librairie
point virgule

Rue Lelièvre, 1 B-5000 Namur | Tél. : +32 (0)81 22 79 37 | info@librairiepointvirgule.be | Du lundi au samedi de 9h30 à 18h30

029bisL'avis d'Adrien :

Coup de cœur absolu pour cette série à lire de toute urgence où l’on suit Tulipe et ses amis l’Arbre, le Caillou, les serpents Crocus et Mimosa, les oiseaux Violette, Rose et Cosmos, Narcisse le tatou qui ressemble furieusement à un pangolin – mais évitez de le lui dire pour ne pas le froisser d’autant qu’il attrape la grippe lors d’un épisode.

Tulipe est un ours en short peu ambitieux et très sage qui adore ne rien faire ce qui enrage les autres animaux qui, les uns veulent voyager, d’autres bâtir des édifices, d’autres encore écrire de la poésie épique. Tout un monde se présente à nous, formellement assez minimaliste mais chaque détail compte et au gré des discussions de chacun c’est toute l’humanité qui est représentée avec ses malheurs, ses joies, ses différences, son altérité.

Il y a beaucoup d’humour, un humour à la fois désespéré et revivifiant. Tulipe met en perspective les grandes questions fondamentales – qui sommes-nous ? d’où venons-nous ? où allons-nous ? – la place des êtres vivants sur terre et de la terre dans l’univers d’une façon intelligente et très fine, non moralisatrice, avec un angle décalé, dans ce sens où on accomplit un pas de côté. Le contraste entre existentialisme et légèreté est d’autant plus frappant que les couleurs pastel nous font garder un pied dans un monde doux et enfantin.

Chaque âge peut se nourrir de toutes les petites et grandes leçons de vie qui sont tirées par Tulipe et ses amis. On y parle poésie, amour et philosophie au fil des trois albums sortis jusqu’ici « Tulipe », « Les voyages de Tulipe » et « Tulipe et les sorciers ».

A peine le rabat de couverture lu que vous êtes plongés dans le bel univers de Tulipe :
« La vie ? Un sacré sac de petits tracas et de grandes contrariétés. Mais comme le dit si bien le serpent Crocus : - Avec des pauses crêpes, ça passe. »

Editions 2024, Tulipe, 17 €, Les voyages de Tulipe, 15 €, Tulipe et les sorciers 15 €btn commande

 

 029quater

 

hector et louisL'avis d'Adrien :

Louis est un petit garçon richissime qui vit principalement en compagnie de son majordome Hector, ses parents travaillant la plupart du temps à l’étranger. La vie du petit Louis est réglée comme du papier à musique : le matin, Hector le conduit en limousine à l’école et vient le rechercher en fin d’après-midi pour sa leçon de piano à 17h, son apprentissage du mandarin à 18h, son cours de tennis à 19h et après la douche et le dîner à 20h, une visioconférence avec ses parents avant d’aller se coucher.hector et louis bis

Sauf que voilà, cette fois Louis n’en veut plus de cette vie, entre surmenage et monotonie, Louis refuse de se lancer activement dans sa journée. C’est alors qu’Hector le majordome entre pleinement en jeu et lui montre que l’aventure et la joie peuvent se retrouver partout dans le quotidien et d’une journée grise Hector montre à Louis comment y mettre de la fantaisie.

Un bel album rempli d’allégresse qui développe l’imaginaire. On le commence avec le cœur serré et on le finit avec le cœur léger.

Actes Sud Junior, 16 € btn commande

 

 

 

 

042L'avis d'Adrien :

Quand Axel, 46 ans, reçoit une lettre d’invitation à un examen colorectal destinée habituellement aux cinquantenaires, c’est un peu comme si on l’enterrait déjà. Quand à côté de ça, il se retrouve dans le bureau du directeur de l’école de son fils parce que ce dernier a griffonné une scène de copulation entre deux de ses professeurs : que faire ? Voilà donc un père perdu face au temps qui passe, ses enfants grandissent, le monde change autour de lui – sera-t-il forcé à faire du paddle à Biarritz avec des amis de sa femme ? – tandis que lui rêverait de reformer le groupe punk de la fin de son adolescence.

