Pour vous aider à trouver les livres qui enchanteront votre Noël et celui des gens que vous aimez, laissez-vous guider par vos libraires!
Voici une sélection des livres qui nous ont emportés, émus, amusés... en un mot: conquis, tout au long de cette année.
2019, une année en quelques romans immanquables...
Ahmed Altan, "Je ne reverrai plus le monde", traduit du turc par Julien Lapeyre de Cabanes, Actes Sud
Il y a des livres qui s'imposent par leur absolue nécessité, et "Je ne reverrai plus le monde" est de ceux-là. Les textes rassemblés par le journaliste turc Ahmed Altan, emprisonné depuis septembre 2016 en Turquie, sidèrent par leur puissance d'évocation. Ahmed Altan raconte, dans une langue de peu de mots et qui va droit au but, son arrestation, la vie en prison, les privations, son combat au quotidien pour préserver sa dignité et son humanité. Il nous montre aussi combien la littérature sauve du pire: « Je ne suis pas là où je suis, ni là où je ne suis pas. Enfermez-moi où vous voulez, je parcours le monde avec les ailes de l’imagination. »
Mathilde Chapuis, "Nafar", Liana Levi
Roman d'amour, roman d'exil, roman de tentatives, de désolation et d'espoir, "Nafar" éblouit et nous touche en plein coeur. "Nafar" est aussi un livre de voix: une voix pour dire la vie de celui-là qui fuit la Syrie en feu. Cet homme qui se cache, se rend invisible et attend. Le moment. La traversée. Et une voix qui lui parle, qui lui dit tu. Une voix franche, forte, vivante. La voix d'une femme en mouvement.
Jonathan Coe, "Le coeur de l'Angleterre", traduit de l'anglais par Josée Kamoun, Gallimard
Grand roman du Brexit, grand roman politique mais aussi et surtout grand roman familial. Chaque personnage est traversé par le meilleur ou le pire de ce que les liens familiaux peuvent proposer! Vous DEVEZ lire Jonathan Coe, c'est délicieux et irrésistible!
Bérengère Cournut, "De pierre et d'os", Le Tripode
Après Née contente à Oraibi, où elle nous initiait à la culture des Indiens Hopis, Bérengère Cournut poursuit sa quête d’autres façons de « faire monde ». Son écriture dépouillée, les respirations poétiques qui ponctuent le récit et la sagesse dont chaque page est empreinte font de De pierre et d’os un roman envoûtant, profondément humaniste. Uqsuralik est une héroïne que vous n’oublierez pas!
Jean-Paul Dubois, "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon", L'Olivier
On vous le dit et on vous le répète inlassablement depuis la parution du livre fin août: avec "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon", Jean-Paul Dubois a réussi un roman parfait. On trouve tout dans ce roman généreux, tout ce qui fait le prix d'une vie d'homme: la tendresse et le déchirement, l'amour fou et le désespoir, quelques facéties du destin et même, face au ciel si vaste, une église ensablée. Le Goncourt 2019 est un livre de résilience et de liberté, «bricolé d'espérance et d'amour», et qui vous regarde droit dans les yeux.
Hélène Gaudy, "Un monde sans rivage", Actes Sud
Au départ, il y a des photos. Un petit trésor de photos prises en 1897 par Nils Strindberg lors d'une expédition en ballon vers le Pôle Nord. Strindberg et ses deux compagnons disparaissent tragiquement, et le mystère entourant cette disparition marque les esprits de la Belle Époque. Les photos de Nils Strindberg sont le point d'ancrage du livre d'Hélène Gaudy, fragiles empreintes qui lui font remonter le temps et s'enfoncer dans la profondeur blanche de l'Arctique. Comme en écho à cette «zone blanche qu'on porterait en soi comme une île», ce roman beau et puissant est aussi une méditation sur le temps et l'effacement.
