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ces hommes qui expliquent - solnitL'avis d'Edith:

Les neuf articles, écrits entre 2008 et 2014 et retouchés pour leur parution groupée au sein d’un livre, déroulent le point de vue extrêmement nourrissant de Rebecca Solnit sur le féminisme et les inégalités de genre aujourd’hui. De l’anecdotique – ce patriarche blanc qui lui explique son propre ouvrage pendant une soirée sans entendre qu’elle en est l’auteure – au systémique – des chiffres et des cas de viols dans le monde entier –, Rebecca Solnit remet certaines pendules à l’heure et s’empare du pouvoir de raconter le monde pour avoir prise dessus. Elle permet ainsi au lecteur d’y voir plus clair sur certains mécanismes structurels de la domination masculine, comme par exemple le phénomène de discrédit potentiellement systématique auquel doit faire face une femme qui élève la voix contre le sexisme.

Rebeca Solnit éclaire aussi notre actualité d’exemples moins connus, comme le hashtag viral #YesAllWomen qui, en 2014, a eu un effet similaire au #MeToo des mois précédents. Ce hashtag visait à répondre à la réaction masculine « Pas tous les hommes » en montrant que si certes tous les hommes ne sont pas misogynes et violeurs, touts les femmes, elles, vivent bien dans la peur des hommes qui le sont.

Le livre montre comment une partie de l’histoire du féminisme est de parvenir à définir et nommer les oppressions et les violations. Harcèlement sexuel, viol conjugal, mecsplication… sont désormais des outils linguistiques (et parfois juridiques) pour redéfinir le monde et ouvrir la voie au changement. Par ses articles, Rebecca Solnit contribue à ce travail de titan.

La voix de Rebecca Solnit étant ainsi porteuse de ce message qu’il est fondamental de s’approprier le langage et le récit du monde pour pouvoir le changer, les Éditions de l’Olivier auraient difficilement pu trouver une voix aussi pertinente et salutaire que la sienne pour ouvrir leur nouvelle collection « Les feux ».

Malgré des exemples parfois accablants, le livre est porteur d’espoir, et Rebecca Solnit résolument optimiste. Certes le chemin est encore long, mais certes nous sommes en chemin, et certainement pas seul.e.s.

 

Editions de l'Olivier, traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy, 16 €btn commande

utopies realistes - bregmanL'avis d'Edith:

Cet essai est une petite bombe. D’un pragmatisme inébranlable, l’historien néerlandais Rutger Bregman défend bec et ongles le revenu universel pour en finir avec la pauvreté, la semaine de 15h pour enfin goûter les fruits de notre productivité moderne et un monde sans frontières pour plus de justice...et plus de croissance.

Un tel programme, fièrement annoncé en couverture, pouvait faire craindre quelques remèdes de surface. C’est justement là que que Bregman nous retourne : en partant des idées reçues qui nous empêchent d’arriver à considérer de telles idées comme possibles. Du mythe du pauvre oisif à celui qu’il faut travailler dur pour vivre, l’auteur nous montre comment ils se sont construits et instaurés au cours du temps. Une fois ébréchés les mythes qui nous retiennent, l’auteur creuse. Des expériences historiques au succès incontestable de revenu de base tombées aux oubliettes (le président Nixon lui-même avait failli l’instaurer aux États-Unis!), des programmes efficaces de lutte contre la pauvreté via de l’argent donné…, ses exemples sont nombreux.

Mais c’est dans son positionnement que l’auteur pourrait faire mouche pour tous : d’un ton ni anticapitaliste ni néolibéral, Bregman semble avant tout porté par le bon sens et par un idéalisme d’un réalisme à toute épreuve. Car ses propositions idéalistes, en plus de résoudre des problèmes immenses, pourraient aussi convaincre le plus convaincu des capitalistes néolibéral par leur impressionnante efficacité. Là où donner aux pauvres (ou même à tous) de l’argent sans aucune contrepartie pourrait sembler un suicide économique, Bregman nous montre chiffres à l’appui qu’il s’agit en réalité d’une économie par rapport à tous les frais déjà engagés pour, par exemple, gérer les personnes sans abri.

On oscille au final entre enthousiasme débridé, pour tout ce qui semble possible, et découragement total. Car si certaines de ces propositions ont déjà porté leurs fruits, pourquoi – mais pourquoi ?! – ne sont-elles pas exigées par les populations et appliquées à grande échelle par tous les gouvernements ?

Seuil, traduit de l’anglais par Jelia Amrali, 20 €btn commande

 

prix oedipeComme les années précédentes, nous vous proposons de devenir juré de la huitième édition du prix Œdipe des Libraires 2017. Comment? Entre le 4 mars et le 8 avril, remplissez un bulletin de vote que vous trouverez à la librairie et déposez-le dans l’urne de la librairie. Vous pouvez également voter sur le site oedipe.org en vous inscrivant préalablement sur le carnet d’adresses.

 

Le site Œdipe retient un certain nombre d’ouvrages publiés par des psychanalystes au cours de l'année 2016. Parmi cette première liste chaque librairie participante sélectionne trois ouvrages. Les cinq livres les plus souvent cités sont alors proposés au vote des lecteurs dans ces librairies.

 

À l’issue de ce vote le lauréat sera désigné.

 

Un tirage au sort sera effectué parmi les bulletins déposés dans les librairies. Les gagnants recevront un ouvrage de psychanalyse paru en 2016.

 

Les livres sélectionnés cette année sont:

 

"Les passions vides. Chutes et dérives adolescentes contemporaines" de Michèle Benhaïm (éditions Érès)

 

"Un furieux désir de sacrifice: le surmusulman" de Fehti Benslama (éditions du Seuil);

 

"Le cas Paramord. Obsession et contraite psychique aujourd'hui" de Pierre-Henri Castel (éditions Ithaque);

 

"Dérives adolescentes: de la délinquance au djihadisme" de Danièle Epstein (éditions Érès);

 

"Le complexe de Caïn. Terrorisme, haine de l'autre et rivalité fraternelle" de Gérard Haddad (éditions Premier Parallèle).

 

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