terribles difficultés inhérentes à la maladie de sa grand-mère, mais qui renforcera aussi de façon immuable le lien intime entre les deux femmes. Et de fait, ce qui n’est autre que d’ultimes retrouvailles a tout d’un véritable parcours initiatique pour chacune d’entre elles. Si la quête principale doit ramener Marie-Louise à qui elle était, ce voyage intense révélera évidemment à Clémence énormément sur elle-même.
Inspirée de son vécu, la jeune bédéiste façonne ici un univers graphique qui lui est propre, au trait doux, flottant et expressif. À la fois pudique et écorché, son récit pose avec nuance et intelligence les grandes questions sous-jacentes à la relation familiale et ses non-dits, la transmission, la loyauté, l’amour, l’érosion du corps, les souvenirs qui nous fondent et les ravages du temps qui passe. Cette lecture est troublante, émouvante, parfois drôle mais surtout extrêmement riche, rappelant que décidément, le pouvoir de la littérature dessinée est lui aussi extraordinaire.
Le Lombard, 22,50€ - disponible en format numérique