Nicole Malinconi, "Poids Plumes", Esperluète
Observer les oiseaux et restituer leur façon d'être au monde et à la vie, c'est porter l'attention sur l'infiniment petit, c'est mettre des mots sur ce qui semble destiné à ne pas en avoir. C'est aussi donner une forme à ce qui bouge et échappe. C'est un détour du regard pour apprendre à regarder mieux et à voir l'exceptionnel derrière la banalité. L'oiseau est l'incarnation de plus grand que lui: un paysage, la création, la vie. Dans les mots de Nicole Malinconi, l'insignifiance apparente des oiseaux est le miroir de notre propre fragilité. La menace de leur absence souligne les impasses de notre temps, et leur courage, leur obstination, leur ténacité sont comme des invitations à tenir et avancer.
Vincent Message, "Cora dans la spirale", Seuil
Cora est jeune, douée, amoureuse, c'est une femme libre et généreuse, la vie semble lui sourire. Et pourtant. Broyée par son travail, Cora s'achemine vers "des tristesses indéchiffrables". Et c'est implacable. Avec ce roman tendu et tragique, virulent mais jamais manichéen, Vincent Message réussit à donner chair aux maux de notre société opulente. Ses portraits d'hommes et de femmes sonnent juste et remuent au plus profond, "car (...) c'est de nous qu'il s'agit. Le combat qui a cessé quelque part reprend ailleurs, et c'est le même combat".
Alice Munro, "Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout", traduit de l'anglais (Canada) par Agnès Desarthe, L'Olivier
Si vous pensez que les nouvelles, ce n'est pas pour vous, alors lisez Alice Munro. Les éditions de l'Olivier publient un recueil exceptionnel, "Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout", dans une traduction d'Agnès Desarthe absolument épatante. Au programme, neuf nouvelles ciselées, autant de portraits de femmes sur le fil, d'histoires d'amour qui basculent. Et toujours un sens du détail, une finesse d'analyse, une fraîcheur et une tendresse qui font d'Alice Munro une des plus grandes nouvellistes, couronnée par le Prix Nobel de littérature en 2013. Lisez Alice Munro, beaucoup, passionnément, à la folie!
Edna O'Brien, "Girl", traduit de l'anglais (Irlande) par Pierre-Emmanuel Dauzat, Sabine Wespieser
« J'étais une fille autrefois, c'est fini. Je pue. Couverte de croûtes de sang, mon pagne en lambeau. Mes entrailles, un bourbier. Emmenée en trombe à travers cette forêt que j'ai vue, cette première nuit d'effroi, quand mes amies et moi avons été arrachées à l'école. » Cet incipit de "Girl" annonce la puissance du nouveau roman d'Edna O'Brien. Basé sur l'enlèvement de lycéennes par Boko Haram au Nigeria en 2014, ce texte bref rend hommage à ces jeunes femmes et dénonce les atrocités infligées par le groupuscule extrêmiste. Impossible de lâcher le rythme de la lecture: la tension est à son comble, comme si la vie de l'héroïne dépendait de notre assiduité à tourner les pages. Poignant et d'une nécessité indubitable, "Girl" est un roman à mettre entre toutes les mains.
Audur Ava Olafsdottir, "Miss Islande", traduit de l'islandais par Éric Boury, Zulma
Dans l'Islande des années 60, où l'homosexualité n'est pas tolérée et le machisme domine, il n'est pas évident de réaliser ses rêves et d'écouter ses désirs. "Miss Islande" qestionne les limites de la liberté. Les personnages se réfutient dans la lecture et l'écriture, seuls exutoires et lieux d'épanoussement, où la lumière et l'espoir surgissent. Audur Ava Olafsdottir continue à nous émerveiller par sa plumepoétique, au plus près de l'âme humaine.
