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"C'est une des choses que j'ai appris à chérir dans mon métier: écrire sur le vivant, rendre compte des palpitations et du souffle d'une époque sans savoir où elle nous mènera".
Ici et ailleurs rassemble des articles publiés par Florence Aubenas dans le journal Le Monde entre 2015 et 2022.
Avec la générosité et l'acuité qu'on lui connaît, avec son sens inouï du détail, ses portraits épatants et son écriture ciselée, Florence Aubenas nous donne des nouvelles du monde tel qu'il va. De la nuit du Bataclan à l'Ukraine, des ronds-points occupés par les gilets jaunes à la mort d'un éleveur en Saône-et-Loire, elle raconte au plus près, au plus juste, l'hyper-contemporain. Et c'est sidérant d'intelligence et d'humanité.
Un livre en mouvement, qui ausculte les luttes, les espoirs et les angoisses qui nous traversent.
Éditions de l'Olivier, 21.50 euros
Disponible en format numérique ici
Oiseaux de passage est l'exploration, avec un regard affûté et un humour corrosif, de l’intimité d’un homme stoïque, à la mauvaise foi crasse, en parfait décalage avec son époque.
Toni, quinquagénaire madrilène, professeur de philosophie, divorcé et boomer assumé, décide de mettre fin à ses jours un an plus tard – non pas sous le coup d’une quelconque dépression, mais par lassitude existentielle. Nous lisons donc le journal de sa dernière année sur terre, dans lequel il consigne, sans fil et sans filtre, le récit quotidien de son existence, présente et passée. Le roman, à la structure complexe, se déploie comme un grand patchwork confectionné à partir de ses fantasmes débridés, de ses petites misères, de ses mini victoires et de ses gros regrets.
A priori, on lit donc l’autoportrait d’un parfait cynique, auquel on s’attache pourtant sincèrement. Jamais l’humour ne quitte le personnage et sa vision du monde est décalée, intelligente – quoique discutable – et pleine de répartie. Du reste, l’amitié, l’amour, la liberté traversent chaque mot de ce qui demeure en définitive une incontestable ode à la vie.
Un roman dense, structuré, charpenté, complexe, parfois un peu cérébral et en même temps tellement envoûtant.
Actes Sud, traduit de l'espagnol par Claude Bleton, 26 euros
Disponible en format numérique ici
Comme chaque année, les librairies Initiales viennent de décerner leur Prix Mémorable. Un prix en dehors des sentiers battus, qui met en avant notre goût de libraires pour les pépites et les projets éditoriaux singuliers.
Et singulier, Renata n'importe quoi l'est assurément!
Publié pour la première fois en 1967 chez Gallimard, encensé à l'époque (il fera partie de la sélection du Goncourt cette année-là), le roman tombe ensuite dans l'oubli. Son autrice Catherine Guérard disparaît elle aussi des radars littéraires et part s'installer en Corrèze où elle meurt en 2010, sans avoir plus jamais publié.
Renata n'importe quoi est un livre libre. Libre comme son héroïne
Lire la suite : "Renata n'importe quoi" de Catherine Guérard, Prix Mémorable 2023
"Il tente de rester ici, debout sur la frontière entre un pays et un autre, entre le passé et le présent, entre vivre et mourir. Pour la première fois depuis trois mois, ou quatre, depuis le jour où il s’est rendu compte qu’il était malade et allait sans doute en mourir, il ne ressent ni douleur ni gêne. Il n’est pas guéri, mais il n’est plus malade. De là où il se tient, à la frontière, il peut voir le disque blanc du soleil s’élever au-dessus de la brume derrière la rangée d’aulnes à l’horizon. Une fois le soleil monté au-dessus des aulnes, son éclat qui traverse le reste de brume aplatit tout ce qui existe, le rend parfaitement blanc. Et puis Fife est annihilé."
Comme Leonard Fife, personnage central du testamentaire Oh, Canada, Russell Banks a franchi la frontière entre vivre et mourir ce dimanche.