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enchanteurs brisacL'avis d'Anouk et Régis:

Je récite mon psaume personnel, où réside le sens de toutes choses : observe perpétuellement, observe l’inquiétude, la déconvenue, la bêtise, tes propres abattements. Observe. Tout existe pour être raconté.

 

Voilà un roman qui ressemble à son héroïne: ardent fougueux et d’une drôlerie tout à tour espiègle et redoutable. L’héroïne, c’est Nouk. On la (re)connaît: depuis "Petite", Nouk et Geneviève Brisac se tendent un miroir plus ou moins fidèle, plus ou moins joueur. Nouk est comme un double de fiction, et tout au long des "Enchanteurs" le elle et le je se partagent le récit. Pas de danse tellement souple et gracieux qu’il réussit à nous faire oublier combien il est virtuose.

Nouk rêvait de changer le monde, mais le temps a dérapé, et nous aussi. La voici éditrice: Publier de nouveaux livres, rencontrer de nouveaux écrivains, les défendre, leur apprendre ce qu’elle sait, jouer avec ses amies et écrivaines et complices, écrire des histoires qui font rire et qui font pleurer, rédiger des catalogues, se battre contre divers moulins, tout ce bonheur l’empêche d’éprouver dans son cœur que les temps changent.  Et les idéaux de Nouk se fracassent à des logiques qu’on croit réservées à d’autres mondes que ceux de la création : le chiffre, le succès facile, la communication. Il faut s’adapter – ou partir.

Nouk regarde le microcosme de sa maison d’édition et rien n’échappe à son sens de l’observation: les lâchetés ordinaires, le narcissisme, les absurdes jeux de pouvoir, les chantages affectifs. Elle est lucide, Nouk, et narquoise, et combattante. Elle ira jusqu’au bout de sa lutte contre la bêtise et la misogynie, même si tout est décrit, tout est décidé (…), est-ce bien la peine de jouer ma partition ? Sa force, ses armes, elle les puise chez les auteurs qui l’accompagnent, Virginia Woolf et Kafka, Duras et Natalia Ginzburg.

On se tromperait en lisant "Les enchanteurs" comme un livre-règlement de compte, une apologie du passé révolu. Ce qui irrigue le roman, bien au contraire, c’est son énergie généreuse, ses étincelles d’humour et de poésie, son souffle d’insubordination. Une liberté ébouriffante, car comme le dit Anne Sylvestre en exergue: "Merci, oh merci !/ De m’avoir donné cette rage".

 

L'Olivier, 17 eurosbtn commande

Disponible en format numériqueici

partout le feu laurainL'avis d'Anouk:

Un feu d’artifice pour ouvrir le livre, un grand incendie pour le refermer, et entre les deux "Partout le feu" crépite, flamboie, illumine comme rarement la colère de notre temps.

Avec ce premier roman écrit d’un souffle, Hélène Laurain raconte les désirs, les espoirs et les peurs de Laetitia, née dans l’Est triste quelques minutes avant l’explosion de Tchernobyl. La vie de Laetitia est aussi fissurée que le réacteur nucléaire. Le deuil impossible d’une mère partie trop tôt, l’absurdité de son travail, le sentiment oppressant de la catastrophe climatique: sa vie implose, et les post-it implacables ou poétiques qu’elle griffonne méthodiquement ne suffisent pas à l’étayer.

Alors, l’énergie libérée par tant de failles, Laetitia la met au service d’un groupe d’activistes écologistes. De coups d’éclats en gardes à vue, elle garde intacte sa conviction: brûler de douleur et faire avec.

Drôle et rageuse, habitant une vertigineuse solitude, Laetitia mesure les progrès de son eczéma sans pour autant renoncer à traquer la beauté du monde. C’est une héroïne bien d’aujourd’hui, délurée, sans illusion mais pas sans idées, une Antigone pour nos temps effondrés.

ma couleur c’est le vert / vert sorcière / vert colère / vert furie

 

Verdier, 16 eurosbtn commande

Disponible en format numérique ici

inconnu de la poste aubenasL'avis d'Anouk:

Florence Aubenas est une journaliste hors du commun. Du Rwanda à l’Irak, de l’Algérie à Outreau, elle traque le réel au plus près, attentive aux soubresauts et aux chuchotements, à l’ordinaire qui cache souvent sa part d’extraordinaire.

Depuis son formidable « Quai de Ouistreham » paru en 2010 aux éditions de l’Olivier, nous savons qu’elle est aussi une immense écrivaine, et « L’inconnu de la Poste » le confirme avec éclat.

Captivant de bout en bout, haletant comme les meilleurs polars, « L’inconnu de la Poste » tente de démêler l’écheveau de faits et de rumeurs tissé autour du meurtre d’une postière dans une petite ville des Alpes françaises. Patiemment, Florence Aubenas rassemble les pièces d’un puzzle à l’incroyable complexité. Son sens du détail et de la mise en scène, doublé d’un art épatant du montage, transforment cette affaire en un passionnant portrait de notre société. L’empathie et la générosité de Florence Aubenas offrent à chacun des protagonistes une dignité et une densité profondément émouvantes.

« L’inconnu de la Poste » est de ces livres qui nous habiteront longtemps. En nous maintenant sur le fil ténu entre le banal et le tragique, il réinvente le journalisme littéraire et explore de nouveaux territoires d’écriture.

 

 

Éditions de l'Olivier, 19 eurosbtn commande

Disponible en format numérique ici