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Dans le rayon des polars français surgit une succulente découverte !
Dans un patelin côtier tranquille, alors qu’une jeune femme sans histoire est retrouvée noyée au pied du belvédère, les soupçons se portent naturellement sur son harceleur, un jeune diagnostiqué érotomane (se dit que quelqu'un affecté par l’illusion délirante d’être aimé) et paranoïaque, fils de l’éminent psychiatre du bourg de surcroît (comme dit l’adage, le fils du cordonnier...) Il échappe à la prison par le chas d’une l’aiguille. Alors, lorsqu’une deuxième victime, patiente du grand psy, est retrouvée sans vie au même endroit que la précédente, les enquêteurs sont bien résolus à boucler l’affaire sans délai. Comme si c’était si simple…
L’auteur va passer au peigne fin une galerie de personnages bien moins banals qu’ils ne paraissent : une mère bigote et cordon bleu, un père condescendant et coureur de (jeunes) jupons, une voisine d’en face curieuse et envahissante, un policier (seulement) municipal fumeur de pétards et traumatisé depuis l’enfance, une coéquipière amoureuse et moucharde, une amie de jeunesse pas très réglo… puis surtout, un paranoïaque profond aux pensées troublées, magnétiques et déstabilisantes. Bref, Amour fou est un bon gros nœud de points de vue divergents sur la même histoire, d’opinions tranchées, de conflits de loyautés, de mensonges (parfois juste par omission), de trahisons et d’élans d’amour menant le lecteur en bateau jusqu’à la dernière page !
Amour fou est un roman à énigme d’aujourd’hui, un thriller rythmé, parfois ludique, parfois drôle, ironique voire caustique, mais surtout pas stupide du tout. Pour cause, Denis Michelis y prouve à son tour – si besoin en est de le rappeler – que la littérature dite « de genre » est un vecteur parfait pour traduire nos angoisses et nos crises contemporaines, mais aussi pour exprimer une vraie critique sociale.
Une lecture captivante !
Disponible en format numérique ici.
Au Canada, le ravage désigne les traces dévastatrices laissées, dans la neige notamment, par un troupeau de caribous en transhumance, pouvant atteindre cinq mille têtes et broyant tout sur son passage.
Au cœur de l’hiver 1931, Red Arctic, nord du Canada, à la frontière de l’Alaska. Un certain Jones, trappeur inconnu de tous, évoluerait en solitaire sur les territoires canadiens sans permis de chasse. Échauffant les esprits dans cette nuit éternellement glaciale, il devient rapidement la cible de la gendarmerie nationale et de certains de ses représentants, présomptueux et convaincus du parfait respect de la loi ou zélés cow-boys des neiges. Le fugitif reste toutefois inatteignable et ce n’est rien de moins qu’une trentaine d’hommes lourdement armés – gendarmes ou trappeurs volontaires –, des kilos de dynamite, une quinzaine de traineaux, une centaine de chiens et même un avion de reconnaissance qui seront mobilisés sur la trace d’un seul homme. Pendant six semaines, à moins quarante degrés, dans un blizzard implacable, une traque infernale se prolongera, animée par la soif de vengeance, l’effet du clan et une fascination morbide pour l’inhumain fuyard.
Cette chasse à l’homme haletante et aliénante est inspirée de faits réels. Ian Manook, l’incontournable écrivain-voyageur de thriller, en érige un récit à couper le souffle. Il y brosse le portrait de personnages rudes, pour certains tiraillés entre les traumas des tranchées et une foi indéfectible en la loi, comme si cette dernière demeurait le seul fondement fixe dans les tourments du monde ; pour d’autres juste revanchards, superstitieux, rustres et épris du goût du sang. Dans le récit, l’angoisse va crescendo, à mesure que les jours s’écoulent et que les âmes s’ébrouent, embarquées dans un vertigineux et funeste engrenage.
Puis surtout, comme souvent dans ses romans, Ian Manook a l’épatante capacité de transporter son lecteur dans un lointain voyage, au cœur de contrées extrêmes, où les turpitudes humaines semblent bien vaines en regard d’une nature intraitable et toute puissante.
Une lecture réfrigérante qui vous fera résolument relativiser le petit crachin de cette fin d’automne.
L’action se déroule à Raufarhöfn, petit port du nord de l’Islande, que l’imposition des quotas de pêche ont poussé au déclin. Dans ses rues désolées se balade fièrement, chapeau de shérif vissé sur la tête et arme pendant à la ceinture, Kalmann Odinsson, l’esprit simple du village. Pêcheur de requin bien connu de tous les habitants du village, il est le narrateur de cette histoire.
Un matin de début de printemps, lors d’une partie de chasse au renard en solitaire, Kalmann découvre une gigantesque tache rouge dans l’immaculé de la neige. À qui appartient ce sang ? À une bête ou à un humain ? Alors que l’homme riche de la région est porté disparu depuis quelques jours, la police débarque dans la bourgade et Kalmann, témoin principal, est évidemment mis en cause. Et il apparaît rapidement que, au-delà des réponses décalées et farfelues qu’il apporte aux enquêteurs, il en sait plus qu’il ne le laisse entendre…
L’intrigue, adroitement échafaudée, enveloppe le lecteur de son atmosphère glaciale. Mais outre cela, le tour de force de l’écrivain suisse germanophone Joachim B. Schmidt est de subtilement réussir la périlleuse entreprise de se mettre dans la peau et la tête de son personnage porteur de handicap mental. La version des faits de Kalmann mêle ses souvenirs, ses craintes, ses désirs et ses ressentis hypersensibles. Comme lui, le lecteur se sent perdu, oppressé, tantôt en colère, tantôt apaisé. Les clichés sont évités, Kalmann sonne juste et ce, jusqu’à l’apothéotique dernière page de ce roman noir que l’on vous recommande !
Gallimard, La Noire, traduit de l'allemand (Suisse) par Barbara Fontaine, 22 €