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Loriano Macchiavelli est un grand, un très grand nom du "giallo" italien.
Son flic fétiche, Sarti Antonio, se débat dans l'Italie des années de plomb. L'ambiance est poisseuse, mais Macchiavelli sait l'éclairer d'une touche de dérision et de pas mal de tendresse.
"Passé, présent et après" démarre plutôt mal pour le sergent Antonio. Suite à une bévue (la disparition de pièces précieuses dans une exposition dont il avait la garde), le voilà muté dans un sale boulot: des rondes nocturnes dans un quartier excentré où s'entassent les "immigrés" venus du Sud de la péninsule. Dans ce ghetto où misère et crime vont de pair, la route du flic humaniste et grand buveur de café va croiser celle d'un gamin des rues et celle d'un étudiant révolutionnaire. Des rencontres qui vont changer son regard sur le monde.
Polar social et rageusement politique, ce "Passé, présent et après" est un plaidoyer contre les préjugés et toutes les formes de domination.
Éditions du Chemin de Fer, traduit de l'italien par Laurent Lombard, 19.50 euros
Caroline Dawson est morte très jeune, il y a tout juste un an. Elle était sociologue à Montréal.
En 2020, elle publiait aux éditions du Remue-Ménage ce texte bouleversant, "Là où je me terre", repris aujourd’hui par les Editions de l'Olivier.
Avec humour, noirceur, rage et ironie, Caroline Dawson tente de mettre en mots l’exil politique de sa famille, fuyant le Chili de Pinochet en 1986 et débarquant une nuit de Noël au Canada.
Elle a alors 7 ans et tout lui est inconnu: ce pays, cette ville, ce froid, cette langue. En de courts chapitres, vifs et enlevés, elle ne cache rien du déclassement, de la misère ordinaire, du racisme insidieux. Elle montre aussi le silence imposé, l’effacement progressif de sa fantaisie, sa fureur d’appartenir désormais à un monde qui n’est pas le sien.
Qui vit entre dunes et collines, est de couleur rouge et manie à la perfection la contradiction? Mais c'est Serpent Rouge, bien sûr!
Et qui porte un sombrero, est tout bleu et adore par-dessus tout avoir le dernier mot? Vous avez deviné, je vous présente Serpent Bleu.
Il faut les voir, Serpent Rouge et Serpent Bleu, toujours à se disputer sur la forme des nuages ou la couleur du ciel. Ils ont beau se connaître depuis qu'ils sont tout petits, "ce 'est pas une raison pour voir les choses de la même manière". Inséparables et chamailleurs, les compères traversent le nouvel album d'Olivier Tallec en parallèle, mais jamais à l'unisson. Ils incarnent les petites disputes, les contrariétés, les hauts et les bas de l'amitié ou de la fratrie avec tant de justesse qu'on se reconnaît tou·te·s entre les pages!
Avec son graphisme inspiré et la palette toujours si riche d'Olivier Tallec, Serpent bleu serpent rouge est un album vitaminé et espiègle. C'est certain: vous avez gagné deux nouveaux copains!
Pastel/L'École des Loisirs, 16 euros
Avec La Nuit ravagée, Jean-Baptiste Del Amo, qui figure parmi mes écrivains contemporains adulés, s’essaye avec brio au genre de l’épouvante et, plus que le maîtriser, il l’élève au rang de la haute littérature.
Ça se passe dans une petite ville de la lointaine banlieue rurale de Toulouse au début des années 1990. Entre clopes et mobylettes, une bande d’ados joue à se faire peur devant les films d’horreur de l’époque, qui sont depuis devenus culte. Puis, au fond de l’impasse du clos qu’ils habitent se trouve une maison abandonnée qui depuis toujours exerce une attraction étrange sur eux. Dès l’instant où ils en franchissent le seuil, leur vie bascule dans une autre dimension : celle où toutes leurs obsessions sont galvanisées au plus haut, et jusqu’à l’irrémédiable.
L’auteur jongle parfaitement avec les codes, les dispositifs littéraires et les multiples références propres au genre horrifique et franchement, le lecteur en vacille ! Mais aussi et surtout, bien au-delà des sueurs froides qu’il procure, le roman décrypte avec une impeccable finesse psychologique les ressorts de l’adolescence, ses contradictions, ses désirs exaltés et déçus, ses incertitudes, ses craintes, ses solitudes. Il dépeint aussi, et non sans une certaine mélancolie, cette génération 90 désenchantée à laquelle l’auteur appartient.
Voici une lecture intense que je ne risque pas d’oublier de sitôt. Et vous, oserez-vous pénétrer dans La Nuit ravagée et affronter ses ténèbres jusqu’à la dernière ligne ?
Disponible en format numérique ici.