C’est un voyage littéraire aux mille couleurs auquel nous vous convions : en route pour les Balkans ! Une mosaïque de contrées aux paysages flamboyants
et bigarrés. Un lieu central où abondent les vestiges. Un ancestral point de rencontre de peuples et de cultures, riche de son brassage et à l’âme authentiquement baroque. Une vaste région qui, de tout temps, fut plus ou moins malmenée par les conflits violents, la guerre incessante et l’oppression, et dont les populations, connaissant encore aujourd’hui le prix de la violence, revendiquent fièrement leurs singularités propres.
À l’instar de la région, la littérature balkanique est vaste, plurielle, parfaitement indéfinissable. Et pourtant, à la lecture de ses textes, et si la thématique de la guerre y reste omniprésente, il nous semble qu’elle montre comme similitudes cette espèce d’extravagance, cette audace, comme la traduction critique de l’instable et de l’urgence de vivre dans des romans disparates, tantôt éminemment politiques ou sociaux, tantôt poétiques, historiques et pour certains follement hilarants !
Voici le survol – modeste, absolument pas exhaustif et suivant un classement antéchronologique – d’un panel de romans contemporains traduits ou écrits en français, qui, nous l’espérons, titilleront votre curiosité comme ils ont titillé la nôtre !
Sladjana Nina Perkovic
© Dalibor Samak
Née en Bosnie-Herzégovine en 1981, elle est l’une des figures de la nouvelle génération d’écrivains des Balkans. Elle a doublé ses études de journalisme en Bosnie d’un cursus en communication politique à la Sorbonne. Sladjana Nina Perkovic est donc bilingue et partage sa vie entre sa ville d’origine, Banja Luka, et Paris, où elle travaille pour plusieurs médias.
Dans le fossé, son premier roman paru chez Zulma début 2024, est une comédie familiale burlesque. Dès les premières pages, la jeune narratrice interpelle le lecteur depuis un fossé boueux dans lequel elle s’est retrouvée après une chute spectaculaire et où elle gît passivement depuis un temps incertain. Dans une posture des plus inconfortables, elle raconte les événements de l’incroyable journée, mais aussi de sa vie, qui l’ont menée jusqu’à cette situation improbable. Une jeune femme introvertie et manipulée, une mère autoritaire et perchée, un père déprimé ratatiné dans son fauteuil, une tante étouffée par un os de poulet, un oncle rigolard et ivrogne, une cousine influenceuse et superficielle, un veuf suicidaire, un (vrai) pope, un (faux) pope et une effrayante popesse… quelle folklorique galerie de personnages ! Le ton est vif, le propos est explosif, les situations sont extravagantes autant que la critique sociale est acerbe. Ce roman, ancré dans une Bosnie d’aujourd’hui, est baroque, fantasque, mordant et tout bonnement hilarant.
Zulma, traduit du serbo-croate (Bosnie-Herzégovine) par Chloé Billon, 22 euros.
Coup de coeur de Maryse
Brina Svit
Francesca Mantovani © Gallimard
Cette journaliste, traductrice, réalisatrice et femme de lettres slovène, née en 1954 à Ljubljana (ex-Yougoslavie), écrit, elle aussi, principalement en français, langue qu’elle a étudiée à l’université de Ljubljana. Elle est établie à Paris depuis 1980.
Son roman Les cycles de la révolte est paru chez Gallimard début 2024. Il raconte l’histoire d’une jeune Slovène établie à Paris depuis de nombreuses années et qui, à l’heure de la pandémie, rejoint la ville de ses origines, où réside sa sœur. Elle y sera confrontée, en plein confinement, aux tourments de son passés, mais également à une joyeuse révolution de cyclistes, qui, tous les vendredis, manifestent dans la capitale contre les dérives autocratiques du gouvernement. Les cycles de la révolte est un roman empli de désir et de joie, autour d’une héroïne qui s’évade de sa propre vie pour en inventer une autre. Malicieux, tendre, effervescent, il nous rappelle combien l’esprit de lutte est prodigue.
Gallimard, 2024, 21 euros.
