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promesse galgutL'avis de Régis:

Damon Galgut est un immense écrivain sud-africain. Son œuvre, traduite par les éditions de L'Olivier, est à découvrir toutes affaires cessantes.

De livre en livre, Galgut scrute son pays et décortique avec une force insoutenable les ravages du racisme ordinaire.

Son dernier roman, La promesse, a reçu le Booker Prize en 2021 et est paru en français en mars dernier. C'est, sans aucun doute, un véritable choc de lecture qui vous attend.

Une femme meurt dans une famille blanche de propriétaires terriens, près de Pretoria. Elle a à peine quarante ans, un mari, trois enfants et elle quitte ce monde avec une demande, presqu'une supplication: que son époux lègue à Salome, la domestique noire, la petite maison qu'elle occupe, au bout de leurs terres. L'instant est déchirant, l'homme pleure. Et il promet.

Cette promesse sera le coeur-même de ce roman saisissant. Car elle ne sera pas tenue, car elle n'aura de cesse de diviser cette maudite famille Swart. Car elle est le reflet d'un pays divisé, écartelé, malade.

Sur une trentaines d'années, de 1986 à 2018, Galgut explore le déclin d'une famille, les rancoeurs, les regrets et les convoitises qui détruiront chacun de ses membres. Roman choral,  La  promesse n'est pas pour autant une saga familiale. C'est davantage le portrait d'une société, et une réflexion puissante sur le racisme.  

Politique, poétique, dérangeant, lumineux, inoubliable. La promesse est un texte rare, ne passez pas à côté.

 

Éditions de l'Olivier, traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Hélène Papot, 23 €btn commande

Disponible en format numérique ici

hors la loi northL'avis de Maryse:

Far-West, années 1890. Ada a 17 ans et se destine à une carrière de sage-femme – un métier certes essentiel mais qui se rapproche, dans les esprits étriqués et superstitieux de cette bourgade du Texas, d’une magie certaine. De surcroît, en ces temps reculés de chasse aux sorcières où l’unique rôle d’une femme est d’enfanter, son ventre ne s’arrondit toujours pas.

Pour échapper à la pendaison, Ada s’exile et pénètre dans un gang de « bandites » de grands chemins, de femmes qui ont subi le même sort qu’elle, et qui, éprises de rage et de liberté, sont devenues des hors-la-loi par nécessité. Anna North réussit le défi de nous plonger dans un véritable western, bourré d’aventure, d’action et borné des topoï propres au roman de genre. En revanche, elle le fait à la sauce féministe, en se focalisant sur les violentes disparités de cette époque, qui fascine encore, ainsi que sur les infaillibles pouvoirs que peut porter la sororité.

Éditions Stock, La Cosmopolite, traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch, 23 €

Disponible en format numérique ici

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016bisL'avis d'Adrien :

Durant l’étouffant été 1984, Autopsy Bliss (autrement dit Autopsie Félicité, tout un programme !), le procureur de Breathed (en version française, Respiré), petite ville de l’Ohio, fait paraître dans le canard local une invitation au diable à se présenter à lui. Car c’est bien là le travail d’un procureur de juger sur pièce ce qui est bien et ce qui est mal. Peu après cette annonce, la bourgade voit débouler Sal, un jeune garçon noir, de loques vêtu, crasseux et fatigué, prétendant être le Malin.
La gentillesse et la franchise de ce bon petit diable font qu’il s’intègre bien vite dans la famille Bliss qui l’adopte aussitôt. La petite communauté de Breathed ne va pas l’entendre de cette oreille, va jouer de putride xénophobie et lancer l’engrenage du désastre. De petites perturbations en grands renversements, c’est toute la famille Bliss et en fin de compte toute la ville qui vont s’embraser, pointer du doigt l’ange déchu et être plongées dans une tragédie prophétique.


Après le mémorablissime Betty, on retrouve avec plaisir la force et la délicatesse de l’écriture de Tiffany McDaniel, à chaque page ses tournures de phrases aériennes et poétiques, à chaque chapitre un conte éclairant, tout au long du livre un narrateur marquant, Fielding, le plus jeune fils d’Autopsy, vivant là dans son enfance un moment clé de sa vie.
Moins sombre, quoique, et peut-être un poil moins remuant que Betty, on s’aperçoit vite qu’on fait face à une grande romancière. Elle épouse l’intime et charrie l’histoire d’un pays de contrastes forts, né de l’exil et de la violence. Qu’il s’agisse de moments plus légers, voire carrément drôles ou d’épisodes sordides, c’est une réelle soif de lire qui nous saisit, comme le font les romans de John Irving ou plus proche de nous et moins connu mais à (re)découvrir de ce pas, Brady Udall. En deux romans généreux, à la fois exigeants et accessibles, Tiffany McDaniel marque de la plus belle des empreintes la littérature américaine.btn commande
Que sa sortie ait eu lieu « l’été où tout a fondu » n’est probablement pas un hasard, prophétique on vous dit !

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par François Happe, 25.60 €