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Sur les première et quatrième de couverture, est annoncée "une bande dessinée avec : Arsène, de l'aventure, de l'amour, de l'architecture, de la liberté, de la peur, de la luxure, l'inconnu, rien, un fantasme, de l'espérance, de nouvelles rencontres, des conneries artistiques, un piège".
Et tout cela est vrai.
Si vous avez peur de passer à côté d’une des meilleures bandes dessinées de ces dernières années, foncez sur Arsène Shrauwen. Son auteur, Olivier Shrauwen, jeune bédéaste flamand à suivre absolument, nous en met plein les yeux à chaque page. Il nous conte l’histoire de son grand-père, Arsène, débarquant dans une colonie jamais nommée, en réalité le Congo belge, pour rejoindre son cousin Roger, architecte, et travailler pour lui. Le cousin a pour dessein de faire sortir du sol, d'ériger en pleine brousse, une cité utopique, baptisée Freedom Town. Rapidement dépassé par ses plans, ses inventions, ses créations gigantesques, le cousin Roger sombre dans la folie. Arsène se retrouve désigné par le bras-droit de l'architecte, Louis, pour reprendre les rênes du projet. Ne comprenant pas tous les tenants et aboutissants et, à son tour dépassé par les événements, Arsène se laisse guider par Louis. Ajouté à la folie que peut comporter une telle aventure, les méandres de l'amour, et vous obtiendrez une histoire passionnante de bout en bout.
La superbe bichromie rouge-bleu soufflant le chaud et le froid, les métaphores prenant forme, la chaleur, la touffeur, la jungle, la grandiloquence des projets du Nord pour le Sud, le grand nombre de trappistes bues par Arsène nous font nous plonger ivres et fiévreux à corps perdu dans cette folle aventure humaine. Olivier Schrauwen nous tient comme dans un piège magnifique et terrifiant que nous n’avons pas envie de quitter. Quand, après le premier chapitre, il nous demande, dans un interlude graphique sublime, d’attendre une semaine avant de reprendre la lecture, on lui obéit (au moins une heure), impatient de retrouver la suite. Les 35 € que coûte cet album ne doivent pas être un frein à son achat, vous ne le regretterez pas. Gageons qu’Angoulême en janvier prime de belle façon Arsène Shrauwen, Olivier Schrauwen le mérite amplement !
Traduit de l'anglais par Charlotte Miquel, L'Association, 35 €.
Deuxième tome des aventures et mésaventures de Megg, la sorcière, Mogg, son amant-chat et Owl, leur colocataire et souffre-douleur hibou où l’on va plus loin encore dans l’ennui et la décadence de ce trio marginal.
On se marre de leurs trips hallucinés, de leurs farces au goût douteux, de leurs petits larcins, de leur quotidien jusqu’à ce qu’arrive la nausée. Le malaise est palpable par le contraste créé entre le caractère enfantin des personnages et le sombre de leur déchéance. Ca laisse en bouche un arrière-goût de bile et on ne sait si c’est parce qu’on a trop ri de leur bêtise ou été frappé par la vacuité de leur vie, reflet noir de la société. Le premier tome s’appelle Maximal Spleen, celui-ci qui vient de sortir dans une toujours impeccable mise en page des éditions Misma, Magical Ecstasy Trip. Fume, c’est de la bonne !
L'avis d'Adrien :
Depuis ses cinq ans, Rose passe ses vacances d'été avec ses parents dans la station balnéaire d'Awago. Elle y retrouve chaque année Windy, avec qui elle bavarde, joue sur la plage, regarde des films. Cet été là, rien n’a changé, mais les filles ont grandi, l'insouciance de l'enfance fait doucement place à l'adolescence et les questions changent. Les dessins animés font place aux films d’horreur regardés en cachette sous la couette et loués à l’épicerie videoclub du coin tenue par un post ado intrigant. Rose en tombe amoureuse sans oser rien dire à Windy. Cet ado coureur de jupons fait à peine attention aux deux gamines qui observent son manège de bourreau des cœurs. Parallèlement à ça, les parents de Rose s’enferment dans des non-dits qui pèsent sur leur couple et leur vie de famille. Tout sonne juste et entre mélancolie et humour, les auteurs, grâce à la qualité de leur scénario et au dessin simple et aéré où chaque émotion est rendue lisible, nous livrent une belle chronique de ce moment délicat du passage de l’enfance à l’adolescence.