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Des héros de Jean-Paul Dubois, Paul Katrakilis porte le prénom, la désinvoluture et l'irrépressible mélancolie. Fils unique d'un couple peu assorti — sa mère n'a jamais caché qu'elle préférait son propre frère à son époux —, petit-fils du médecin personnel de Staline arrivé en France peu après la mort du Petit Père des peuples, Paul choisit après ses études de médecine d'échapper au poids d'une famille destructrice. Il s'établit à Miami et y devient joueur professionnel de pelote basque, un sport qui fait fureur en Floride.
La rudesse du monde sportif lui semble infiniment préférable au climat vicié qui règne chez les Katrakilis. Paul a-t-il pour autant échappé à l'héritage familial? On aimerait avec lui croire au "bonheur simplifié" qu'il s'est bâti outre-Atlantique: quelques amis hauts en couleur, deux femmes inoubliables, un vieux bateau et un chien affectueux. Mais il n'est pas aisé de refuser une succession, et Paul l'apprendra dans de profonds déchirements.
"La succession" est le roman du bonheur et de sa perte, de la liberté qui n'est jamais là où l'on croit, du poids de tragique que recèle toute vie. On y retrouve l'élégance désabusée de Jean-Paul Dubois, son sens du détail, son humour tout d'ironie, mais aussi, plus encore que dans ses romans précédents, une douloureuse noirceur et même un désespoir qui laissent au lecteur bien des questions entêtantes.
L'Olivier, 19 €
Disponible en format numérique
Madeleine est née en 1915 et décédée en 2012. Entre les deux dates, presqu'un siècle d'une vie bien remplie. Une cave oubliée dans un immeuble parisien en raconte les mille facettes: des cahiers d'écolière et des lettres d'amour, des photos et des cartes postales, des livres et des services à café, des dentelles et un manteau de fourrure, tout le marabout-bout de ficelle d'objets entassés au hasard des années.
Lorsque Clara Beaudoux s'installe en 2013 dans l'appartement que Madeleine a longtemps habité, les héritiers de la vieille dame ont oublié l'existence de la cave et ne l'ont pas vidée. Voici donc la jeune femme dépositaire de la mémoire d'une vie. Elle aurait pu tout jeter, mais piquée par la curiosité elle se plonge dans les cartons et valises soigneusement empilés. Et très vite l'émotion la prend. Elle la partage sur Twitter, à coups de messages de 140 signes, fédérant très vite autour de ce "Madeleine Project" une communauté vibrante.
C'est le recueil de ces tweets que publient aujourd'hui les éditions du Sous-Sol. Et l'on s'étonne de la profondeur du livre. Qui aurait cru qu'en 140 signes on pouvait donner tant d'émotions, de réflexion, de beauté? Que l'on sentirait naître à elle-même, à travers la vie d'une autre et dans une forme qui semble si éphémère et superficielle, une jeune femme d'aujourd'hui?
"Madeleine Project" est un livre sur la mémoire, sur les méandres de la vie, sur ce que les objets disent de nous. En exergue, ces quelques mots de Chris Marker donnent à penser:
"Mon hypothèse de travail était que toute mémoire un peu longue est plus structurée qu'il ne semble. Que des photos prises apparemment par hasard, des cartes postales choisies selon l'humeur du moment, à partir d'une certaine quantité commencent à dessiner un itinéraire, à cartographier le pays imaginaire qui s'étend au-dedans de nous".
L'avis d'Edith:
« Il y a beaucoup de choses que Léo ne peut pas faire. 1) Lire un courrier. 2) Lire les pancartes à l'usine ce qui lui éviterait de passer sous un rouleau compresseur. 3) Remplir sa feuille d'impôts. 4) Faire ses courses sans acheter toujours la même chose en raison des prix sur les emballages (...) ».
5) Mettre des mots sur ce qu'il y a en lui.
On n'a pas idée de tout ce que c'est d'être illettré. Cécile Ladjali en donne un aperçu à travers Léo, sa prison quotidienne de signes incompréhensibles et son cœur tout mélangé.
Simple et direct, droit au but et au cœur, « Illettré » ne prend pas de détours.