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Son projet était d'écrire un petit livre «souriant et subtil» sur le yoga, cet art qu'Emmanuel Carrère pratique depuis si longtemps. Mais le chaos a tout balayé, nerveusement, irrémédiablement. Chaos du monde, avec les attentats de Charlie Hebdo, la crise migratoire et les destins brisés d'hommes et de femmes en route. Chaos personnel car sa vie heureuse et calme des dernières années s'écroule subitement. Carrère est rattrapé par ses démons, sa violence intérieure, son refus de vivre.
Et de tout cela, de ce magma révulsant, de cette chute libre, de cette souffrance vécue et côtoyée, Carrère fait un livre.
Un livre bouleversant, qui se dévore de bout en bout et dont on sort chamboulé mais debout, ému et terriblement vivant. Comme rarement en littérature, Carrère ose tout: son écriture nous emmène tout au bord du précipice, jusqu'à la part la plus intime et la plus obscure de sa propre existence. Son internement à Sainte-Anne, le traitement par électrochocs, l'envie d'en finir pour de bon. Tout est là, et c'est sidérant de beauté et d'humilité.
Mais "Yoga" est aussi traversé par tant d'autres vies, tant d'autres histoires, des rencontres incongrues, des anecdotes hilarantes, des récits qui se superposent, qui se croisent, des réflexions sur la méditation, l'écriture, la bonté, l'amitié, la sexualité, qu'on ne peut être qu'ébloui par l'architecture lumineuse de ce texte. Emmanuel Carrère nous offre un très grand livre et une expérience humaine inoubliable.
Le livre est disponible en format numérique ici.
Ecrire ce moment-là, à vif. Garder la trace, l'instant, le basculement. Dire le chaos qui surgit, dire que c'était ça qui se passait quand le père est mort. Avant que j'oublie.
Anne Pauly habite son premier roman totalement, elle en fait sa cabane, son refuge. La peine qui ne passe pas, l'enfance et la famille, les formalités liées au décès, les obsèques. Tout est là, dans sa bouche, dans ses mots qui claquent, dans ses phrases qui cognent, dans son humour ravageur. Et puis il y a le père, au centre de tout, dévorant, violent, foutraque et incompris. Et mort. C'est chez lui qu'Anne Pauly s'installe peu après l'enterrement, pour les missions de circonstance: nettoyer, trier, vider. Ce temps du vide et de l'absence, des regrets et des découvertes sont des pages prodigieuses et inoubliables.
Ce texte vous attrape et ne vous lâche plus. Paru et lu il y a tout juste un an, "Avant que j'oublie", par la lumière qui s'en dégage, m'accompagne encore si souvent.
Disponible en format numérique ici.