Fabrice Caro tout comme dans ses bandes dessinées, « Zaï Zaï Zaï », « Et si l’amour c’était aimer » entre autres albums indispensables, étire le banal jusqu’à l’absurde. Ses personnages névrosés, dans un souffle épique de pensées plus alambiquées les unes que les autres, tout en suivant une certaine logique – c’est là le sel, le déclic et la force du rire provoqué par Fabrice Caro – sont perdus dans un monde qu’ils pensent plus fou qu’eux-mêmes. Broadway en est encore une hilarante démonstration ou quand la midlife crisis arrive quatre ans trop tôt, la vie est loin d’être une comédie musicale !

Gallimard, collection Sygne, 18 €btn commande

Disponible en version numérique par ici.

044L'avis d'Adrien :

L'humour de l'excellent "Pourquoi les oiseaux meurent ?" s’est quelque peu atténué mais le talent de Victor Pouchet est toujours bien là ! Et la relation père-fils insidieusement compliquée est à nouveau présente elle aussi.

Ce roman se développe en trois parties, bien différentes les unes des autres. Une première où Elias nous parle de son enfance avec un père magnétiseur, une deuxième reprenant des extraits du journal intime de la fiancée de notre héros, Avril, qui essaye de percer le mystère insondable qui entoure son amoureux et enfin, le monologue du père d’Elias expliquant à la jeune femme le trauma du fils.

Énigmatique, littéralement fantastique et touchant en diable, ce deuxième roman marque la signature d’un auteur qui élève l’introspection en un art délicat et libérateur, par-delà les larmes allons vers l’apaisement et la joie.btn commande

Editions Finitude, 16.50 €

Disponible en version numérique par ici.

048L'avis d'Adrien :

C’est un fait, les lecteurs de « Betty » n’oublieront pas de sitôt cette formidable "petite indienne" qui nous raconte sa famille dans les collines du Midwest fifties et sixties, pas vraiment ce qu’on peut appeler les trente glorieuses quand on a des ascendants cherokee. Elle ne nous épargnera rien de tous les drames survenus dans sa famille et c’est avec effroi qu’on assiste à des scènes d’un insoutenable racisme malheureusement toujours bien présent dans notre société, amer et inacceptable constat.

Au-delà de Betty Carpenter, nous aimerions ériger une statue au père. Personnage magnifique s’il en est, c'est peu de le dire. Il se prénomme Landon et il ne connaît pas « le montant exact de son compte en banque » ou « combien de kilomètres indique le compteur de [sa] voiture » et pour cause « les seuls nombres que Landon Carpenter a en tête, c’est le nombre d’étoiles qu’il y avait dans le ciel la nuit où ses enfants sont nés ». Ce père, dans la plus sombre misère apporte à ses enfants et à son entourage en général l’enchantement et la force nécessaires pour tenir, résister et survoler l’indigence.

"J'ai compris une chose à ce moment-là : non seulement Papa avait besoin que l'on croie à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d'y croire aussi. Croire aux étoiles pas encore mûres. Croire que les aigles sont capables de faire des choses extraordinaires. En fait, nous nous raccrochions comme des forcenées à l'espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvions-nous prétendre à une destinée autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées."

Sublime, long certes car il ne se rapproche pas d’un page turner mais plutôt d’un roman fleuve, fleuve dont le cours est souvent tortueux, de temps à autre apaisé, et cette longueur se révèle indispensable pour vivre, au-delà des drames, les journées banales qui constituent la vie d’un enfant et construisent la jeunesse. Une fois la dernière page tournée on sait qu’on vient de lire un grand, un très grand roman.btn commande

Editions Gallmeister, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par François Happe, 26.40 €

Disponible en format numérique par ici.