Coup de coeur d'Anouk
Velibor Colic
Francesca Mantovani © Gallimard
Velibor Colic est né en 1964 en Bosnie. Enrôlé à vingt-huit ans dans l’armée croato-bosniaque lors de l’agression de la Bosnie par l’armée fédérale ex-yougoslave, il a connu l’épouvante où sombraient les hommes, mais aussi les animaux, les arbres, les champs, les jardins, les maisons, tout ce monde de beauté paisible qui avait été le sien jusque-là. Il a consacré dès lors son énergie à trouver le moyen de déserter, ce qu’il a fait en 1992. Fait prisonnier, il s’est échappé et a trouvé refuge en France, où il a vécu des années. Son œuvre littéraire, dans laquelle il témoigne de son expérience de guerre mais pas uniquement, est principalement rédigée en français. Velibor Colic est lauréat du Prix du Rayonnement de la langue et de la littérature françaises (pour l'ensemble de son œuvre). Il réside aujourd’hui à Bruxelles.
Guerre et pluie (Gallimard 2024) raconte le conflit armé que l’auteur bosniaque a mené, en 1992, dans cette ex-Yougoslavie communiste brutalement déchirée en territoires nationalistes et patriotes. C’est le récit à la fois halluciné et drolatique d’un poète-soldat, dans lequel la description d’un univers d’effroi, où aucune loi n’existe, est tempérée par la douceur merveilleuse des souvenirs d’avant.
Gallimard, 2024, 22 euros.
Nouveauté
Rumena Buzarovska
Née à Skopje en 1981, Rumena Buzarovska appartient à la nouvelle génération des écrivains macédoniens et balkaniques. Elle enseigne la littérature américaine à l’université de Skopje, est spécialiste de l’humour dans la littérature américaine et macédonienne et elle est autrice de nouvelles.
Mon cher mari est un truculent recueil de nouvelles. Onze femmes, toutes générations confondues, s’y livrent sans tabou à propos de leur époux. Adultère, machiste, dominateur ou médiocre, l’homme de chaque couple est décrit par sa compagne dans une situation quotidienne. Le couple y est précisément dépecé et, en filigranes, c’est bien entendu un portrait de la condition féminine macédonienne d’aujourd’hui qui est dressé. Si la vie conjugale reste vraisemblablement la voie inévitable pour les femmes dans cette société patriarcale à la dure, on y voit, non sans un humour mordant, que ces dernières parviennent parfois à s’en dépêtrer avec brio ! C’est caustique, c’est féministe et c’est drôle.
Folio, 2024, traduit du macédonien par Maria Bejanovska, 8,30 euros.
Coup de coeur de Maryse
Dragan Velikic
Originaire de Belgrade, où il a vu le jour en 1953, Dragan Velikic est un diplomate, journaliste et écrivain serbe dont l’œuvre est assez vaste.
Son roman Bonavia, paru en 2012 en serbe, vient d’être traduit en français chez Agullo. Il raconte les destins croisés de personnages originaires de Serbie et qui, à cause de la guerre et de ses nombreuses répercussions traumatiques, sociales et économiques, vont s’exiler, à des époques différentes. Un roman sur le déracinement, donc, et l’éternel souhait du retour au pays natal.
Agullo, traduit du serbe par Maria Bejanovska, 2024, 22 euros.
Nouveauté
Jurica Pavicic
Jurica Pavicic, né à Split en 1965, est un romancier, auteur de romans policiers.
Avec L’eau rouge (paru en Croate en 2017 et traduit en français en 2021), il a reçu de nombreux prix, dont le Prix du Polar européen et le Grand Prix de la littérature policière. Le roman, fortement inscrit dans la réalité socio-politique de la Croatie, se déroule en 1989. Dans un bourg de la côte dalmate, Silva, 17 ans, disparaît durant la fête des pêcheurs. L'enquête menée par Gorki Sain fait émerger un portrait complexe de la jeune fille. Cependant, lorsque s’effondre le régime de Tito, l'inspecteur est poussé à la démission et l'affaire classée. Seule la famille de Silva poursuivra obstinément les recherches.
Points policiers, traduit du croate par Olivier Lannuzel, 2022, 8,90 euros.
La femme du deuxième étage (2015 en croate, 2022 en français), raconte l’histoire de Bruna, incarcérée pour le meurtre de sa belle-mère, et ce qui, chemin faisant, l’a poussée à commettre le crime. Un roman socio-psychologique glaçant.
Agullo, traduit du croate par Olivier Lannuzel, 2022, 21,50 euros ; Poins policiers, 2023, 7,90 euros.
