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« Une œuvre ne peut aller à un jeune public que si elle est parfaite », disait Michel Tournier.
C'est dans sa filiation que s'inscrit Xavier-Laurent Petit, et assurément ses Histoires naturelles sont parfaites – un réjouissant mélange d'aventure, d'écologie et d'histoire.
C'est presque toujours le réel qui déclenche l'écriture chez Xavier-Laurent Petit. Des événements vus ou lus qui lui donnent envie d'aller plus loin et de se les approprier par le prisme de la fiction. Un enivrant parfum de «presque vrai» se dégage ainsi de ses romans pour les adolescents, comme une invitation à découvrir d'autres rapports au monde que le nôtre.
Cette même ambition d'immersion documentaire est à l'œuvre dans les Histoires naturelles, destinées à un public plus jeune (9-12 ans). La série est thématique. Ce ne sont pas les personnages qui font le lien d'un livre à un autre, mais une idée : faire vivre à un enfant, un animal et un milieu un « événement climatique » particulier – ouragan, sécheresse ou fonte des glaces, De livre en livre, un même constat : la nature est fragile, les équilibres menacés, mais si l'homme du 21e siècle apprend à respecter les formes d'intelligence différentes de la sienne, la sagesse traditionnelle, l'intelligence animale ou végétale, tout n'est pas perdu.
Chaque roman étoffe cette trame écologique en mettant en scène des personnages hauts en couleur et attachants. Les héros sont bien entendu des enfants mais ils ne sont pas seuls, et les complicités qu'ils savent s'attirer avec une vieille voisine, un scientifique, une aïeule, font d'eux des héritiers capables de réinventer le bagage du passé. Les chapitres sont brefs, les dialogues fusent, le suspense tient en haleine, et puis bien sûr il y a le goût du voyage. Chaque roman s'ouvre sur une carte et invite à prendre la route : on arpente la Nouvelle Orléans dans Un temps de chien, se perd en Tasmanie avec Les loups au clair de lune, découvre l'immensité de la taïga sibérienne dans Mission mammouth.
Les illustrations magnifiques d'Amandine Delaunay ponctuent finement chaque livre, accentuant les jeux de miroir de l'un à l'autre. Mention toute spéciale pour Mission mammouth où l'illustratrice, inspirée de gravures et de photos anciennes, joue sur un somptueux noir et blanc pour donner plus de relief encore à un récit passionnant.
Une série que l'on a hâte de voir se poursuivre !
Jocelyn, jeune parisien de 17 ans, débarque à New York pour y étudier la musique une année. Ce qu'il ne sait pas, c'est que la pension qu'il a réservée est une pension...pour jeunes filles ! Page, Chic, Hadley, Manhattan, sans oublier le vieux dragon de Mrs Artemisia, toutes les femmes de la pension Giboulée sont un joyeux tourbillon de rires, de larmes, d'imprévu et de paillettes. Plongé dans l'Amérique des années 1950, des premières stars d'Hollywood et du début de l'ONU, le lecteur ne rêve que d'une chose : avoir la chance d'habiter à son tour dans la pension Giboulée.
Dans le nouveau livre de Malika Ferdjoukh, Jocelyn n'est au final qu'un prétexte pour nous plonger dans la vie de chacune des filles de la pension Giboulée. Toutes, elles veulent être comédiennes, danseuses, chanteuses. Toutes, elles rêvent de rencontrer un prince charmant. Et chacune, grâce à l'incroyable talent de Malika Ferdjoukh de peindre des jeunes filles fraîches et entières, devient notre amie.
Malika Ferdjoukh nous offre des personnages savoureux, une ambiance stylée et glamour, une verve de dialogues et un style envolé. Un livre où l'on s'inquiète lorsque le nombre de pages dans la main droite diminue alors que tellement de choses doivent encore se passer… Mais bonne nouvelle: le volume 2, "Un Shim Sham avec Fred Astaire", vient de paraître !
Ecole des Loisirs, Médium, 18,50 € ou 10.80 € en format de poche
L'avis d'Edith:
Ce roman est une pépite : un plaisir d’histoire et un trésor de finesse humaine.
George veut de tout son cœur jouer le rôle de Charlotte l’araignée dans la pièce de l’école. George est passionnée par ce rôle. Parce que George, s’il a tout d’un petit garçon, est une fille au fond de lui. Heureusement du côté de George, il y a une meilleure amie en or qui prend les choses comme elles sont et qui sera une alliée extraordinaire ; il y a aussi un grand mélange d’amour, de maladresse et d’inquiétudes chez sa maman ; il y a un grand frère finalement plus subtil qu'on ne le croit, il y a le théâtre et son évasion... et il y a chaque lecteur et chaque lectrice qu’Alex Gino place derrière l’épaule de George.
Cette question sur soi, si grande pour un enfant, Alex Gino nous la transmet avec une simplicité de maître. Dès les premières lignes, la note est donnée et la grammaire vient en renfort. George est accordée au féminin et c’est son point de vue qu’on adopte.
Sans pathos et sans que l’explication de cette question de société qu'est le transgénérisme prenne le moins du monde le pas sur l’histoire, Alex Gino réalise une prouesse. L'auteur parvient à nous transmettre dans une histoire par ailleurs super chouette une question complexe de manière belle et évidente. Là où certains pourraient craindre d'aborder avec autant de simplicité la question de l'identité sexuelle, le livre nous semble plutôt offrir une belle porte d'entrée. Alex Gino, adulte transgenre qui ne se définit ni comme un homme ni comme une femme, a mis une dizaine d'années pour écrire ce premier roman, dont le résultat est d'une grande finesse et sensibilité.
A offrir aux enfants qui se posent des questions, aux enfants qui ne s’en posent pas, aux enfants qui aiment lire, à ceux qui n'aiment pas parce que ça se lit vraiment bien, aux adultes qui croient savoir, aux adultes qui ne savent pas, à lire soi-même.
Merci Alex Gino, merci George.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Francis Kerline, Ecole des Loisirs, 14.50€.