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L'avis d'Anouk :
Carrare est un livre de peu de mots, mais ils portent loin et résonnent longtemps.
On y suit les destinées croisées d'une famille de Pise, d'un berger et d'un jeune Arménien innocenté après avoir passé trois ans en prison pour un crime qu'il n'a pas commis.
Célia Houdart éclaire ces vies d'une lumière miroitante, et donne l'impression qu'au détour d'une rue on a croisé, déjà, ces êtres simples et généreux. La trame de Carrare tient du roman policier, mais sa langue poétique, son ton rêveur et son sens de l'ellipse déploient ce texte bref bien au-delà de toute tentative de classification.
P.O.L., 12,15 €
L'avis d'Anouk :
Assomons les pauvres est un livre hybride, qui mêle à la liberté de la fiction un constat glaçant sur l'accueil réservé par l'Europe aux migrants qui y cherchent refuge.
Shumona Sinha y raconte le parcours d'une jeune Indienne installée en France depuis longtemps déjà et devenue interprète pour ses compatriotes demandeurs d'asile. Confrontée à la peur, au mensonge, à la manipulation, elle ne sera bientôt plus qu'un maillon prenant part, à sa petite échelle, à la violence du monde. Son monologue est aussi la quête d'une femme qui cherche à tâtons sa place dans une langue, une culture, un pays qui ne sont pas ceux où elle a grandi.
Avec ce livre tendu et habité, Shumona Sinha jette un regard acéré sur l'état de notre monde.
Editions de l'Olivier / Points, 14,20 € / 5,70 €
L'avis d'Anouk :
En tournant un documentaire sur un sans-abri, un cinéaste croise son compagnon de squat, Sam Montana-Touré. Perdu dans les méandres de la folie, celui-ci se prend pour un Indien et se fait appeler Cheyenn. Peu de temps après la fin du tournage, le cinéaste apprend que Cheyenn vient de mourir, assassiné dans d'étranges circonstances. Naît alors le projet d'un second film, consacré cette fois à récolter les traces qu'a pu laisser la vie de cet homme aux abois, habité par un destin qui semblait trop grand pour lui.
François Emmanuel retrouve avec Cheyenn des thèmes chers à son oeuvre, l'exploration de l'à-côté, de la marge, de la folie qui rôde aux portes de toute vie. Comme dans jours de tremblement, son précédent roman, il donne la parole à un cinéaste, et ce dispositif met au coeur du roman la question du regard - un regard qui n'est jamais en surplomb mais accompagne avec pudeur et respect une humanité perdue.
De livre en livre, François Emmanuel explore l'opacité au coeur de toute vie. Avec Cheyenn, texte intense et habité, il démontre une fois encore la puissance de son écriture, dans son apparente simplicité, pour dire les maux de notre société.
Seuil, 14,20 €