Coup de coeur de Maryse
Miroslav Sekulic-Struja
Né à Rijeka, dans le nord de la Croatie, en 1976, Miroslav Sekulic-Struja est peintre, bédéiste et réalisateur de cinéma d’animation. Il est le lauréat du Concours Jeunes Talents du Festival d’Angoulême en 2010. Son dessin est poétique et extrêmement précis. Chaque détail y participe à la constitution du récit. Sa technique et son sens du récit lui confèrent un style expressionniste très personnel, à découvrir absolument.
Petar & Liza (Actes Sud BD, 2022) retrace l’idylle entre un poète vagabond traumatisé par la guerre et une jeune danseuse. Les démons de Petar ne le quitteront pourtant jamais et Liza devra le laisser à son triste sort…
Actes Sud BD, traduit du croate par Ana Setka et Wladimir Anselme, 2022, 30 euros.
Coup de coeur d'Adrien
Ante Tomic
Né en 1970 en Yougoslavie, ce journaliste et écrivain aujourd’hui croate est un véritable incontournable pour qui veut se plonger dans la littérature des Balkans !
Qu’est-ce qu’un homme sans moustache, son premier roman publié en 2000 (en 2023 en français), se déroule dans un village de l’arrière-pays dalmate habité par une galerie de personnages hauts en couleur, et est une douce satire de la société rurale de l’ex-Yougoslavie.
Éditions Noir sur Blanc, traduit du croate et annoté par Marko Despot, 2023, 21 euros.
En 2009 (2021 en français) est paru son roman le plus célèbre : Miracle à la combe aux Aspics. Une espèce de road trip baroque et hilarant qui mènera un père et ses quatre fils, embourbés dans leur communauté familiale 100% masculine, armés jusqu’aux dents et arriérés jusqu’à la moelle, à sortir de leur tanière pour trouver une épouse à l’ainé des rejetons. C’est drôle, anticonformiste, rocambolesque, jubilatoire !
Libretto, traduit du croate par Marko Despot, 2022, 9,70 euros.
Coup de coeur des libraires Initiales
Kapka Kassabova
La romancière et poétesse Kapka Kassabova est née en 1974 et a grandi à Sofia. Sa langue maternelle est le bulgare mais sa langue d’écriture est l’anglais.
Lisière, texte plusieurs fois primé, est le grand récit du retour sur les terres bulgares d’origine, dans la zone frontalière de la Grèce et la Turquie, inaccessible lorsque l’écrivaine était enfant et que la Guerre froide battait son plein. Au gré de son voyage, l’autrice va découvrir les lieux qui furent occupés successivement au cours de l’histoire, tantôt par le régime ottoman, tantôt par le régime soviétique, et qui regorgent d’une richesse culturelle propre aux zones-tampons. Elle évoque également l’actuelle et brûlante crise migratoire qui sévit dans la région.
J'ai lu, traduit de l'anglais (Ecosse) par Morgane Saysana, 2021, 9,50 euros.
Slobodan Despot
Né en 1967, Slobodan Despot est un écrivain, journaliste et éditeur d’origine serbo-croate (alors ex-Yougoslavie) établi en Suisse. Il écrit en français.
Le miel (paru en 2014 chez Gallimard) est la confession de Vesko, le fils d’un apiculteur déraciné par la guerre, et en filigranes l’histoire d’une odyssée en Yougoslavie, où le miel est le remède aux maux humains.
Folio, 2015, 7,80 euros.
Melinda Nadj Abonji
Née en Serbie en 1955 dans une minorité hongroise, elle est réfugiée en Suisse.
Le soldat-tortue raconte les différentes voies (l’une au pays, l’autre en exil en Suisse) empruntées par des cousins dont l’enfance commune fut dramatiquement marquée par la guerre.
Métailié, traduit de l'allemand (Suisse) par Françoise Toraille, 2023, 18 euros.
Dubravka Ugresic
Née en 1949 et morte en 2023, Dubravka Ugresic est une écrivaine yougoslave puis croate qui s’est exiléeaux Pays-Bas au début des années 1990.
Morte il y a peu, ses romans pétillants et pleins de vigueur, antidotes résolus à la bêtise totalitaire et au patriarcat, la préserveront longtemps des cendres de l'oubli. Car le mélange savamment dosé d'absurde, d'humour et de mélancolie de ses textes fait de la romancière croate une voix incroyablement attachante.
Le musée des redditions sans conditions, Le ministère de la douleur, Baba Yaga a pondu un œuf,La Renarde sont publiés en français chez Christian Bourgois.
Le musée des redditions sans conditions, Bourgois, coll. Titres, traduit du croate par Mireille Robin, 2020, 9 euros.
