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L'avis de Maryse:

Les trésors du fonds

Le texte est publikyra kyralinaé en 1923 à l’initiative de Romain Rolland qui, après sa lecture au hasard d’un envoi de l’auteur inconnu au bataillon qu’était alors Panaït Istrati, est subjugué et y détecte une perle littéraire. Kyra Kyralina se révèle une découverte singulière, tel un beau bijou façonné dans une contrée lointaine à une époque révolue…

Déjà le seuil du texte, le titre lui-même, amadoue le lecteur. Il l’emporte irrésistiblement au cœur d’un récit initiatique exalté, celui du voyage de Dragomir, parti en quête de la sensuelle Kyra Kyralina, sa grande sœur chérie, enlevée et détenue dans un harem. Le voyage à travers la Roumanie, la Bulgarie, les Balkans et jusqu’aux confins de l’Empire Ottoman, qui est alors au soir de son existence, est rocambolesque, vertigineux et multicolore. Pris dans le mouvement perpétuel vers un objectif fantasmé, flou et vain, l’adolescent candide découvrira le chemin de la vie, qui, nous le savons, sera semé d’embûches et de déroutes. Il y goûtera aussi mille et une saveurs, y respirera d’enivrants parfums, s’y brûlera la peau au gré de rencontres aux teintes explosives. Une véritable aventure.

Dans Kyra Kyralina, les mots mettent les cinq sens en éveil. L’écriture est léchée et sa délicate poésie charnelle et lascive. Le rythme tape à contre-temps et dépayse qui y est immergé…

Années 1880. Panaït Istrati est né à Braïla, une ville fluviale de Valachie. De mère roumaine et de père grec – j’ai lu que ce dernier vivait de la contrebande –, le Danube est son océan. Dès l’enfance, il baroude seul sur les routes d’Europe centrale et orientale, offrant ses services à tous les métiers, parlant une kyrielle de langues. Enfin, selon ses errances, il atterrit en France en pleine Grande Guerre. Puis il se met à écrire dans la langue de Molière et de Romain Rolland. Roman à lui seul, il est aussi et surtout un écrivain autodidacte de génie. Découvrir son œuvre m’a émerveillée, et pour sûr, il en sera de même pour vous.

Folio, 7,20 euros.btn commande

nous les enfants de larchipel lindgren crowtherL'avis d'Anouk:

«Par un matin d’été, descends donc sur le quai de Strandvägen à Stockholm, et s’il y a un petit bateau blanc qui dessert les îles de l’archipel, le Saltkråkan I – oui, le Cormoran, c’est le bon bateau –, il ne te reste plus qu’à monter à bord.»

Une seule phrase, la toute première de cet épais roman, et l’on embarque sans plus attendre: qui pourrait résister à pareille invitation?

Nous voici donc en route pour un été magique à Saltkråkan, l’une de ces centaines d’îles semées entre Stockholm et la Baltique. Nous y sommes en bonne compagnie avec la famille Melkerson, des Stockholmois qui ont loué pour les vacances une vieille demeure au toit percé et aux murs pas si droits. Le père est écrivain et guère doué pour les travaux pratiques. Il est heureusement secondé par Malin, sa fille aînée, qui vient de passer le bac et veille avec patience et tendresse sur son père et ses trois frères. Les journées sont longues dans la lumière du Nord, et elles sont pleines de péripéties – car comme le dit la devise des Melkerson : «Un jour, une vie !».

Les citadins sont accueillis chaleureusement par les habitants de l’île, le vieux Söderman, Martä la généreuse, les terribles sœurs Teddy et Freddy, sans oublier une ribambelle d’animaux qui font le bonheur du petit Pelle. Saltkråkan est une joyeuse utopie, un monde idéal où les enfants donnent le ton, où l’on vit au gré de la nature, où l’on se moque des conventions sociales et morales qui ont cours sur la terre ferme. Sans doute est-ce pour cela que l’on y vit si intensément : « c’est une de ces journées qui pétillent tellement de plaisir et de joie, de splendeur et de bonheur que je sais à peine comment le supporter », écrit Malin dans son journal.

