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L'avis d'Adrien :
Louis est un petit garçon richissime qui vit principalement en compagnie de son majordome Hector, ses parents travaillant la plupart du temps à l’étranger. La vie du petit Louis est réglée comme du papier à musique : le matin, Hector le conduit en limousine à l’école et vient le rechercher en fin d’après-midi pour sa leçon de piano à 17h, son apprentissage du mandarin à 18h, son cours de tennis à 19h et après la douche et le dîner à 20h, une visioconférence avec ses parents avant d’aller se coucher.
Sauf que voilà, cette fois Louis n’en veut plus de cette vie, entre surmenage et monotonie, Louis refuse de se lancer activement dans sa journée. C’est alors qu’Hector le majordome entre pleinement en jeu et lui montre que l’aventure et la joie peuvent se retrouver partout dans le quotidien et d’une journée grise Hector montre à Louis comment y mettre de la fantaisie.
Un bel album rempli d’allégresse qui développe l’imaginaire. On le commence avec le cœur serré et on le finit avec le cœur léger.
L'avis d'Adrien :
Quand Axel, 46 ans, reçoit une lettre d’invitation à un examen colorectal destinée habituellement aux cinquantenaires, c’est un peu comme si on l’enterrait déjà. Quand à côté de ça, il se retrouve dans le bureau du directeur de l’école de son fils parce que ce dernier a griffonné une scène de copulation entre deux de ses professeurs : que faire ? Voilà donc un père perdu face au temps qui passe, ses enfants grandissent, le monde change autour de lui – sera-t-il forcé à faire du paddle à Biarritz avec des amis de sa femme ? – tandis que lui rêverait de reformer le groupe punk de la fin de son adolescence.
Fabrice Caro tout comme dans ses bandes dessinées, « Zaï Zaï Zaï », « Et si l’amour c’était aimer » entre autres albums indispensables, étire le banal jusqu’à l’absurde. Ses personnages névrosés, dans un souffle épique de pensées plus alambiquées les unes que les autres, tout en suivant une certaine logique – c’est là le sel, le déclic et la force du rire provoqué par Fabrice Caro – sont perdus dans un monde qu’ils pensent plus fou qu’eux-mêmes. Broadway en est encore une hilarante démonstration ou quand la midlife crisis arrive quatre ans trop tôt, la vie est loin d’être une comédie musicale !
Gallimard, collection Sygne, 18 €
Disponible en version numérique par ici.
L'avis d'Adrien :
L'humour de l'excellent "Pourquoi les oiseaux meurent ?" s’est quelque peu atténué mais le talent de Victor Pouchet est toujours bien là ! Et la relation père-fils insidieusement compliquée est à nouveau présente elle aussi.
Ce roman se développe en trois parties, bien différentes les unes des autres. Une première où Elias nous parle de son enfance avec un père magnétiseur, une deuxième reprenant des extraits du journal intime de la fiancée de notre héros, Avril, qui essaye de percer le mystère insondable qui entoure son amoureux et enfin, le monologue du père d’Elias expliquant à la jeune femme le trauma du fils.
Énigmatique, littéralement fantastique et touchant en diable, ce deuxième roman marque la signature d’un auteur qui élève l’introspection en un art délicat et libérateur, par-delà les larmes allons vers l’apaisement et la joie.
Editions Finitude, 16.50 €
Disponible en version numérique par ici.
L'avis d'Adrien :
C’est un fait, les lecteurs de « Betty » n’oublieront pas de sitôt cette formidable "petite indienne" qui nous raconte sa famille dans les collines du Midwest fifties et sixties, pas vraiment ce qu’on peut appeler les trente glorieuses quand on a des ascendants cherokee. Elle ne nous épargnera rien de tous les drames survenus dans sa famille et c’est avec effroi qu’on assiste à des scènes d’un insoutenable racisme malheureusement toujours bien présent dans notre société, amer et inacceptable constat.
Au-delà de Betty Carpenter, nous aimerions ériger une statue au père. Personnage magnifique s’il en est, c'est peu de le dire. Il se prénomme Landon et il ne connaît pas « le montant exact de son compte en banque » ou « combien de kilomètres indique le compteur de [sa] voiture » et pour cause « les seuls nombres que Landon Carpenter a en tête, c’est le nombre d’étoiles qu’il y avait dans le ciel la nuit où ses enfants sont nés ». Ce père, dans la plus sombre misère apporte à ses enfants et à son entourage en général l’enchantement et la force nécessaires pour tenir, résister et survoler l’indigence.
"J'ai compris une chose à ce moment-là : non seulement Papa avait besoin que l'on croie à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d'y croire aussi. Croire aux étoiles pas encore mûres. Croire que les aigles sont capables de faire des choses extraordinaires. En fait, nous nous raccrochions comme des forcenées à l'espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvions-nous prétendre à une destinée autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées."
Sublime, long certes car il ne se rapproche pas d’un page turner mais plutôt d’un roman fleuve, fleuve dont le cours est souvent tortueux, de temps à autre apaisé, et cette longueur se révèle indispensable pour vivre, au-delà des drames, les journées banales qui constituent la vie d’un enfant et construisent la jeunesse. Une fois la dernière page tournée on sait qu’on vient de lire un grand, un très grand roman.
Editions Gallmeister, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par François Happe, 26.40 €
Disponible en format numérique par ici.
L'avis d'Adrien :
Durant son adolescence, une citadine passe tous ses étés dans une petite bourgade campagnarde du Morvan. Là, elle retrouve une bande de jeunes gars en gentil décrochage, aimant les bêtises et tuant leur ennui en les enchaînant. On sent bien le drame survenir, il surviendra, mais aussi toute la tendresse, la curiosité, l’intérêt et l’admiration mêlés face à cette bande de charmants renégats.
En exergue de ce premier roman, une phrase de « Sur la route » et c’est bien de cela qu’il s’agit de jeunes chevaux fous qui ici malheureusement ne prendront pas la route. Ajoutons qu’avec cette héroïne, narratrice d’aujourd’hui de ces événements d’hier, et la couleur particulièrement mélancolique du passé imparfait, c’est à une autre référence américaine qu’on pense, « Virgin Suicides ». Le drame humain n’ira pas jusqu’à l’extrémité des cinq sœurs Lisbon engluées dans un carcan trop étroit pour elles mais le drame social de cette France qu’on oublie est bien là.
Notre appréhension de se retrouver face à un nouvel "Eté des charognes" ou "Leurs enfants après eux" est vite tue par le style de Vinca Van Eecke et l’angle adopté par cette dernière. L’autrice nous livre un beau portrait doux amer de la jeunesse de la France périphérique, un « Péril jeune » dans les campagnes du Morvan.
Seuil, 18 €
Disponible en version numérique par ici.