Le ministère de la douleur, Bourgois, coll. Titres, traduit du croate par Janine Matillon, 2020, 9 euros.
Baba Yaga a pondu un oeuf, Bourgois, coll. Titres, traduit du croate par Chloé Billon, 2023, 13 euros.
La renarde, Bourgois, traduit du croate par Chloé Billon, 2023, 24 euros.
Coups de coeur d'Anouk
Drago Jancar
Drago Jancar est un écrivain, scénariste et journaliste slovène né en 1948. Fervent opposant au régime yougoslave, il fut incarcéré en 1974. Il est l’auteur d’une œuvre considérable, marquée par la lutte pour la liberté des populations et de leur expression.
Au commencement du monde, un roman d’apprentissage largement autobiographique, commence au début des années 1960 dans une banlieue ouvrière slovène et décrit une jeunesse ouvrière fortement marquée par la guerre et qui cherche à se frayer un chemin vers l’avenir.
Phébus, traduit du slovène par Andrée Lück Gaye, 2024, 22,50 euros.
Nouveauté
Branimir Scepanovic
Né en 1937 et mort en 2020, Branimir Scepanovic est un écrivain monténégrin de langue serbe.
En 1974 parait son roman intitulé La bouche pleine de terre, qui lui vaut une reconnaissance internationale. Ce récit métaphorique met en scène un homme malade qui revient au Monténégro dans le but de s'y suicider. Son chemin croisant par hasard celui de deux campeurs, il s'enfuit sans raison apparente. Surpris, les deux hommes le poursuivent, et leur désir initial d'entraide se transforme peu à peu en rancœur puis en haine farouche envers ce fugitif insaisissable que l’on va accuser de toutes sortes de délits.
Libretto, traduit du serbe par Jean Descat, 2024, 6,90 euros.
Nouveauté
Taško Georgievski
Né en 1935 et mort en 2011, l’écrivain macédonien Taško Georgievski a connu l’exil très jeune, à l’instar de grand nombre de ses compatriotes. Toute son œuvre s’est inspirée de ces événements tragiques et de ses conséquences.
La graine noire raconte le destin d’un jeune paysan macédonien forcé de combattre dans l’armée du Royaume de Grèce contre le communisme, et qui, prisonnier, devient le bouc-émissaire de l’armée grecque. Dans ce roman, Taško Georgievski dépeint la souffrance des innocents pris dans l’absurdité de la guerre.
Cambourakis poche, traduit du macédonien par Maria Bejanovska, 2024, 10 euros.
Ismaïl Kadaré
Né en 1936, Ismaïl Kadaré est un écrivain albanais dont les écrits, subtiles mais fermes critiques des régimes dictatoriaux, longtemps considérés comme subversifs dans son pays, retentissent bien au-delà des frontières de l’Albanie. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains européens du XXe siècle, et comme une voix universelle contre les totalitarismes. Ismaïl Kadaré est l’auteur d’une œuvre considérable.
Le général de l’armée morte est son premier roman, paru en 1963. Il évoque le retour en Albanie, près de vingt ans après la Seconde Guerre mondiale, de chefs d’armée italiens, chargés de ramener les ossements d’Italiens morts pendant la guerre en Albanie occupée. Un voyage initiatique qui détournera ces hommes de leur trajectoire, interrogera les tenants de la guerre ainsi que ses conséquences indélébiles et violentes sur le peuple.
Le Livre de Poche, 1988, traduit de l'albanais par Jusuf Vrioni, 8,35 euros.
Avril brisé raconte l’histoire sanglante d’une vendetta régie par des lois ancestrales, au cœur des montagnes albanaises du début du XXe siècle. Kadaré y décrit les mécanismes du Kanun (le droit coutumier médiéval auquel se réfèrent encore aujourd’hui des clans du nord de l’Albanie, du Kosovo et du Monténégro), ses fondements idéologique et économiques, et les répercussions sur ceux qu’il frappe.
Fayard, traduit de l'albanais par Jusuf Vrioni, 2023 (nouvelle traduction), 18 euros.
Le pont aux trois arches, écrit au milieu des années 1970, est la chronique de la construction d’un pont de pierre monumental, aux abords d’une petite cité albanaise, en 1377 – quelques décennies avant l’invasion ottomane qui débouchera sur une occupation de plus de quatre siècles. Ce pont va se trouver au cœur d’un affrontement complexe entre puissances économiques et politiques. Kadaré, alors interdit de publication par le régime stalinien d’Enver Hoxha, y fait clairement allusion aux totalitarismes qui lui sont contemporains. C’est le récit terriblement lucide de l’impuissance et de la crédulité des hommes face aux pouvoirs qui les broient.