Astrid Lindgren peint avec génie la vie des Melkerson et de leurs amis. L’affection déborde, teintée d’espièglerie et d’humour. Les dialogues vifs et piquants se tissent aux pages du journal de Malin et donnent au roman un incroyable effet de réel. Quant aux illustrations de Kitty Crowther, elles viennent encore sublimer le texte. Leur lumière, leur poésie, leur vigueur font résonner avec force la liberté facétieuse d’Astrid Lindgren.   

On comprend pourquoi, en Suède, Les enfants de l’Archipel sont aussi célèbres que Fifi Brindacier. Et l’on rend grâce à Alain Gnaedig, infatigable traducteur de l’œuvre d’Astrid Lindgren, qui nous offre de découvrir – enfin ! – ce chef-d’œuvre en français.

 

L'École des Loisirs, traduit du suédois par Alain Gnaedig, 17 euronous les enfants crowtherbtn commande

smimna herbautsL'avis d'Anouk:
Matin Minet et Hadek habitent une jolie maison-escabelle à l'orée de la forêt. Ce matin, c'est un grand jour: ils partent cueillir des baies. On en trouve des choses sur le chemin, baies noires et samares, sureau et glands de chêne. Et sur le chemin on rencontre aussi des amis, comme Mulot et Petit-Jean, ou comme cette moufle dépareillée aux yeux tristes. Matin Minet et Hadek vont lui rendre le sourire et lui donner un joli nom, Smimna.
L'univers d'Anne Herbauts se déploie avec douceur et malice dans ce nouvel album des aventures de Matin Minet. Les mots font la ronde, beaux et précieux comme ces baies qui régalent les amis. La nature console, étonne, partage généreusement ses trésors. Il y a de la place pour tous et de l'attention pour chacun - c'est sûr, Matin Minet est un ami précieux!
 
Pastel - L'École des Loisirs, 11.50 €btn commande
 
 
 
 
 
 
 
 
 

tes pas mort pineurL'avis d'Anouk:

Suzie, Joséphine et Barnabé ont une idée: et si on jouait à faire le mort?

Pour cela, c'est très simple. Il suffit de s'allonger, de fermer les yeux et bien sûr de ne pas bouger. Joséphine le fait très bien, Suzie aussi, mais Barnabé a le nez qui gratte: perdu!

Le jeu des trois amis est l'occasion de se poser mille et une questions sur la mort. Catherine Pineur capte au plus juste les interrogations des tout-petits, leur naturel, leurs inquiétudes et leur infinie sagesse. D'un sujet difficile, que les adultes ont tendance à draper de beaucoup de solennité, les oiseaux de Catherine Pineur tirent un atelier impromptu de philosophie, avec sérieux mais sans s'appesantir: ensuite on ira goûter.

Après trois magnifiques albums sur l'exil, qui mettaient en scène d'autres oiseaux, Alfred et Sonia, dans un dépouillement laissant place à bien des émotions, Catherine Pineur renoue avec les couleurs éclatantes. Ses roses, ses jaunes, ses verts donnent au livre une texture incroyablement vivante, et structurent si bien l'espace de l'album que le décor est superflu et peut aller à l'essentiel (le sol, un arbre, un banc). 

"T'es pas mort!", avec son joyeux point d'exclamation, est un album qui donne aux enfants la permission de (se) poser toutes les questions autour de la mort, des plus triviales aux plus profondes. Il accompagne leur cheminement pour apprivoiser l'idée du "comment ce sera" et vient rappeler une évidence: "un jour, on sera tous morts!". Et nos oiseaux-philosophes, forts de cette découverte, sont bien décidés à profiter de la vie et de l'amitié.

Pastel - L'École des Loisirs, 12 eurosbtn commande

 

tes pas mort pineur3

tes pas mort pineur2

logo bruit du mondeUne maison d'édition qui naît, c'est la promesse d'élargir encore le champ de la bibliodiversité. Et les premiers titres qu'elle publie, un manifeste de ce qui est à venir. Ce printemps a vu arriver sur les tables de la librairie des livres portant haut un nom qui va compter: "Le bruit du monde". En six livres tout juste parus, nous avons déjà comme un aperçu d'une sacrée ambition éditoriale: "Le bruit du monde", c'est une littérature traversée de voix, d'échos, de mouvements, d'énergie; une littérature qui empoigne le réel pour le questionner et enrichir du même coup nos imaginaires. Petit focus sur quatre titres.qui sont autant de coups de cœur.