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paul a la maisonL'avis d'Adrien :

La série des Paul démarrée il y a un peu plus de vingt ans est très vite devenue un classique de la bande dessinée québécoise, une œuvre patrimoniale. Ce dixième volet est probablement le plus sombre, le plus touchant aussi mais l’auteur nous y réserve tout de même quelques respirations désopilantes qui font aussi tout le sel de cette série.
Les « Paul » forment une fresque à grande part autobiographique mettant en scène l’alter ego de Michel Rabagliati en la personne de Paul Rifiorati. Dans ce volume, Paul se trouve à la croisée de nombreux chemins. Il sort d’un divorce et se morfond dans sa solitude, voit sa jeune fille partir pour l’Angleterre, accompagne sa mère en fin de vie et se sent inexorablement vieillir physiquement et mentalement. Le monde change autour de Paul qui observe toutes ces mutations comme un témoin passif.

Vous l’aurez compris une middle life crisis en plein mais on prend de bonnes bouffées de rire avec un voisin maniaque, une animation scolaire quelque peu foireuse, une foire du livre perfide et autres petits tourments du quotidien vus par le prisme de l’humour. Ajoutez à ça, en arrière-plan, toujours, le Québec et Montréal, les typicités architecturales et sociétales des différents quartiers parcourus par Paul, les expressions fleuries du cru, sans en faire trop, et vous aurez tout le charme hautement prenant de ces chroniques !btn commande

A la fois portrait intime et portrait de société, les Paul nous touchent et nous réconfortent par leur universalité.

La Pastèque, 25 €.

ne m oublie pas ne m oublie pas

L'avis de Maryse:

Quelle pépite que ce premier roman graphique de la jeune Alix Garin.

Marie-Louise souffre de la maladie d’Alzheimer. Fortement ébranlée par la déficience cognitive de sa mamie qui l’a en grande partie élevée, Clémence décide de l’enlever de sa maison de retraite pour l’emmener voir son hypothétique maison d’enfance, au bord de la mer.

Commence alors un road trip haletant à bord de la petite auto de l’étudiante – Clémence sait que sa famille et la police les recherchent – au cours duquel la jeune femme sera inévitablement confrontée aux terribles difficultés inhérentes à la maladie de sa grand-mère, mais qui renforcera aussi de façon immuable le lien intime entre les deux femmes. Et de fait, ce qui n’est autre que d’ultimes retrouvailles a tout d’un véritable parcours initiatique pour chacune d’entre elles. Si la quête principale doit ramener Marie-Louise à qui elle était, ce voyage intense révélera évidemment à Clémence énormément sur elle-même.

Inspirée de son vécu, la jeune bédéiste façonne ici un univers graphique qui lui est propre, au trait doux, flottant et expressif. À la fois pudique et écorché, son récit pose avec nuance et intelligence les grandes questions sous-jacentes à la relation familiale et ses non-dits, la transmission, la loyauté, l’amour, l’érosion du corps, les souvenirs qui nous fondent et les ravages du temps qui passe. Cette lecture est troublante, émouvante, parfois drôle mais surtout extrêmement riche, rappelant que décidément, le pouvoir de la littérature dessinée est lui aussi extraordinaire.

Le Lombard, 22,50€ - disponible en format numériquebtn commande

029bisL'avis d'Adrien :

Coup de cœur absolu pour cette série à lire de toute urgence où l’on suit Tulipe et ses amis l’Arbre, le Caillou, les serpents Crocus et Mimosa, les oiseaux Violette, Rose et Cosmos, Narcisse le tatou qui ressemble furieusement à un pangolin – mais évitez de le lui dire pour ne pas le froisser d’autant qu’il attrape la grippe lors d’un épisode.

Tulipe est un ours en short peu ambitieux et très sage qui adore ne rien faire ce qui enrage les autres animaux qui, les uns veulent voyager, d’autres bâtir des édifices, d’autres encore écrire de la poésie épique. Tout un monde se présente à nous, formellement assez minimaliste mais chaque détail compte et au gré des discussions de chacun c’est toute l’humanité qui est représentée avec ses malheurs, ses joies, ses différences, son altérité.

Il y a beaucoup d’humour, un humour à la fois désespéré et revivifiant. Tulipe met en perspective les grandes questions fondamentales – qui sommes-nous ? d’où venons-nous ? où allons-nous ? – la place des êtres vivants sur terre et de la terre dans l’univers d’une façon intelligente et très fine, non moralisatrice, avec un angle décalé, dans ce sens où on accomplit un pas de côté. Le contraste entre existentialisme et légèreté est d’autant plus frappant que les couleurs pastel nous font garder un pied dans un monde doux et enfantin.

Chaque âge peut se nourrir de toutes les petites et grandes leçons de vie qui sont tirées par Tulipe et ses amis. On y parle poésie, amour et philosophie au fil des trois albums sortis jusqu’ici « Tulipe », « Les voyages de Tulipe » et « Tulipe et les sorciers ».

A peine le rabat de couverture lu que vous êtes plongés dans le bel univers de Tulipe :
« La vie ? Un sacré sac de petits tracas et de grandes contrariétés. Mais comme le dit si bien le serpent Crocus : - Avec des pauses crêpes, ça passe. »

Editions 2024, Tulipe, 17 €, Les voyages de Tulipe, 15 €, Tulipe et les sorciers 15 €btn commande

 

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