Michael Ondaatje, "Ombres sur la Tamise", traduit de l'anglais (Canada) par Lori Saint-Martin, L'Olivier
"N'oubliez jamais, votre histoire n'est qu'une histoire parmi d'autres, pas nécessairement la plus importante. Le moi n'est pas ce qui compte le plus". Dans la Londres de l'immédiat après-guerre, un frère et une soeur adolescents apprennent à vivre sous la houlette d'un étonnant tuteur. Il leur ouvre les portes d'un monde nocturne peuplé d'individus inquiétants et fascinants. Derrière l'opacité et l'étrangeté de leur nouvelle vie, Nathanael et Rachel trouveront, peut-être, les clés d'un monde "inconnu et inexprimé". "Ombres sur la Tamise" est une éblouissante réflexion sur la mémoire, non comme un écho exact du passé mais comme un travail de reconstruction intime. Certainement l'une de nos plus belles lectures de l'année écoulée!
Sally Rooney, "Conversations entre amis", traduit de l'anglais (Irlande) par Laetitia Devaux, L'Olivier
La sensation de la rentrée littéraire étrangère vient de Dublin: Sally Rooney, 28 ans tout juste, deux romans qui ont affolé le monde anglophone et un talent peu commun pour dire ce que c'est qu'être jeune aujourd'hui. "Conversations entre amis" arrive donc précédé d'une réputation énoooorme, et l'on comprend immédiatement pourquoi. On trouve à chaque page de ce livre un ton, une fougue, un rythme qui saisissent le lecteur, le malmènent dans ses certitudes et lui offrent la conscience jubilatoire d'assister à la naissance d'un grand auteur.
Olivia Rosenthal, "Éloge des bâtards", Verticales
"Éloge des bâtards" est un livre bien d'aujourd'hui, affûté et subversif. Ses neuf personnages sont en lutte contre un pouvoir fascisant et contre l'aménagement de la ville qui se met en place pour assurer la "normalisation généralisée". Entre tous ces militants surgis d'horizons très différents, il y a bien des tensions, mais aussi un lien plus fort que leurs points de discorde — leur conscience d'être tous, et pour toujours, "des bâtards consentants".
Andrew Rydker, "Les Altruistes", traduit de l'anglais (États-Unis) par Olivier Deparis, Rivages
Grand coup de cœur de cette rentrée littéraire, "Les altruistes" est un premier roman féroce et inoubliable. La méchanceté familiale atteint ici des sommets... un régal!
2019 côté polars
Dov Alfon,"Unité 8200", traduit de l'anglais par Françoise Bouillot, Liana Levi




2019 - les essais
Hervé Fischer, "Les couleurs de l'Occident, de la Préhistoire au XXIe siècle", Gallimard
Sociologue et artiste, Hervé Fischer explore les relations de l'homme et des couleurs, depuis les peintures rupestres jusqu'à nos jours. Un essai pétillant d'intelligence et d'érudition.
Vinciane Despret, "Habiter en oiseau", Actes Sud
Philosophe et éthologue, Vinciane Despret questionne ici l'idée-même de territoire du point de vue des oiseaux. Pourquoi les ornithologues, depuis près de 100 ans, peinent-ils à trouver un sens à la métamorphose de l'oiseau, une fois le printemps revenu? Une démarche philosophique intense et stimulante pour changer notre conception de la nature.
Razmig Keucheyan, "Les besoins artificiels - comment sortir du consumérisme", Zones
Il dissocie les besoins artificiels des besoins authentiques et montre le potentiel révolutionnaire de ces derniers. Et de citer Marx: "une révolution radicale ne peut être que la révolution des besoins radicaux".
Nastassja Martin, "Croire aux fauves", Verticales
Le récit le plus saisissant de cette fin d'année. Dans ce livre de seuils et de métamorphoses, l'anthropologue Nastassja Martin nous raconte sa rencontre avec un ours dans le Kamtchaka. Elle n'aurait pas dû sortir vivante de la gueule de l'animal. Et pourtant elle est là, l'intelligence affûtée, faisant de cette expérience-limite un nouveau terrain d'études. Le livre est tout à la fois le récit d'un corps à réparer et celui d'une âme qui fait place au fauve en elle. Mythologique et politique, passionnant de bout en bout, "Croire aux fauves" est un texte d'une telle richesse qu'on n'a pas fini de vous en parler.
