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Une petite fille pleine d'imagination, une maman bienveillante pour un album plein de tendresse! Les poupées s'appellent Tic et Tac ou Jack le Crack, elles ont parfois deux nez ou sont un peu penchées, mais elles sont les meilleures amies de la petite fille. Avec elles, elle vit des aventures minuscules et grandioses. Et en grandissant, la petite les conservera bien au chaud parmi ses plus beaux souvenirs, en attendant de devenir elle-même une maman complice des jeux de son enfant...
On ne présente plus Julia Donaldson, l'auteur du célèbre Gruffalo. Pour illustrer son histoire douce et pleine d'humour, Rebecca Cobb (dont on avait déjà adoré l'album À table!) fait des merveilles. L'album pétille de couleur et de malice.
Kaléidoscope, traduit de l'anglais par Elisabeth Duval, 13,20 €
L'avis de Régis :
"La possibilité du garçon" est un récit construit en diptyque : deux textes s'y font suite, l'un consacré au père de l'auteur, l'autre à sa mère, morts l'un et l'autre depuis quelques années. "Plusieurs personnes ont perçu un écho persistant, un lien fort entre ces deux récits pour moi si différents et m'ont dit qu'ils devaient être publiés ensemble (...). C'est aujourd'hui chose faite et je m'en réjouis, bien que je ne puisse m'empêcher d'éprouver un sentiment d'étrangeté, comparable à celui que peuvent provoquer ces médaillons d'une époque révolue où se font face deux portraits que tout oppose et que l'or du bijou relie, malgré tout."
Texte-hommage, réflexion sur l'amour dévorant et la construction identitaire, ce récit bouleverse tant par l'émotion qui s'en dégage que par la qualité d'écriture de ce premier livre. Comment comprendre un père fantasque, comment se libérer de la fusion maternelle? C'est par le travail de l'écriture que Vincent Flamand y répond, tout en pudeur.
Il partage avec son lecteur cette expérience unique et en même temps universelle d'être un fils. Un très beau livre!
L'avis d'Anouk :
Malgré la chanson de Mike Jagger, le temps n'est pas toujours de notre côté.
Dans le Londres des années 60, un lycéen brillant et sarcastique répond à un professeur qui lui demande ce qu'est la grande histoire : "le discours des vainqueurs". Le trait se veut irrévocable, mais le vieux professeur de répondre, philosophe : "... ou celui que les vaincus se racontent à eux-mêmes..."
Il faudra quarante ans au lycéen d'alors pour comprendre la profondeur de cette remarque et se rendre compte, amèrement, qu'elle est l'explication de ce qu'a été sa vie.
Tony Webster semble pourtant s'en être plutôt bien sorti : la vie a coulé sur lui sans trop le malmener. Mais elle a encore quelques surprises à réserver au sexagénaire.
Un étrange testament le force en effet à replonger dans le passé et à explorer l'époque de ses vingt ans. Ses amis d'alors, la fille qu'il aimait, ses voyages, ses rêves de jeune homme : qu'en reste-t-il au juste? Et les souvenirs qu'il a conservés de ce temps-là ne sont-ils pas de complaisants mensonges?
Avec Une fille, qui danse, Julian Barnes écrit le roman de la mémoire et des remords. C'est implacable et magnifique.
Traduit de l'anglais par Jean-Pierre Aoustin, Mercire de France, 19 €
Ils se sont aimés. Il se pense guéri de cette femme insaisissable, a connu et perdu d'autres amours depuis leur histoire. Quand elle l'appelle pourtant il laisse tout pour la rejoindre dans l'été provençal. Il est pianiste, travaille Mozart avec assiduité, comme pour trouver l'équilibre au bord du gouffre. La musique est pour lui un art de la nuance, mais comment laisser advenir la nuance dans le tumulte des sentiments amoureux?
Avec ce texte très bref, placé sous l'exergue de la Fantaisie en ut mineur de Mozart, Philippe Lançon nous offre une partition aussi inquiète et virtuose que celle du Salzbourgeois. Sur la passion amoureuse, le destin, l'inexorable fuite du temps, L'Élan jette une lumière intense. L'écriture de Philippe Lançon, ramassée, vibrante, brille par sa justesse et son intelligence. L'Élan se lit d'une traite, mais habite longtemps son lecteur. Comme le veut l'adage, "le silence après Mozart..."
L'avis d'Anouk
En cette après-midi de septembre 1943, Marcel Cohen a cinq ans. Il quitte l'appartement de ses grands-parents pour aller jouer dans le parc voisin. Quand ses jeux se terminent, c'est d'un coup son enfance qui prend fin : son père, sa mère, sa petite soeur, ses grands-parents, un oncle ont été raflés. Ils partent pour la Nuit et le Brouillard et n'en reviendront pas.
Marcel Cohen a grandi sur cette béance. Inlassablement il a traqué les fragments de la vie des siens, interrogé les survivants, tenté de faire parler les photos. De cette quête intime il fait aujourd'hui un livre superbe et poignant, comme un tombeau pour ses morts qui en sont privés. "Sur la scène intérieure" est un livre qui marque. Sur la mémoire et l'oubli, sur la filiation, sur l'imprégnation des années d'enfance dans la vie adulte, Marcel Cohen pose un regard d'une profonde intelligence et d'une réconfortante fraternité. C'est bouleversant.
Éditions Gallimard, "L'un et l'autre", 17.90 €