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Avec Les âmes sauvages, Nastassja Martin nous entrouvre les portes des Gwich’in et déplie les façons de «faire monde» de ce peuple d’Alaska.
Sous l’effet conjugué de la crise écologique, de l’exploitation à outrance de leurs territoires pour le pétrole ou le tourisme et de la catastrophe humaine qui accompagne ces mutations, l’univers culturel traditionnel des Gwich’in est comme sorti de ses gonds.
Au travers d’un récit puissant, sans nous épargner ses doutes et ses questionnements, Nastassja Martin raconte et décrypte cet effondrement, mais aussi les stratégies mises en place par les Gwich’in pour garder un dialogue avec le monde non-humain, celui des esprits et des animaux, qui malgré tant et tant de révolutions continue de se mouvoir à la lisière de leurs existences.
C'est absolument passionnant: Les âmes sauvages deviendra assurément un classique de la littérature anthropologique.
L'avis d'Anouk:
Voici à n'en pas douter l'un des livres les plus singuliers et les plus attachants que l'on puisse trouver.
Son auteur est un biologiste suédois, spécialiste de la mouche syrphe. Son personnage, un compatriote, lui aussi entomologiste : Gustav Eisen (1847-1940), qui outre sa passion pour les vers de terre, dont il fut de son vivant le plus grand spécialiste au monde, était aussi ami de Strindberg, conservateur de musée, archéologue, viticulteur, créateur du Parc National de Sequoia de la Sierra Nevada, aquarelliste, infatigable curieux de « l'énigme de la vie ». D'Eisen, Sjöberg dit qu'il est comme « un puzzle composé d'un trop grand nombre de morceaux ».
Si l'on m'avait prédit qu'un jour la lecture d'un livre écrit par un spécialiste des mouches sur un spécialiste des vers de terre m'enchanterait, j'aurais souri. Et pourtant, la rencontre de Sjöberg et d'Eisen nous régale d'un livre absolument incomparable, une merveille d'intelligence vagabonde. Collectionneur d'insectes, Fredrik Sjöberg a aussi le don d'épingler, avec patience et précision, des scènes délicieusement cocasses tirées de la biographie de Gustav Eisen autant que de sa propre vie. Et le lecteur de lui emboîter le pas avec bonheur, et bonne humeur.
José Corti, Biophilia, 20 €
L'avis d'Edith:
Beaucoup ont déjà entendu parler des Black Panthers. Plus ou moins précisément, on sait qu’il s’agit d’un mouvement révolutionnaire afro-américain de libération. Ceux qu’on connait moins, voire pas du tout, ce sont les Young Lords, un groupe de jeunes révolutionnaires latino-américains du quartier portoricain d’El Barrio (New York), à la fin des années 1960. À l’instar des Black Panthers, ils ont décidé de s’organiser pour résister à l’oppression et à la discrimination de leurs communautés, remplacer l’Etat capitaliste et raciste par des alternatives communautaires et politisées.
Du ramassage des poubelles non évacuées de leurs quartiers au détournement du camion de radiologie de la mairie de New York, en passant par l’organisation de déjeuners gratuits et l’occupation d’un hôpital pour dénoncer son délabrement, les Young Lords ont été incroyables d’ingéniosité et d’émulation collective dans leurs actions. Leur succès fut tel que d’autres groupes se lancèrent dans d’autres villes.
Au-delà de leurs prouesses, il se distinguent aussi des mouvements révolutionnaires de l’époque par leur attention aux rapports de domination en interne à leur mouvement (féminisme, homophobie, racisme…) et sont particulièrement attentifs à leurs manières de fonctionner ensemble et à l’importance de se changer soi-même pour pouvoir s’émanciper vraiment du système qui les opprime.
Le livre, presqu’essentiellement composé de témoignages recueillis par Claire Richard ou d’extraits de documents divers de l’époque, se lit comme un roman et constitue une passionnante leçon de community organising appliqué. Traçant la vie du mouvement de ses débuts à sa fin, il donne aussi des clés pour tirer d’éventuelles leçons des mouvements qui terminent mal, déchirés entre autres par des conflits internes.
Terriblement inspirante, lumineuse d’idéal, cette page méconnue de l’Histoire du mouvement social américain vaut vraiment la peine d’être découverte.