Maggie Nelson, "Bleuets", traduit de l'anglais (États-Unis) par Céline Leroy, Éditions du Sous-Sol
Ce livre: une merveille! En déclinant les infinies nuances du bleu, Maggie Nelson offre un texte qui creuse si profond dans l'intime qu'il en devient universel. "Bleuets" est un livre consolant et inspirant. Chaque lecteur y glanera des bribes dont il pensera qu'elles ont été écrites pour lui seul: c'est la magie des grands livres.
Rebecca Solnit, "La mère de toutes les questions", traduit de l'anglais (États-Unis) par Céline Leroy, L'Olivier
Après avoir publié en 2018 "Ces hommes qui m'expliquent la vie" dans sa collection 'Les Feux', les éditoins de l'Olivier poursuivent la traduction de l'oeuvre de Rebecca Solnit. Vive et drôle, l'autrice déjoue "tout ce qui, dans la culture, dans les institutions, dans la sphère publique, entend amoindrir la parole des femmes, et réduire leur place."
Victoire Tuaillon, "Les couilles sur la table", Binge
Fort du succès de l'admirable podcast "Les couilles sur la table" (500 000 écoutes par mois), ce livre tiré de l'émission est un très bon complément au podcast: l'animatrice Victoire Tuaillon y a résumé et complété tous les épisodes dans lesquels avec ses invité·es, elle dissèque, examine, questionne la virilité, les hommes et les masculinités. "Parce qu’il faut parler des hommes d’un point de vue féministe, en étant ni hostile ni dogmatique, mais en considérant que la masculinité n’a rien de “naturel”, que c’est un construit social, et qu’il faut la remettre en question si on veut une véritable égalité entre les femmes et les hommes."
2019 pour les petits lecteurs
Beatrice Alemagna et Astrid Lindgren, "Lotta la filoute", Versant Sud
L'impératrice des bêtises, c'est Lotta: succombez à son charme exquis avec nous! On l’appelle Lotta la filoute, ou encore «Tohu-Bohu», et si vous ne la connaissez pas encore, vous ne perdez rien pour attendre: plongez-vous avec délice dans ce superbe et gros album que les éditions Versant Sud publient cet automne.
Anne Brouillard, "Les îles", Pastel
De livre en livre, Anne Brouillard a construit un univers profondément singulier. Chez elle, la lumière est douce, animaux et humains rivalisent d'attention aux autres et de bienveillance, et souvent, dans le lointain, on entend chanter un train. La nature est omniprésente, une nature envoûtante et laissant place au rêve et à l'imagination. "Les Îles" sont une fabuleuse invitation au voyage, et la promesse d'un enchantement qui dure bien après que résonnent les derniers mots de l'album. Embarquez sans plus attendre!
Kitty Crowther et Ulf Stark, "La cavale", Pastel
L'amour et l'attention aux autres sauvent le monde! Un petit-fils astucieux et son grand-père acariâtre viennent nous le rappeler dans ce roman de transmission, signé Ulf Stark (un grand nom de la littérature suédoise). Les illustrations de Kitty Crowther apportent magie et émotion à ce texte remarquable. Une lecture à partager, dès 9-10 ans.
Thomas Lavachery, "Le voyage de Fulmir", L'École des Loisirs
Le dernier roman de Thomas Lavachery, comme toujours profondément humaniste et généreux. Le nain Fulmir a 160 ans, et pour autant bien des aventures l'attendent encore. Rencontres inattendues, poursuites, dangers à braver: ce qui devait être le dernier voyage de Fulmir n'est pas de tout repos. Pour le plus grand plaisir des lecteurs, dès 11 ans.
Claire Lebourg, "Pull", Memo
On se délecte des savoureuses aventures de Pull et de sa bande, racontées avec humour et une bonne dose d'espièglerie par Claire Lebourg. Mais l'album ne s'arrête pas à ce premier niveau de lecture: on peut aussi y trouver des idées plus politiques et philosophiques: accueillir l'autre et lui faire place, trouver son chemin à soi dans la vie, s'enrichir de nos différences... La finesse des illustrations, le subtil jeu des couleurs, la qualité du texte: tout fait de "Pull" un futur classique, indispensable dans toute bibliothèque!
