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L'avis d'Anouk :
Il y a la rentrée littéraire, et il y a Toni Morrison.
Le dernier roman de l'immense romancière américaine vient de paraître aux éditions Bourgois. Un titre qui claque, 150 pages sans un mot de trop, une plongée frémissante dans les États-Unis des années 50 : "Home" est un chef d'oeuvre.
Toni Morrison écrit au couteau, rend justice à des personnages magnifiques et aborde avec délicatesse des thématiques déchirantes (la guerre, la perte, l'eugénisme). Mieux qu'un roman engagé, "Home" est un livre qui engage : il fait son chemin jusqu'au plus intime, et convoque autant l'intelligence du lecteur que sa capacité à s'émouvoir et chacun de ses sens. Toni Morrison n'assène rien, ne démontre rien, ne s'appesantit sur rien. Elle nous fait seulement éprouver, de l'intérieur, ce qu'est la ségrégation, ce qu'est une vie sans droits, et combien être un homme est une tâche exigeante, toujours à reconquérir.
L'avis d'Anouk :
"Pourquoi être heureux quand on peut être normal?", demandait à sa fille la mère adoptive de Jeanette Winterson. Pentecôtiste fervente, dépressive, persuadée d'avoir choisi le mauvais berceau lors de l'adoption de Jeanette, la mère fait figure d'un ogre sorti des plus noirs cauchemars. Grandir avec (ou plutôt contre) cette mère sinistre n'a pourtant pas empêché que Jeanette Winterson trouve son propre chemin. Elle le fait dans la souffrance, avec des détours hasardeux, mais guidée par une énergie et une confiance inébranlables.
Jalonné de lectures, de rencontres, de filles aimées, le livre de Jeanette Winterson reflète un parcours intellectuel et humain hors du commun. La romancière déjoue tous les clichés pour faire revivre la petite fille et l'adolescente qu'elle a été. L'émotion est partout présente, mais l'ironie, la générosité et la fantaisie de Jeanette Winterson la tiennent loin du pathos.
Lumineux, féroce, engagé, redoutablement intelligent : "Pourquoi être heureux..." compte parmi les lectures qu'on n'oublie pas.
Traduit de l'anglais par Céline Leroy
L'Olivier, 21 euros
L'avis de l'Editeur :
1952. Doris « Do » Nightingale est chargée par son frère Marvin de retrouver son neveu. Do découvre que le jeune Julian mène la vie de bohème à Paris. Il essaie d’être artiste et vit avec une Roumaine en exil dans un appartement luxueux qu’ils ne paient pas… La sœur de Julian, Iris, les rejoint : elle aussi cherche à fuir le destin trop étriqué qui l’attend en Amérique. Mais le Paris idyllique n’est qu’une légende et les trois idéalistes doivent affronter la réalité. Personnages sans ancrage, corps étrangers à tout ce qui les entoure, ils finiront par retourner aux États-Unis.
Ce livre de l’auteur d’ Un monde vacillant n’est pas seulement une réécriture moderne des Ambassadeurs de Henry James. Il en est le négatif photographique. Car l’Europe qu’elle décrit est celle des années 50. Alors que l’Amérique triomphe, les deux guerres mondiales ont laissé des traces et le « vieux continent » s’apprête à aller d’une grande désillusion idéologique à l’autre.
Dans Corps étrangers, Cynthia Ozick réaffirme les grands thèmes qui traversent son œuvre – la tentation de la fuite hors du réel, le déracinement historique et intime, le spectre de la folie créatrice –, et impose sa puissance romanesque hors du commun.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Agnès Desarthe
Editions de l'Olivier, 23 €