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banks"Il tente de rester ici, debout sur la frontière entre un pays et un autre, entre le passé et le présent, entre vivre et mourir. Pour la première fois depuis trois mois, ou quatre, depuis le jour où il s’est rendu compte qu’il était malade et allait sans doute en mourir, il ne ressent ni douleur ni gêne. Il n’est pas guéri, mais il n’est plus malade. De là où il se tient, à la frontière, il peut voir le disque blanc du soleil s’élever au-dessus de la brume derrière la rangée d’aulnes à l’horizon. Une fois le soleil monté au-dessus des aulnes, son éclat qui traverse le reste de brume aplatit tout ce qui existe, le rend parfaitement blanc. Et puis Fife est annihilé." 

 

Comme Leonard Fife, personnage central du testamentaire Oh, Canada, Russell Banks a franchi la frontière entre vivre et mourir ce dimanche.

 

Son œuvre est de celles qui resteront tant il a réussi à incarner, par des personnages inoubliables, à la fois les maux de son pays et les tourments les plus intimes. De beaux lendemains, Affliction, American Darling, La réserve… sont autant de romans qui prennent le pouls d’une Amérique complexe, déboussolée, qui rejette à la marge ses enfants déclassés.

La puissance documentaire de son œuvre fait de Russell Banks un passionnant témoin, en même temps qu’un militant écorché. Comme le dit Leonard Fife, décidément double de papier et porte-parole de son auteur, l’écrivain est "quelqu’un qui s’engage à se comprendre et à comprendre le monde au moyen de la langue". Russell Banks n’a jamais failli à cette tâche. Il va nous manquer cruellement.

La traduction de Oh, Canada est signée Pierre Furlan, chez Actes Sud, comme l'ensemble de l'oeuvre de Russell Banks en français.