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mahmoud wautersL'avis de Régis:

Je suis dans la mémoire des choses.

Au commencement de tout.

 

Un vieil homme immobile sur une barque. Lac El-Assad, Syrie.

De temps en temps, silencieusement, il plonge. Respiration, masque, tuba. Il plonge pour retrouver son enfance, son passé. Sa ville engloutie sous les eaux, depuis la construction du barrage de Tabqa. Il plonge pour revivre ses 7 ans, humer le prunier de la maison d’autrefois, revoir le café Farah à deux pas de la mosquée…

C’est Mahmoud Elmachi, le poète, le vieux sage, le vieux fou. Le rescapé des geôles d’Hafez El-Assad, l’amoureux lumineux de Sarah, le père d’une fille et de deux garçons qui se battent aujourd’hui pour la liberté.  

Ecoutez sa voix, ses mots; écoutez.

Antoine Wauters illumine la rentrée littéraire par ce roman poétique, politique, intime et bouleversant. Ecrit en vers libre, dans une langue d’une beauté incroyable, il donne voix à Mahmoud et sa femme Sarah. Et à travers eux, c’est 50 ans de l’histoire syrienne qui nous prend à la gorge. Une histoire de violence, de destruction, d’un régime de la terreur.

En écrivant des poèmes aussi doux (…) dans un pays aussi brutal, Mahmoud a fait partie des hommes et des femmes qui luttent et refusent de se soumettre. Mais que peut un poème dans un pays qui se meurt ? Dans l’épaisseur du monologue et des longs silences du vieil homme se cache entre autres une réflexion poignante sur l’écriture et la résistance.

C’est un livre audacieux, sensible et engagé. Un roman violent et doux à la fois.

C’est un long poème qui ne vous lâchera pas.

 

Verdier, 15.20 eurosbtn commande

Disponible en format numérique ici

24 fois la verite meltzL'avis d'Anouk:

"Le cinéma, c’est 24 fois la vérité par seconde". Les mots de Jean-Luc Godard éclairent le projet littéraire d’Adrien P.: tenter de raconter, au plus près, au plus vrai, la vie de son grand-père Gabriel.

Mort à 101 ans, Gabriel a traversé le 20e siècle caméra à la main, comme pour tenir à distance un réel dont il a appris trop jeune la violence. Preneur d’images à la Gaumont, Gabriel témoigne pour son temps; sa caméra enregistre grands événements et angles morts de l’histoire avec pareille acuité. De la volumineuse Pathé-Kok de son enfance jusqu’au numérique, il accompagne aussi toutes les mutations techniques, et plus encore la vertigineuse modification de notre rapport à l’image.

En tissant 24 fragments de la vie de son grand-père, Adrien cherche à attraper ce qui fait l’épaisseur d’une vie. À l’attraper par les mots et la littérature, qui sont comme le miroir des images de Gabriel. Les 24 chapitres explorant la mémoire de son grand-père alternent avec autant de textes personnels, à mi-chemin entre journal intime et carnet de création. On y lit les interrogations d’Adrien sur le cinéma, le récit, l’amitié, ses enthousiasmes et ses écœurements. Et si l’ombre de Godard n’est jamais loin quand il est question du cinéma et des images, c’est dans le sillage de Georges Perec qu’Adrien avance sur son chemin d’écriture. Perec et la béance de la mémoire, Perec et son roman sans E/sans eux, Perec et son sourire joueur.

Comment, à partir d’une construction si sophistiquée, 24 fois la vérité parvient-il à susciter tant d’émotion et de beauté? Comment le tourbillon d’événements, de pensées, de vertiges qu’abrite ce roman profondément singulier se cristallise-t-il avec tant de justesse? C’est le secret de Raphaël Meltz – pour notre part, nous l’appellerons: la grâce. Un mélange subtil de douceur et de passion, d’audace et de pudeur, de profondeur et de délicatesse.

"La vie. Une fois encore. La vie. Rien que la vie".

 

Le Tripode, 20 eurosbtn commande

Disponible en format numérique ici

L'avisLété sans retour C1 de Maryse:

À nouveau, voici un roman belge, publié chez Gallimard, qui vaut le détour !

2005 à Ravina, un bourg isolé de Basilicate, la région du sud de l’Italie « dont on dit, tant sont peu nombreux ceux qui la connaissent, qu’elle est un peu comme Dieu lui-même, réelle et imaginaire, ne se laissant ni facilement décrire ni atteindre par le temps. » Alors que le village est en fête, la jeune Chiara, fille des propriétaires de l’épicerie et nièce de l’agriculteur Pasquale Serrai, disparait. Des jours durant, malgré les battues des carabinieri et la mobilisation de tout le village, elle reste introuvable. Très vite, les chaînes de télévision et les rédacteurs de gazettes locales et nationales vont s’implanter dans les lieux jusqu’alors ignorés, et s’emparer de l’affaire, la transformant en un macabre et voyeuriste roman-feuilleton suivi par le pays entier et dont plusieurs villageois deviennent les personnages-vedettes. Au cœur de l’angoisse, de l’indignation et de la tristesse se révèlent frustrations, jalousies, et haines enfouies.

C’est Sandro, orphelin pris sous l’aile de Serrai et jeune homme mis au ban de ce petit monde à l’époque des faits, qui, des années plus tard, raconte le funeste épisode qui avait bouleversé la vie d’ordinaire si taciturne d’une région où tout le monde croit connaître tout le monde...

Le roman de Giuseppe Santoliquido prend vite la forme d’un bon thriller haletant et pourtant, c’est la fine analyse de ce que peut revêtir une société rurale, géographiquement isolée, aux hommes et aux femmes que le dur labeur a maintenus butés, inflexibles, envieux et intransigeants qui est à retenir. C’est aussi une réflexion sur la façon dont les médias – et ce même avant l’arrivée massive de Facebook et autres réseaux sociaux – récupèrent une atroce réalité afin de la servir chaude et bien croustillante à des spectateurs en mal de sensations. Mais surtout, c’est une écriture juste, accomplie et véritablement élégante qui transporte le lecteur de la première à la dernière ligne de ce très bon roman.

Gallimard, 20 €btn commande

Disponible en format numérique ici