Hugh Lofting, "Docteur Doolitle", traduit de l'anglais par Maurice Lomré, L'École des Loisirs
Un classique qui n'a pas pris une ride! Avec les illustrations charmantes de Ole Könnecke et dans la traduction pétillante de Maurice Lomré, on suit le Dr Dolittle au bout du monde! À lire dès 9 ans.
Lois Lowry, "Les Willoughby", trduit de l'anglais par, L'École des Loisirs
Des parents infâmes, quatre enfants farfelus, un bébé perdu, une nounou au coeur d'or... "Les Willoughby" est un petit chef-d'oeuvre, et L'École des Loisirs vient de le republier en habits de fête! Irrésistible!
Clémentine Mélois et Rudy Spiessert, "Les chiens pirates, adieu côtelettes", L'École des Loisirs
Ah, ces chiens pirates! "Les plus redoutables pirates des mers du Sud, la terreur des cinq océans, la pire canaille ayant jamais navigué", rien que ça. Sauf que quand les croquettes menacent de manquer, il faut agir. Or le courage et l'intelligence ne font pas partie de l'ADN de nos toutous. Quand pointe à l'horizon un autre bateau pirate, avec à son bord trois ravissantes petites filles, les chiens pensent avoir trouvé la solution à la famine qui guette. Las! Germaine Didry, Justine Caumont et Fanny Bertin vont en remontrer aux chiens pirates. Et c'est parti pour sept histoires désopilantes, rafraîchissantes à souhait, qui vont faire le bonheur des petits et grands lecteurs. L'humour est décalé, la langue inventive, on chante les Beatles à tue-tête et l'album se termine par un prodigieux pique-nique.
Catherine Pineur, "T'es là Alfred?", Pastel
Avec finesse et une incroyable justesse, Catherine Pineur met ses frêles oiseaux en mouvement vers un monde meilleur. On retrouve avec joie et émotion Alfred et Sonia, rencontrés déjà dans "Va-t'en Alfred". Il y a, bien entendu, beaucoup de fils tissés entre les deux livres. L'audace qui permettait à Sonia de vaincre sa peur d'Alfred dans le premier album sera cette fois encore un moteur pour chacun, amené à se dépasser et à "faire scintiller sa lumière", comme y invite Nelson Mandela dans la citation qui ouvre "T'es là, Alfred?". Deux albums simplement inoubliables.
Audrey Poussier, "Comment ranger sa chambre en 7 jours seulement", L'École des Loisirs
Un manuel parfait de home disorganising: on adoooore le pouvoir de subversion de cet album! Vive Audrey Poussier et son joyeux bazar!
Caroline Solé et Gaya Wisniewski, "Akita et les grizzlys", L'École des Loisirs
Formidable "Akita et les grizzlys" de Caroline Solé, divinement illustré par Gaya Wisniewski! Une épopée à hauteur de petite fille dans la forêt polaire... magique!
Edward Van de Vendel et Marije Tolman, "Petit renard", traduit du néerlandais par Emmanuelle Sandron, Albin Michel
Coup de cœur instantané pour ce "Petit Renard" surgi des cartons de nouveautés de la rentrée. La beauté de sa couverture vous attrape au premier coup d’œil, mélange de raffinement et d’étrangeté: un renard, d’un roux fluorescent, hume l’air des dunes et de la plage, et contemple le gracieux spectacle des oiseaux. Le livre ouvert, l’enchantement ne fait que croître. Beaucoup de douceur, d'émotions et de réconfort dans cet album magique!