Sillage, traduit de l'albanais par Jusuf Vrioni, 2019, 13,50 euros.
Milorad Pavic
On ne sait pas grand-chose de ce professeur de lettres né en 1929 à Belgrade et mort en 2009 dans la même ville, car il a toujours évité de revendiquer ses appartenances politiques. Il est connu à l’international pour ses écrits de fictions, souvent empreints de connotations ésotériques, plongeant le lecteur entre la réalité et le rêve, et inscrivant ainsi l’écrivain dans la mouvance du réalisme magique, assez importante au sein de la littérature balkanique.
Dernier amour à Constantinople, initialement paru en serbe en 1994 et récemment retraduit chez Noir sur Blanc, raconte la destinée remplie de turpitudes de Haralampije Opujic, un Serbe capitaine dans l'armée napoléonienne, et de son fils Sofronije, tous deux en proie à leurs ennemis. Se lisant comme autant d’anecdotes autonomes, les histoires qui composent ce roman renvoient aux vingt-deux cartes de tarot.
Éditions Noir sur Blanc, traduit du serbe, revu et corrigé par Jean Descat, 2023, 20,50 euros.
Vladimir Bartol
Né à Trieste en 1903 et mort à Ljubljana en 1967, Vladimir Bartol est l’auteur d’Alamut, un roman historique publié en 1938, rapidement traduit en plusieurs langues et désormais considéré comme un classique. Le roman se déroule au XIe siècle dans la forteresse d’Alamut en Iran mais il demeure une acerbe critique du fanatisme et du despotisme de toutes les époques.
Libretto, 2012, traduit du slovène par Andrée Lück-Gaye, 12,80 euros.
Panaït Istrati
Né en 1884 à Braila en Valachie, sur les rives du Danube, et mort à Bucarest en 1935, cet écrivain aux mille et une vies était surnommé le « Gorki des Balkans ». Roumain d’origine, il incarnait véritablement l’homme des Balkans, cosmopolite, grand voyageur et polyglotte ; et c’est en français qu’il écrivit ses plus grands textes.
Kyra Kyralina, publié en 1923 avec le soutien de Romain Rolland, est un roman initiatique rocambolesque, délicat et poétique qui mènera son lecteur à travers la Roumanie, la Bulgarie et les Balkans, jusqu’aux confins de l’Empire Ottoman.
Folio, 1981, 7,20 euros.
Coup de coeur de Maryse
Milos Tsernianski
Né en Hongrie en 1893 et mort à Belgrade en 1977, Milos Tsenianski était un journaliste, poète, écrivain et diplomate serbe, et grand ami d’Ivo Andric.
Migrations, un roman au véritable souffle lyrique se déroulant au XVIIIe siècle et initialement publié en 1927, est retraduit tout récemment chez Noir sur Blanc. Il retrace, à travers l’histoire de la famille Issakovitch, Serbes issus des confins de l’Empire d’Autriche, la destinée d’une population s’estimant spoliée par l’Autriche d’un côté et les Turcs de l’autre, et désirant à tout prix rejoindre la Russie, son Eldorado. Un texte qui témoigne de l’inextricable mosaïque ethnique qui constitue la région.
Éditions Noir sur Blanc, 2024, traduit du Serbe par Velimir Popovic, 32 euros.
Nouveauté
Ivo Andric
Né en 1892 en Bosnie-Herzégovine alors administrée par l’Autriche-Hongrie, lauréat du Prix Nobel de littérature en 1961 et mort en 1975 à Zagreb, Ivo Andric est l’une des figures les plus marquantes de la littérature yougoslave.
En 1945 paraît le roman historique Le Pont sur la Drina. Il s’agit d’une chronique pendant quatre siècles de la ville de Visegrad et de son pont, haut lieu reliant la Serbie et la Bosnie, l’Occident et l’Orient, l’Empire Austro-Hongrois et l’Empire Ottoman, et où les hommes de la région, qu’ils soient chrétiens, juifs ou musulmans se côtoient, palabrent, s’affrontent, observent les remous politiques.
Le livre de poche, 1999, traduit du serbo-croate par Pasclae Delpech, 9,35 euros.