2019, une année en bande dessinée
Charles Berbérian, "Charlotte Perriand", Chêne
20 ans après sa disparition, on commémore le génie de Charlotte Perriand: exposition à la Fondation Louis-Vuitton d'octobre à février accompagnée d'un très beau catalogue "Le monde nouveau de Charlotte Perriand", nombreuses publications et notamment cette magnifique bande dessinée de Charles Berbérian. Berbérian s'est attaché à présenter les années japonaises de cette architecte d'une liberté folle qui a dû sans cesse réaffirmer sa place avec vigueur dans un monde cadenassé par les hommes. Ce récit est suivi d'un entretien très éclairant mené par Charles Berbérian avec la fille de Charlotte Perriand.
A. J. Dungo, "In Waves", traduit de l'anglais (États-Unis) par Basile Béguerie, Casterman
Chaque rentrée offre son lot de belles surprises, celle-ci transcendera l’époque. Elle marque autant qu’avait marqué à sa sortie chez le même éditeur en 2004 Blankets de Craig Thompson, celui-ci ayant salué le talent d’Aj Dungo, jeune bédéaste qui signe là son premier album. Mélange plus qu’original d’un récit de deuil et d’une histoire du surf, In waves nous narre avec l’épure d’une ligne ultra claire une chronique amoureuse d’une beauté et d’une mélancolie apaisées et apaisantes.
Simon Hanselmann, "Winter Trauma", traduit de l'anglais par Guillaume et Damien Filliatre Borja, Misma
Megg, Mogg, sans Owl, sont de retour et sont encore plus dans la dèche que dans les épisodes précédents. Il y donc moins de drogue et plus de déprime, un numéro teinté d'ultra mélancolie, la société dans ce qu'elle a de plus cruelle vue par le prisme de l'auteur Simon Hanselmann. Et bravo aux éditions Misma pour le magnifique écrin, c'est un très très bel objet.
Olivier Schrauwen, Ruppert et Mulot, "Portrait d'un buveur", Dupuis
Le grand auteur de bd flamand Olivier Schrauwen couplé au beau duo français Ruppert & Mulot: magnifique! Le portrait d'un pochetron détestable avec une inventivité folle et deux univers très différents qui se mêlent à merveille.
Fabien Toulmé, "L'Odyssée d'Hakim", 2 volumes parus, Delcourt
C'est évident mais on a tendance à l'oublier: les réfugiés ne sont pas "les réfugiés", mais des individus à part entière avec chacun leur parcours de vie, leur histoire, l'endroit qu'ils ont quitté, souvent perdu à jamais. Cette bande dessinée de Fabien Toulmé, prévue en 3 tomes, nous le rappelle et nous le montre très justement à travers l'histoire d'Hakim, parti de Syrie sous les bombes. C'est très très fort.
2019 - oh les beaux livres!
Delphine Brunet, "Les légumes d'hiver", 180°C
On adore la revue 180°C à plus d’un titre: les recettes proposées, la beauté des photographies, le ton décalé et une écriture-bonhomme qui nous tient en haleine depuis bientôt 19 numéros! En cette rentrée, l’équipe de 180°C nous propose un très bel ouvrage cartonné, dans la continuité de la revue, sur un incontournable des festins de fin d’année: les légumes d’hiver. Chacun passe sous le projecteur et amène son lot de recettes bistronomiques. MI-AM!
Cindy Chapelle, "Bras, le goût du jardin", Plume de Carotte
God Save the Cream, "Les festins partagés", Rouergue
God Save The Cream, c’est un resto slowfood d’Ixelles mais c’est aussi un art de la table, de la convivialité, de l’amitié. Ce livre vous propose une cuisine instinctive, saine et généreuse pour vos grandes tablées. Un doux vent parfumé va souffler dans votre cuisine!
"Jardins de chefs", Phaidon
Incroyable éditeur, Phaidon ne cesse de nous surprendre et de nous régaler de livre en livre! Enfilez vos bottes, on file ici au jardin pour une visite inédite des potagers des plus grands restaurants du monde. Ensuite, on passe à table: vous allez voir combien la nature inspire les grands chefs! Un enchantement.
Michel Pastoureau, "Jaune, histoire d'une Couleur", Le Seuil